· La question des effets pour la santé reste posée, les e-cigarettes sont-elles « sûres » ou simplement « plus sûres »? Reste les questions des effets de la nicotine, des arômes et autres ingrédients, de l’expérimentation et d’une passerelle vers le tabac chez les jeunes, et, aussi, des milliards de cartouches et de batteries au lithium jetées dans la nature…
· La réglementation de la mise sur le marché à la distribution reste très insuffisante et » désordonnée « , en cause l’absence de consensus, à fonder sur des preuves scientifiques.
La réalité c’est qu’un nombre croissant d’adolescents essaie ou utilise la e-cigarette et que chez les jeunes son usage est aujourd’hui supérieur à la consommation de produits du tabac, selon ce nouveau bilan américain, issu de l’analyse des données de consommation de plus de 40.000 adolescents, âgés de 12 à 18 ans, participant à la cohorte Monitoring the Future. De tels taux d’utilisation de la e-cigarette chez les jeunes interpelle experts et Autorités sanitaires comme pour leur dire » il est maintenant clair de clarifier ses effets et de prendre position « . Ainsi, le Dr Wilson Compton du National Institute on Drug Abuse (NIDA/NIH), qui s’exprimait à la Conférence annuelle de l’AAAS (Association américaine pour l’avancement des sciences) confirme : » C’est un signe d’alerte précoce, et non la fin de l’histoire « .
Car il faudra trancher entre 2 positions, celle en faveur du potentiel de la cigarette électronique à améliorer la santé publique en contribuant au sevrage tabagique, et celle qui rappelle que la e-cigarette contient aussi des centaines de produits chimiques nocifs et que ces effets néfastes restent encore à découvrir.
Les chiffres d’usage chez les jeunes sont parlants (Voir infographie ci-contre):
· 8,7% des jeunes de 14 ans avait fumé au moins une e-cigarette dans le mois précédent.
· Chez les 16-18 ans, c’est le cas de 16,2% et 17,1% respectivement.
· Alors que 4% des 14 ans, 7% des 16 ans, 14% des 18 ans, seraient fumeurs de cigarettes classiques.
La première analyse des données de l’étude, effectuée au printemps 2014 constatait que 36%, 30% et 21% (respectivement) des 14, 16 et 18 ans ayant expérimenté l’e-cigarette dans le mois précédent, n’avaient pas expérimenté le tabac. Les auteurs de l’étude se disent naturellement préoccupés par cette nouvelle voie d’exposition (et de dépendance possible) à la nicotine, l’adolescence étant de plus reconnue comme une fenêtre critique.
Enfin, les experts peut-être les plus sages, reconnaissant l’adolescence comme période d’expérimentation, jugent préférable d’expérimenter avec l’e-cigarette, tout de même reconnue comme beaucoup moins addictive.
3 questions essentielles auxquelles il faut maintenant répondre: Ce sont celles du Dr Wilson Compton, du NIDA, qui présente ces différents chiffres et résume ainsi les enjeux scientifiques:
· l’effet récompense de la nicotine dans la dépendance à la e cigarette vs aux produits du tabac ;
· l’importance de l’adolescence comme période de risque unique pour le développement de la dépendance à la nicotine, prenant en compte l’exposition moyenne à cette période de la vie ;
· la façon dont la e-cigarette ou un système de délivrance électronique de la nicotine peut réduire l’utilisation des produits du tabac ou, a contrario, être une porte d’entrée pour les non-fumeurs ou encore une béquille dangereuse perpétuant la consommation du tabac chez les fumeurs actuels.
Ses conclusions sont bien évidemment : On n’en connaît pas assez sur les e-cigarettes et leurs impacts possibles sur la santé. Des recherches supplémentaires sont actuellement en cours et il devient urgent d’éclairer cette grande question de santé publique afin de pouvoir mettre en œuvre une vraie politique de santé.
Source: AAAS 2015 13 February 2015 E-Cigarettes: Killing Me Softly or Our Greatest Public Health Opportunity?
Understanding Nicotine Addiction and Its Brain Reward Systems