Pour appréhender l'Ukraine et les crises qu'elle rencontre aujourd'hui avec la volonté de Poutine de reconstituer par étapes l'empire Russe ou l'Union Soviétique il faut se pencher sur son passé tumultueux du siècle dernier alors qu'elle fut martyrisée par la famine organisée de 1931/1932 ( génocide que les ukrainiens désignent sous le terme de Holodomor ) et l'envahissement en 1942 par les troupes nazies et leurs nouveaux crimes de masses, l'extermination des juifs ( Shoah )... "Terres de sang" est l'expression employée par l'historien américain Thimoty Snyder pour nous raconter l'histoire de ces territoires entre Pologne et Russie occidentale, qui ont connu l'horreur des massacres commis par les régimes nazis et soviétiques de 1933 à 1945. Un déferlement de tueries exécutées par deux totalitarismes. Entre 1939 et 1941, Hitler et Staline, menèrent de concert un anéantissement de masse. Sur cet espace compris entre la Pologne, l'Ukraine et la Biélorussie,14 millions de victimes furent affamées sur ordre, tuées ou gazées par l'affrontement de ces deux systèmes dont ne peut dissocier dans l'horreur.
Parlant du conflit actuel avec des amis de Brovary, en me dirigeant vers Kiev il y a cette forêt qui borde la route et qui toute paisible dissimule les forfaits des polices politiques qui des années durant exécutèrent au plus profond de ces bois des milliers de victimes innocentes, il y a également Babi Yar, quartier de Kiev, où furent assassinés par les nazis et leurs collaborateurs locaux principalement le 201e bataillon Schutzmannschaft, les 29 et 30 septembre 1941, 33771 personnes, il y a ces crimes qui signent le martyr de l'Ukraine.
Une Ukraine aujourd'hui jeune qui a ouvert une page nouvelle de son histoire après l'écroulement de l'empire soviétique et qui avec difficulté fait l'apprentissage de la démocratie, de l'autonomie politique et qui voit se ternir à l'Est son horizon convoité par l'appétit de Poutine. Au cœur des enjeux européens l'Ukraine est devenue l'otage d'intérêts qui dépassent ses habitants et surtout, je l'ai ressenti vivement redoute les tourments d'un passé si proche.
À Brovary c'est la paix, c'est le soucis du développement qui sont la principale préoccupation des habitants. C'est également leur dignité et leur refus d'être aspirés, d'être happés par le voisin russe qui frappe le visiteur. J'ai été pris plusieurs fois à témoin pour relater cette aspiration lors de mes rencontres. Je reviens les yeux ouverts avec cette prodigieuse envie de consolider les liens entre nos deux villes: Fontenay-sous-Bois et Brovary.