Bosch // Saison 1. 10 épisodes.
BILAN
Le charme de Bosch vient de son côté suranné. On a l’impression qu’elle vient d’un autre temps et pourtant, elle cherche réellement à nous plonger dans la modernité de notre monde actuel. Mais il faut dire que le héros date des années 90. En effet, créé par Michael Connelly, également à l’origine du script du pilote de Bosch (et accessoirement présent en tant que consultant afin de s’assurer que la série garde le sens qu’il a voulu donné au personnage dans son livre). C’est Eric Overmyer, connu pour avoir managé The Wire ou encore Treme qui s’occuper de showrunner la série à sa façon et l’on retrouve là aussi le charme des séries de David Simon avec cette ambiance de polar. On sent aussi que Bosch réfléchit comme un homme qui ne fait pas partie de notre temps, permettant encore une fois de jouer la carte de l’originalité. Dans un paysage de séries policières qui se ressemble, celle-ci revient à une formule que les séries américaines ont oublié depuis un bout de temps mais que l’on peut retrouver encore au cinéma. Titus Welliver (Lost) est d’ailleurs excellent dans ce rôle alors que son personnage lui colle à la perfection.
Bosch a également le charme d’une série très écrite. On sent qu’il y a quelque chose de très littéraire derrière le héros. C’est probablement l’un de ses plus grands atouts et tout au long de la saison, le personnage gagne en caractère et donc en surprises. Tout n’est pas parfait, notamment car il y a aussi quelques trous d’air dans le script mais l’ensemble impose le charme d’un héros de la pop-culture américaine et je parle bien évidemment de Michael Connelly. Ses romans font partie intégrante de la pop culture et le personnage de Bosch représente plutôt bien cet édifice qu’il a bâti au fil de ses romans et des années. De nombreux romans de Connelly ont été adapté au fil des années (La Défense Lincoln, Créance de Sang), avec plus ou moins de succès mais Bosch est la première adaptation de ses romans dans laquelle il s’implique autant. Avec cette série il nous offre sa vision de Los Angeles, sa vision d’une ville avec un visage très sombre où tout le monde est un tueur potentiel, où tout le monde peut être un danger pour quelqu’un d’autre et où la hiérarchie de la loi et de l’ordre se bat constamment pour garder son boulot et survivre.
Avec la prestation de Titus Welliver, on retrouve un héros taciturne, un homme d’action qui préfère travailler à sa propre vie personnelle qu’il a complètement sacrifié (séparé de sa femme, il a une fille qu’il ne voit que très rarement, sans parler de sa relation avec Julia) pour dédier sa propre vie à son boulot. Bosch est quelqu’un qui semble ressembler énormément à son créateur, ne serait-ce que pour la maison qu’il s’est acheté à Beverly Hills grâce aux droits d’une affaire qu’il a mené vendu au cinéma. Bosch est aussi impulsif. C’est un excellent détective, tout le monde a besoin de lui, mais personne ne semble vouloir le reconnaître. Peut-être car justement Bosch aime trop son boulot. Mais de là à tout faire, trahir tout le monde, afin de le sauver, ce n’est pas trop sa philosophie. Au fil des épisodes on suit alors plusieurs intrigues diverses et variées et notamment celle de Raynard Waits incarné par Jason Gedrick (Luck, Desperate Housewives). Jason Gedrick est d’ailleurs le parfait ennemi pour Bosch que ce dernier va passer son temps à chercher durant une bonne partie de la saison.
Au travers d’une narration noire mais aussi minutieuse et prenant son temps (certainement hérité de David Simon par Overmyer, le showrunner de Bosch), la série se révèle petit à petit et nous fait alors découvrir toutes les parties du héros à sa façon. Le but n’est pas de tout balancer d’un coup d’un seul mais d’y aller avec parcimonie et cela fonctionne merveilleusement bien. Le résultat est d’ailleurs tellement surprenant que je ne m’attendais pas du tout à apprécier autant cette première saison. Je me souviens encore du pilote, pas mauvais mais pas aussi mémorable que j’aurais probablement aimé qu’il ne soit. Puis au fil des épisodes (et après avoir revu le pilote dans mon binge-watching), je n’ai pas pu m’arrêter de regarder. La série n’a hypnotisé par le spleen visqueux d’un Los Angeles très sombre. On n’a rarement l’occasion de voir un tel Los Angeles à la télévision. La seule série actuelle qui utilise le même grain, la même vision de la ville, c’est Ray Donovan. Bosch a donc réussi à trouver une formule qui fonctionne alors que l’on enchaîne les épisodes et que le tout prend une forme assez jouissive. Bien entendu qu’il ne faut pas avoir peur des séries policiers sombres et un peu lentes. Mais il y a une vraie quête là dedans.
Bien que cela ne ressemble pas au premier abord à CSI par exemple il y a pourtant des choses que l’on retrouve dans les deux séries et notamment ce goût pour le sombre et le lumineux à la fois. Les lumières dans Bosch ne sont pas les néons, c’est souvent un couché de soleil, ou l’aurore. C’est souvent une lumière tamisée mais froide. Il n’y a pas les couleurs chaudes que l’on pourrait imaginer trouver à Los Angeles. Non, c’est même l’une des choses qui rend aussi Bosch si originale. La série parvient à capturer Los Angeles de façon intelligente. Rien que l’ouverture du premier épisode annonce tout de suite le ton. La façon dont tout est mise en scène aide beaucoup bien entendu mais la vision de Los Angeles. Après 10 épisodes, je n’ai qu’une envie c’est en voir encore un peu plus. Car comme un bon roman de gare (comme beaucoup des romances de Connelly) c’est une histoire qui s’enchaîne et qui demande simplement à être dévorée. On enchaîne les épisodes sans se poser de questions. Une saison 2 ne serait pas de trop en espérant que Amazon m’entende car ce serait amplement mérité.
Note : 7.5/10. En bref, une série policière qui se dévoile au fur et à mesure dans un Los Angeles que l’on a rarement l’occasion de voir à l’écran.