C'est une collègue japonaise qui m'a fait noter ce titre il y a déjà plusieurs années, m'annonçant un superbe classique japonais. Je ne demandais qu'à m'enthousiasmer pour ce texte de Sôseki Natsume, d'autant plus que ça faisait un bail que je n'avais pas lu d'auteur japonais, mais j'en sors plutôt déçue.
Notre narrateur est un jeune chat. Séparé des siens, il entre par hasard chez le professeur Kushami qui l'adopte. Ce professeur de littérature anglaise est objet de curiosité et d'intérêt pour ce chat qui s'étonne de ce qu'est et de ce que fait un humain. Las, Kushami ne fait pas grand chose à part recevoir ses étudiants et papoter avec eux. Parmi ses fidèles, il y a Meitei, toujours prêt à faire des blagues, Kangetsu, doctorant amoureux de la voisine de Kushami, mais aussi son médecin (Kushami a toujours des problèmes de digestion) et quelques autres. Tout ce petit monde se prend très au sérieux. Mais a quelques soucis, notamment avec la position sociale, se croyant au dessus de tout le monde, ou avec l'argent, qui ne rentre pas...
D'autres humains sont présents, la famille de Kushami (sa femme et ses trois filles), sa bonne, les gamins du collège voisin, etc. Et quelques autres chats apparaissent au début du roman. Mais notre chat sans nom se trouve bien vite supérieur à ses congénères qu'il ne daigne même plus visiter ensuite.
Notre petit chat, très pédant, observe ces humains. Son ton détaché souligne la bêtise des hommes et rend ce roman très ironique. Et il est intéressant de découvrir les questions qui secouent le Japon (ou ses intellectuels) au début du XXe siècle, alors que le pays s'ouvre à l'occident. Malheureusement, j'ai trouvé cette satire vite répétitive et lassante ; la deuxième partie m'a semblé traîner en longueur, ressassant les mêmes sujets et les mêmes ressorts, tout en enfermant de plus en plus les hommes dans la caricature.
Dans le même genre, je vous conseille plutôt Les lettres persanes ou Zadig !