16 février 2015
Et si je me suis pas mal planté sur le reste des pronostics (j'avais pas forcément misé sur Boyhood, qui a reçu le GG du meilleur film et qui pour ma part, m'avait laissé plutôt sceptique), j'ai eu tout bon, aussi paradoxal que cela puisse paraitre(je suis moins calé en série qu'en ciné, du moins je me plais à le penser) sur les pronostics concernant la meilleure série dramatique et la meilleure actrice.
Pourquoi, me diriez vous ? Tout simplement parce que je suis un vrai fou de la série qui a remporté le Golden Globe de la meilleure série dramatique, The affair et que contrairement à la plupart des blogueurs ciné je n'ai pas vu True détective, son conçurent évident, et du coup forcément j'avais cité cette série et Ruth Wilson en meilleure actrice et j'ai été forcément ravi de voir qu'ils ont décroché ces deux récompenses.
Car, comme je l'avais dit au début de mon article sur Broadchurch, l'autre série coup de cœur de cette fin 2014, j'ai énormément aimé The Affair, dont le dernier épisode a été diffusé sur Canal plus séries (en H USA+24) le 30 décembre dernier.
Je vous l'ai rappelé encore récemment dans ma chronique de Félix & Meira, moi, les histoires de couple qui font et se défont, j'adore cela, mais je reconnais le procès d'intention qu'on leur fait souvent: on en a vu des milliers de fois au cinéma et à la télévision et il est trop difficile d'apporter du neuf et de surprendre en la matière.
Sauf que pour "The affair",- outre le fait que la peinture de ces relations de couple, qu'ils soient adultérins ou non, est extrêmement juste et bien vue- le thème de l'infidélité est clairement traité sous un angle original, et qu'on a rarement vu avant dans un film ou une série.
En effet, le concept est assez novateur puisque chaque épisode est séparé en 2 parties, la même histoire mais selon le point de vue (qui varie parfois assez radicalement) de Noah et d'Alison.
On pense fortement au Rashomon de Kurosowa, un des tous premiers cinéastes à avoir inventé ce concept de la même scène sous l’angle de plusieurs personnages, un procédé souvent utilisé dans pas mal d’œuvres, mais rarement à aussi bon escient qu’ici.
Les deux personnages principaux racontent à tour de rôle leur perception des évènements qui ont eu lieu, et l'on se rend alors compte des divergences énormes entre les deux façons de voir l’histoire, nous passons de la version de l’un à celle de l’autre, en se demandant sans cesse quelle version est la plus proche de la réalité. Divergences délibérées ,car l’un aurait plus intérêt que l’autre à mentir, ou simple différences narratives liées à des perspectives de la réalité ?
On s’interroge là-dessus pendant toute la durée de la série (et je ne vous dit pas si cela est résolu à la fin ou pas), mais ces interrogations constantes tiennent sans cesse le spectateur en éveil, en faisant pas mal un témoin direct et actif de l’intrigue qui se joue devant lui.
Outre ce procédé narratif audacieux, la conduite du récit repose également sur une fort belle maitrise des flashbacks. On alterne sans cesse entre des scènes sur le début de cette relation, un été dans une cote balnéaire des USA, et celles du présent, essentiellement des scènes d'interrogatoire menées par un inspecteur un peu étrange, et qui interroge en alternance Noah et d'Alison.
Très progressivement, on apprendra au fil des épisodes qu’une personne de l’entourage des deux protagonistes est morte dans des circonstances mystérieuses, et là encore, le spectateur se pose des questions sur le degré d’implication de nos deux tourtereaux dans cette histoire criminelle.
Au gré des 8 épisodes, ce volet plus policier devient de plus en plus concret et passionnant, sans pour autant mettre empiéter sur le drame qui se joue entre les deux couples atteints par l’adultère. Les créateurs de The affair parviennent à atteindre un bel équilibre entre tragédie conjugale et enquête policière, on jongle de l’un à l’autre sans aucune fausse note, avec un intérêt qui ne faiblit jamais.
La série ne serait pas aussi réussie sans un casting au diapason et à ce titre les deux acteurs principaux sont assez prodigieux et superbement choisis. Ruth Wilson n’a pas volé son Golden Globe de la meilleure actrice dans une série dramatique tant elle est bouleversante dans ce rôle d’une jeune provinciale touchée il y a peu par une tragédie intime (que je ne dévoilerai pas) et qui réapprend à vivre grâce à cet amour inattendu.
Et dans le rôle de Noah, Dominic West (que je n’ai pas vu dans "The Wire", mais que j’ai beaucoup aimé dans un petit rôle dans Pride le récent feel good movie anglais crève aussi l’écran avec un charisme et une intensité de jeu qui sied totalement à ce personnage de Noah, constamment tiraillé entre les affres de la passion et celles de la raison.
Mais les rôles secondaires sont également particulièrement soignés, que ce soient Maura Tierney en légitime bafouée, ou bien encore Joshua Jackson oublié depuis son rôle (oubliable) Dawson, épatant dans le rôle de Cole, le mari d’Alison qui apparait au départ bourru et sans cœur et qui va gagner en émotion et en humanité au fil des épisodes.
Car, et c’est aussi la grande force de la série, aucun des personnages n’est jamais condamné, tous ont à un moment ou un à un autre un moment de bravoure à défendre dans lequel ils montreront une facette bien plus riche que l’image qu’on pouvait avoir d’eux au début de la série…
C’est le sel de toutes les grandes séries de réussir à développer des personnalités complexes et évolutives et dans ce sens "The Affair" ne déroge jamais à la règle. Les personnages de "The affair" sont pratiquement tous remplis de mélancolie, de rêves brisés, de non dits et de mystères et toutes ces dimensions contribuent pour moi en la grande richesse de cette exceptionnelle série que je vous recommande sans la moindre hésitation.
The Affair - Chronique Série Télé par la blogueuse Mademoiz'elle