Des grès coréens

Publié le 13 février 2015 par Detoursdesmondes


La galerie Aethiopia sort des sentiers battus pour Paris Tribal 2015 en présentant de très belles poteries coréennes.
Celle-ci fournit des précisions sur cet art de la poterie en Corée qui nous est encore méconnu :
"L'usage de l’argile remonte à l'époque néolithique (6000 à 5000 av.J.C.), les poteries sont poreuses et cuites à faible température, environ 700°C. À l’époque de l’âge du fer, vers 300 av.J.C, le tour du potier fait son apparition, les formes deviennent plus sophistiquées, les poteries à pied font leur apparition.
La période des Trois Royaumes (-57 - 676) voit la création de fours clos permettant d’obtenir une température de cuisson supérieure et donc des poteries plus résistantes et des teintes différentes dû à la combustion sans oxygène : les Yongil au ton brun rappellent les poteries de l’âge de fer et les Wajil, à la teinte bleue-grise annoncent les céladons.


Puis avec la dynastie Silla unifié (668-935), plusieurs changements font leur apparition : les récipients à couvercle se font plus populaires et les pieds des récipients deviennent plus courts. Des bouteilles et des flasques à long cou font leur apparition. De par la nouvelle influence du bouddhisme, les urnes funéraires deviennent populaires. Les céladons (une influence chinoise) font véritablement leur apparition.
La période Koryo (918-1392) est considérée comme l'âge d'or de la céramique en Corée. Les pots ont des lignes très pures, la sophistication des décors (dessins de feuillages, formes géométriques, poissons et insectes stylisés, peints ou gravés sur le corps de la terre) témoignent du style de vie raffiné et du goût recherché du clergé et des nobles de cette époque. Les Coréens étaient fascinés par la profondeur et la transparence de l'émail céladon, par la subtile couleur bleu- vert qui recouvrait la très grande majorité des pièces. Il existait parallèlement une production de porcelaines blanches.
Durant la dynastie Joseon (1392-1910), connue également sous le nom de dynastie Yi, la poterie Coréenne est produite à une grande échelle commerciale et est exportée. La qualité de la poterie s’est également considérablement améliorée. Et comme pour les précédentes périodes, on trouve toujours des poteries de stockage (de couleur brun, noir), des céladons, des porcelaines blanches…"


Quelle est la particularité de la céramique Coréenne ?
"Les céramiques changent de forme, de style, suivant les périodes de fabrication, les régions où elles sont créées, les mains des artisans et surtout suivant les nouvelles techniques acquises. Mais pour ceux qui s’intéressent à la beauté de la céramique asiatique, on peut différencier les pièces Chinoises, Japonaise et Coréennes :
Les pièces Chinoises sont généralement plus grandes et plus colorées, les Japonaises plus sophistiquées, délicates (plus Yin), alors que les Coréennes ont une beauté discrète et naturelle, parfois plus brute (Yang)….
Quel que soit le style des pièces, l’excellence de la poterie Coréenne est reconnue bien au-delà de ses frontières ; celle-ci a captivé à tel point les esprits des Japonais qu'elle a profondément influencé leur sens esthétique et même modifié, à plusieurs reprises, l'histoire de la céramique dans l'archipel. L’exemple le plus frappant est l’invasion Japonaise de 1592 – 1597 en Corée est également connue sous le nom de « guerre des potiers ». Cette guerre laissa la péninsule Coréenne dans un tel état de dévastation que de nombreuses années de misère et de disette s'ensuivirent.


Les chefs de l'armée Japonaise emmenèrent de force de très nombreux potiers, ainsi que leurs familles, afin de produire, sur place, les poteries dont ils possédaient les secrets techniques et esthétiques.
Les potiers y étaient alors considérés avec respect, et le produit de leur travail fort estimé. Ils introduisirent au Japon les fours à plusieurs chambres, de grands progrès techniques (ils permettaient un meilleur contrôle de la température de cuisson) et les tours à pieds plus efficaces que les tours manuels utilisés alors par les Japonais. Le nombre de potiers Coréens installés au Japon a dû être considérable.
L'exemple le plus significatif est celui des 80 potiers capturés après la sanglante bataille de Namwon, et emmenés avec leurs familles dans la région de Kagoshima (à l’extrême pointe sud du Japon) où ils fondèrent la tradition de la célèbre céramique de Satsuma (la ville de Kagoshima représente, depuis le XVIe siècle, l'un des hauts lieux de la céramique Japonaise. Les potiers Coréens étaient placés sous la protection du clan Satsuma, d'où le nom donné à ces céramiques, dont les premières furent réalisées avec des matériaux importés de Corée, (terre et couverte). Ces artistes Coréens ont gardé leur langue et leurs coutumes malgré des siècles d'implantation en terre étrangère.


Photos et texte : Courtoisy Galerie Aethiopia - 23 rue Guénégaud - 75006
Bouteilles à alcool – Corée, dynastie Koryo, Xe siècle. Grés. Hauteur : 14 cm, 8 cm, 17 cm, 9 cm, 12cm.