Les Merveilles // De Alice Rohrwacher. Avec Maria Alexandra Lungu et Sam Louwyck.
Grand Prix lors du dernier Festival de Cannes, j’attendais Les Merveilles au tournant. J’avais envie d’être surpris par l’histoire de ce film qui avait tout d’un OVNI nous parlant d’une région de l’Italie que l’on n’a pas la chance de voir souvent au cinéma. Alice Rohrwacher revient après le très intéressant Corpo Céleste (qui n’a pas eu l’honneur d’une récompense mais qui était nommée pour la Caméra d’Or lors du Festival de Cannes 2011. Après avoir vu Les Merveilles, je dois m’avoué réservé. C’est un film avec une jolie histoire, entre le constat social et la fantaisie douce sauf que quelque chose ne collait pas totalement entre le film et moi. Il y a de très beaux moments, très poétiques, qui viennent illuminer certains personnages comme Gelsomina au travers de la relation qu’elle va tisser petit à petit avec Martin, le jeune délinquant. Le film est assez troublant dans le sens où il nous raconte tout un tas de choses sans réellement prendre le temps de les délier correctement. Comme dans la cuisine, je pense que tout film a besoin de découper son récit et de raconter les choses selon les codes qu’il se donne. Sauf que Les Merveilles manque justement de ces codes et de ces surprises.
Dans un village en Ombrie, c’est la fin de l’été. Gelsomina vit avec ses parents et ses trois jeunes sœurs, dans une ferme délabrée où ils produisent du miel. Volontairement tenues à distance du monde par leur père, qui en prédit la fin proche et prône un rapport privilégié à la nature, les filles grandissent en marge. Pourtant, les règles strictes qui tiennent la famille ensemble vont être mises à mal par l’arrivée de Martin, un jeune délinquant accueilli dans le cadre d’un programme de réinsertion, et par le tournage du « Village des merveilles », un jeu télévisé qui envahit la région.
Ce qui est appréciable c’est que l’on retrouve le style d’Alice Rohrwacher dans Les Merveilles à mi-chemin entre l’esprit documentaire et un drame familial, sans parler qu’il y a cette fantaisie douce et gracieuse qui apporte probablement la touche nécessaire à Les Merveilles pour sortir un peu des carcans qu’il se donne. L’émission de télévision est donc une façon de libérer le film et de lui offrir quelque chose de beaucoup plus intéressant. Car le style de ce film ne manque pas d’originalité mais ce qui me déçoit c’est le fait qu’il ne semble pas chercher à nous surprendre au delà de ce qu’il installe dès le départ. Prenons l’exemple de l’apiculture. Il y a de bonnes idées (le danger de laisser ses filles seules dans le laboratoire, le boulot monstrueux mais aussi la beauté des abeilles, etc.) mais tout cela n’est pas suffisamment creusé. On sent que Alice Rohrwacher veut faire quelque hsoe de légèrement documentaire mais j’aurais probablement apprécier que ce charme du documentaire soit exploité de façon un peu plus intelligente et que cela permette au film de sortir un peu de sa petite mécanique bien installée.
Reste aussi le côté d’un autre temps, comme si cette famille n’était pas de notre temps et qu’elle vivait à une époque qui n’est pas la notre. On retrouve aussi ce côté suranné dans l’émission de télévision kitch au possible animée par une Monica Bellucci complètement perchée. J’ai adoré cette dernière bien que son personnage ne serve pas à grand chose. C’est un autre regret que j’ai vis-à-vis de ce film, le fait que finalement il manque cruellement de profondeurs sur tout un tas de choses pourtant intéressantes qu’il introduit. Le Pays des Merveilles est l’une de ces bonnes idées qui aurait pu fondre dans l’onirisme le plus décontracté dans un monde de brut. Car mine de rien, le quotidien de cette famille est loin d’être enviable. Ils ont une vie de liberté mais aussi de contraintes qu’ils ne peuvent plus satisfaire. Finalement, dans Les Merveilles il reste aussi les paysages magnifiques de l’Ombrie. On n’a pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour trouver des paysages dépaysants et c’est ce que veut nous démontrer ce film qui véhicule un vrai message mais qui n’arrive pas totalement à nous convaincre par le manque de maîtrise du récit.
Note : 6/10. En bref, un joli film auquel il manque de la profondeur.