Aimer c'est aussi savoir se séparer

Je regardais les actualités hier soir, ils parlaient de ce bateau l'Ezadeen en perdition avec à son bord 360 syriens fuyant tant le régime de Bachar al-Assad que les exactions des jihadistes. L'équipage a abandonné le navire en pleine mer avec les moteurs bloqués à pleine puissance. Des conditions de voyage épouvantables. 6000 dollars pour monter à bord, autant dire une fortune. Certains ont pu payer "leurs billets" pour toute leur famille mais parmi ces passagers, 8 mineurs âgés de 7 à 15 ans voyageant seuls. 7 ans ! Leurs parents se sont sacrifiés pour leur offrir le droit d'une vie meilleure, pour leur sauver la vie. Et depuis hier soir, je m'interroge, j'imagine me séparer de mes enfants, les faire monter sur un bateau vers une destination inconnue, avec des inconnus, dans un pays inconnu avec tous les risques que cela comporte. Moi qui tremble quand ils jouent dehors et qu'ils ont à peine 5 min de retard !Le risque de ne plus jamais les serrer dans mes bras, les embrasser. Mais à leur place qu'aurais-je fait ? Rester ensemble et risquer de mourir ensemble ? Ou prendre le risque et avoir le courage de les faire monter sur ce bateau pour leur offrir un avenir ? Difficile à dire, mais je pense et j'espère que j'aurais fait pareil car parfois aimer c'est aussi savoir se séparer...Mais ce soir, j'ai une pensée particulière pour ces parents qui ont l'espoir qu'au moins leurs enfants seront épargnés, l'espoir qu'ils pourront avoir une vie quotidienne sans peur, l'espoir qu'ils aient rencontré des gens généreux qui pourront les aider, l'espoir qu'ils puissent aller à l'école, l'espoir qu'ils puissent avoir une vie heureuse et l'espoir de pouvoir à nouveau les serrer un jour dans leurs bras.
Parfois, il faut simplement savourer le fait de vivre dans un pays en paix...