David, Le Sacre de Napoléon Rappelons les faits, d’abord, à ceux qui auraient oublié que nous devons à la Corse le Code Civil, Austerlitz, la Bérésina, le GR 20 et des fromages tellement puissants que pour faire fuir les fonctionnaires d’Etat, les indépendantistes insulaires y gagneraient à les poser, bien inaccessibles, dans les doubles plafonds des administrations à la place des bombes. En plus, ils pourraient récupérer les locaux, après évacuation et désinfection. Donc, le 2 décembre, c’est d’abord en 1804 que ça se passe, le jour où le premier consul Bonaparte se fait sacrer empereur, après avoir fait déplacer le pape, histoire de bien montrer qui est le chef. Un sacré jour : imaginez un peu la quantité de petits fours nécessaires pour nourrir tout ce monde. Cela expliquerait la taille du tablier de cuisine que traîne Joséphine. Seulement, il aurait fallu lui expliquer que c’est devant, que ça se porte, un tablier de cuisine. Sinon, ça ne sert à rien. Le 2 décembre toujours, c’est aussi, en 1805, la fulgurante victoire restée dans l’histoire comme le « Soleil d’Austerlitz ». Mais le 2 décembre, c’est aussi la date que choisit le neveu de Napoléon 1er en 1851 pour imiter son auguste césar de tonton : pourtant élu président de la toute jeune seconde république née en 1848, après 33 ans de Restauration de la monarchie qui succéda à la chute de l’Empire ("Waterloo, morne plaine"), il s’octroie les pleins pouvoirs par un coup d’Etat qui fonde le Second Empire en 1851. Napoléon III règnera ainsi jusqu’à la défaite de Sedan, en 1870. Le XIXème siècle français est d’un comique ! En moins de cent ans, de 1789 à 1871, de révolutions en insurrections, ce ne sont pas moins de dix régimes politiques qui se succèdent, claquant les portes du pouvoir avec la même frénésie qui anime les maris jaloux dans les mauvais vaudevilles. Du haut de leur monarchie constitutionnelle multiséculaire, les Anglais peuvent rire.
Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 27 novembre 2009