En ce moment, mon peu d'énergie est tout entière consacrée à la relecture à voix haute de mon premier manuscrit. Je relis et relis encore, corrige les fautes, les erreurs de cohérence, améliore le texte pour qu'il coule clair et fluide.
Un travail à la fois fastidieux et laborieux.
Le temps de quelques heures, je mets de côté mes angoisses et mes doutes et focalise tout mon cerveau de grenouille sur des pages et des pages noircies.
Je n'arrive plus à tenir mon blog, malgré les nombreux sujets d'articles que j'ai envie de traiter et partager avec vous. Je ne sors plus faire d'escapades photographiques.
Je me noie dans les mots, et une fois que j'émerge, je me noie dans les craintes et les expectatives.
Mon roman est un gros pavé, plus de 800 000 caractères. Ce n'est que le premier tome d'une trilogie. Même si j'ai déjà attaqué le second, la masse des mots tend à me dépasser, m'écraser. Je ferme les yeux, refuse de regarder le chemin qui reste à parcourir et me concentre sur l'objectif à venir : achever cette dernière relecture et envoyer mon manuscrit à des maisons d'éditions.
Je ne suis pas naïve.
Je connais les difficultés pour transformé un manuscrit en « vrai » livre. Pour l'instant, je tente de limiter mes efforts à la tache immédiate.
Souvent, cependant, je me noie.
Je délaisse tout ce qui n'est pas ce foutu roman.
Dans ma tête, les mots-cailloux s'entrechoquent et s'usent. Se polissent sous le regard. Certains apparaissent soudain étranges et superflus, d'autres prennent leur place et leur sens.
Autour de moi, le poids écrasant de l'eau, lourde et insaisissable.
D'ici le printemps, j'espère, je respirerai à nouveau l'oxygène, les étoiles, les nuages et la sève. Mes poumons se gonfleront d'inspiration et d'espace.
L'apnée ne dure qu'un temps.
Les photos ont été prises en décembre dernier, sur la plage à Nice, à la tombée de la nuit.
Copyright : Marianne Ciaudo