« La Formule préférée du professeur » raconte l’histoire d’une aide ménagère qui est engagée chez un ancien professeur de mathématiques. Suite à un accident de voiture, la mémoire de ce dernier s’est bloquée en 1975 et ne dispose plus que d’une autonomie de quatre-vingts minutes, pas une de plus.
La narratrice est cette jeune aide ménagère qui, chaque matin, doit à nouveau se présenter à cet employeur qui ne dispose d’aucun souvenir de la veille. Malgré cette barrière, la femme et son fils de dix ans parviennent à tisser des liens d’amitié avec le vieil homme. Au fil des pages, ce huis-clos invite le lecteur dans l’intimité d’un petit pavillon vieillot au bout d’un jardin, où trois personnages vont parvenir à aller au-delà d’un handicap qui paraissait pourtant insurmontable et réussir à bâtir une relation de confiance émouvante.
En manque de repères depuis son accident, perdu dans un monde dénué de souvenirs proches, le vieux bonhomme se raccroche comme il peut aux chiffres et passe ses journées à résoudre des problèmes de mathématiques. Progressivement, la jeune femme parvient néanmoins à sortir le vieux professeur de cet univers rythmé par les nombres premiers, les logarithmes et les théorèmes en tous genres. Son fils, surnommé Root par le professeur à cause de son crâne aussi plat que le signe de la racine carrée, sert de catalyseur à cet échange entre les trois personnages.
Au fil de non-dits et de petites touches de quotidien, Yoko Ogawa livre un roman intimiste et débordant de tendresse. L’auteure ne parvient pas seulement à nous émouvoir avec les petites choses du quotidien, elle parvient également à nous montrer la beauté cachée des mathématiques. Des nombres parfaits à ceux qui sont amis, en passant par la formule préférée du professeur, le lecteur se retrouve embarqué dans un ballet gracieux de chiffres et, au-delà de la complexité des liens étranges qu’ils semblent tisser, il finit par en apprécier la beauté. Déclamant chaque formule comme un brin de poésie cachant une vérité absolue, Yoko Ogawa rend hommage à la magie des mathématiques.
Un récit intimiste et poétique, plein de tendresse et d’humanité… le genre de lecture qui fait du bien !