Face aux vents irrationnels de l’anti-européanisme primaire, certaines
personnalités très compétentes cherchent à montrer en quoi l’union des pays européens est concrètement une avancée pour les cinq cent millions de citoyens européens.
Après une maîtrise de droit, Frédéric Péchenard est devenu commissaire de police à l’âge de 24 ans, en 1981,
puis il a gravi tous les échelons de la hiérarchie policière, notamment en section anti-terroriste, avec le grade de commissaire divisionnaire en 1996 (il avait alors 39 ans) pour atteindre le
sommet : directeur général de la police nationale du 11 juin 2007 au 30 mai 2012, avec en même temps une nomination comme préfet hors cadre le 11 mars 2009. En septembre 2011, il avait été
"légèrement" impliqué dans l’affaire Bettencourt à propos d’une décision d’écoute téléphonique pour réagir à une violation du secret d’instruction, mais la justice l’a mis hors de cause de toute
infraction.
Lors de l’arrivée au pouvoir de François Hollande, Frédéric
Péchenard a été froidement "remercié" et placé dans un "placard", nommé pour un an délégué interministériel à la sécurité routière puis, le 4 décembre 2013, "inspecteur général en service
extraordinaire au sein de l’Inspection générale de l’administration". Cela lui a permis de consacrer un peu de temps à l’enseignement universitaire en particulier à Panthéon-Assas et à l’École
nationale supérieure de la police à Saint-Cyr-au-Mont d’Or, mais surtout, de se sentir libre de modifier sa trajectoire personnelle.
Cette absence de mission opérationnelle l’a convaincu de finalement s’engager en politique, d’abord lors des
élections municipales à Paris où il fut élu le 30 mars 2014 conseiller de Paris sur les listes menées par Nathalie Kosciusko-Morizet, dans le dix-septième arrondissement, et aussi à l’UMP dont il a pris la carte en juin 2014 pour
diriger la campagne interne de Nicolas Sarkozy pour la présidence de l’UMP en automne 2014 (à partir du 20 septembre 2014) et enfin, depuis le 9 décembre 2014, pour devenir le directeur général
de l’UMP.
Connaissant par expérience parfaitement le thème de la sécurité, Frédéric Péchenard est déjà considéré par
certains journalistes comme un futur Ministre de l’Intérieur en cas de victoire de l’UMP en 2017, ou une sorte de nouveau Claude Guéant pour un Nicolas Sarkozy nouvelle version.
Et c’est sa compétence sur le fonctionnement de la police et la recherche des délinquants et des criminels
qui rend Frédéric Péchenard naturellement partisan de la construction européenne. Invité de l’émission
politique "Preuve par 3" le mardi 10 février 2015 sur Public Sénat, il a ainsi rappelé l’importance du
rôle d’Europol dans la lutte contre le banditisme.
Avant la coopération européenne, un trafiquant qui passait avec sa marchandise en Espagne était protégé de la
police française, et lorsqu’il arrivait aux Pays-Bas pour la vendre, pareillement, la police française ne pouvait rien faire et les procédures pour une coopération internationale étaient
tellement longues et compliquées que le trafiquant (qui lui, a depuis longtemps compris l’intérêt de la mondialisation) passait au travers des mailles du filet. Maintenant, un policier français
peut le traquer partout sur le territoire européen.
De même, avant la coopération européenne, un délinquant sexuel en Allemagne pouvait se refaire une virginité
en déménageant de l’autre côté de la frontière, en France. Les fichiers informatiques n’étaient alors pas partagés. Maintenant, un fichier européen permet de centraliser un certain nombre
d’informations sur un certain nombre de condamnés, ce qui renforce l’efficacité de la police en France et donc, la protection des citoyens français, même ceux qui sont contre l’intégration européenne.
Ces petits exemples montrent en tout cas deux choses : d’une part, c’est par des exemples concrets
(avec/sans) que l’on peut (facilement) démontrer, hors de toute passion et hors de tout dogme ou idéologie, l’intérêt de la construction européenne pour les Français, et d’autre part, il est vrai
que des personnalités compétentes, qui ont passé du temps, dans leur carrière, à se confronter aux vrais enjeux et aux vrais problèmes, peuvent beaucoup apporter au débat politique en témoignant
de leur expérience sur le terrain, chose que des "politiciens professionnels" auront plus de mal à appréhender sinon de manière très abstraite.
Aussi sur le
blog.
Sylvain Rakotoarison (13 février
2015)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Europol, l’Europe de la
police.
Nicolas Sarkozy.
La politique européenne.
La construction
européenne.
Europhobie.
UMP, état des lieux ?
http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-europe-c-est-forcement-plus-de-163544