La télévision est souvent éteinte dans nos foyers faute de programmes. Entre un documentaire sur la vie des mammifères, la cuisine finlandaise et la téléréalité bis, on ne peut pas dire que la diversité va nous instruire un dimanche après-midi. Un soir, par pur hasard, entre deux recherches, il y a bien eu une petite curiosité télévisuelle apparue depuis Janvier 2015. Nommée Storage Wars, douce émission que l’on pourrait traduire par « La guerre des enchères ».
6Ter le classe, à tort et à raison, dans les « documentaires » de la chaine TNT …
Malheureusement, Storage Wars n’est réservé qu’à une poignée de foyers équipés et dotés des dernières chaines TNT. 6Ter, en l’occurrence, propose chaque Samedi et chaque Dimanche soir à partir de 22h30 un programme à mi-chemin entre le documentaire et le principe de la téléréalité. Pourquoi le Blog La Maison Musée partage les principes de l’émission avec vous ? D’une part, pour démontrer une fois encore que la culture « est partout ». D’autre part, il y a bien un intérêt culturel assez divertissant.
Le profit et la richesse rapide à l’américaine
Les enchères, et chaque épisode en général, sont perçues selon l’idée de profit …
6Ter s’est acheté les droits de diffusion d’une bien drôle d’émission américaine. Ce n’est pas la première du genre mais bel et bien l’une des premières à valoir le détour. Des protagonistes désignés et identifiés sous des pseudonymes (« Le Flambeur », « Le Collectionneur » …) se battent à coup de milliers de dollars tout à fait normaux dans un univers 100% Californien. Disons simplement que la ruée vers l’or d’autrefois a trouvé d’autres voies pour exprimer toute l’effusion normale et justifiée de billets verts.
Les enchères sont ponctuées de scènes de concurrence et de montées des prix. Ce n’est, malheureusement, que peu intéressant. Ou atterrant dans certaines situations et la plupart des sommes astronomiques dépensées.
Chaque transmission a une durée de 20 minutes où l’on peut aisément découper le divertissement en deux temps. La première, l’enchère, apparait scénarisée et n’a pas forcément l’intérêt escompté. Les uns et les autres s’affrontent, dans 90% du temps, à imposer la supériorité d’un groupe sur l’autre. Toutefois, ce côté téléréalité doit prendre en compte quelques données clefs à prendre en compte pour saisir l’intérêt de l’émission : les Etats-Unis et plus particulièrement la Californie se transforme le temps d’une émission en un territoire de boxes à saisir.
Seul le contenu est mis en enchère et fait référence à deux tendances peu éclairées mais clairement dommageables pour les Etats-Unis : en premier lieu, les difficultés à régler les loyers dédiés à ces rangement; en second lieu ou en conséquence des conséquences directes d’une crise économique aux multiples formes. En bref, d’une part à l’autre de la Californie, en fonction des contenus saisis et mis à un prix dérisoire, du moins au début de l’émission, des milliers de profils anonymes transparaissent à travers ces boxes : des individus fortunés, des commerçants, d’anciens collectionneurs, de simples citoyens qui ont rangé les affaires de leur ancien appartement ou les meubles des grands-parents.
Avant toute enchère à la méthode eBay, les règles sont rappelées. Heureusement, les points forts du divertissement se résument à des surprises culturelles. Et ce, à chaque nouveau tournage …
Le « point culture inutile donc indispensable »
Ceci … n’est qu’une paire de unettes pour poules. Et la chose est 100% véridique.
Savoir qu’il ait existé, dans le temps, des lunettes pour poules ou encore que quelques Américains ont, par hasard des flux commerciaux, réussi à acquérir des oeuvres numérotées et rédigées en Français ne changera pas radicalement notre existence. Pourtant, les 10 dernières minutes de chaque épisode forment une sorte de synthèse : chacune et chacun des enchérisseurs découvrent en même temps que le spectateur le contenu du boxe fraichement acquis. Comme le stipule la règle, il est interdit de toucher et d’entrer dans le local de rangement avant son acquisition. Tout comme nos enchères en France à propos de véhicule par exemple, il y a une part de mystère qui décourageront les plus terre à terre d’entre nous.
En général, les plus avisés prennent l’avis de connaisseurs pour estimer le gain de leurs butins. D’autres le jugent de façon autonome. Dans 90% des cas, il n’y a qu’un seul objectif : la revente des articles pour engranger un bénéfice.
Les enchérisseurs désignés et suivis par l’émission se présentent comme des professionnels de l’achat-revente. En somme, s’ils ne disposent pas de leur propre fond; leur activité se confond à celle de l’antiquaire ou du collectionneur. Très régulièrement, si l’épisode ne comporte pas de curiosités, les acheteurs requièrent l’avis de spécialistes pour une seule et bonne raison : combien ça coûte ? Combien ça vaut cher ? Si la vision est très grégaire, l’éclairage des spécialistes synthétise souvent quelques informations inutiles mais souvent bien illustrées et pratiques pour votre culture générale.
Tadam ! Un ancêtre du folioscope ! En outre, en excellent état.Lors de l’estimation, chaque objet est présenté puis contextualisé dans son époque. Le croisement de l’histoire de l’objet, de son usage et de son acquisition fait la réjouissance des trouvailles des uns et des autres. Elle est fonction du profil des anciens acquéreurs : c’est-à-dire d’une variété extrême. Les objets traversent les catégories sociales et les genres pour être soit des pièces d’art intéressantes (Cf. Crâne en bois abstrait trouvé dans l’épisode 24 – Vidéo YouTube), des objets insoupçonnés comme des affiches de cirque ou de véritables raretés … Comme la trouvaille d’un folioscope en excellent état.
Le plaisir des yeux ou l’appréciation d’objets hors du commun constitue un argument. Or, chaque épisode comporte des écueils et des défauts évidents …
La sphère antiquaire et l’idée de se « créer une histoire ».
Seul l’un des participants se présente volontiers comme un collectionneur et ex-antiquaire. Souvent, Mr. Barry Weiss juge bon de ne pas destiner son acquisition à un eBay quelconque ou à une éventuelle revente. En d’autres termes, l’état de l’estimation reste purement personnel et un ordre d’idée qui reste dans la sphère privée. Pour l’ensemble des autres participants, l’estimation est soit faite à l’oeil soit à l’éclairage d’un spécialiste à un seul regard. Il y a bien un malaise dans l’optique de justesse, de bonne évaluation et de valeur(s) réelle(s).
Malgré des efforts de montage, souvent … le contenu frise le ridicule tout comme les estimations, faussement élevées.
Dans 50% des situations, les objets acquis le sont par « leur ancienneté ». Un meuble ancien est de suite estimé à 100 $ minimum; une arme retrouvée avec un peu de poussière est une raison pour y apercevoir un filon de 500 $ … Une règle supplante dès lors toutes les fondations économiques du bon sens : parce qu’une chose est ancienne, est a forcément une valeur qui s’est démultipliée pour sa poussière et ses années. Dans 90% des cas, ni vous ni moi n’oserait miser sur des tarifs si élevés pour des états si discutables. Plus encore : nous serions tenter de voir une réaction plus profonde lorsqu’un objet est facturé « made in United States of America » ou lié aux siècles précédent du continent Américain. Ces boxes et leurs contenus deviennent une manière de s’approprier une histoire assez maigre au regard des siècles de l’indépendance des Etats-Unis.
Les points d’estimation – par les spécialistes – se doublent souvent de mini-extraits documentaires authentiques.
En écho à nos premières remarques, le programme télévision veut marquer les esprits et jouer sur la vague de l’aisance à la dépense. Certes. En oubliant le bien fondé de l’offre et la demande. On pourrait aisément boucler cette boucle sur un exemple tout trouvé sous la forme d’une anecdote de mirage. L’un des participants a réussi à mettre la main sur une console Nintendo NES 001 (Vidéo YouTbe). Génial ! L’un des premiers modèles distribués sur le continent Américain ! L’estimation directe de l’acheteur : « Ca vaut 13 000 $!« . Non seulement l’état était déplorable mais tout simplement impensable en plus d’être indexé sur une enchère record d’eBay. Heureusement, la console ne fonctionnait pas et était sans boite ce qui voue toute vente à l’échec. L’autre problème est bien là : il existe une déformation nette entre l’estimation et la possibilité de revendre certains objets. Pour certains, l’achat d’un vieux stock de Jeans Levi’s vaut une mine d’or. Ce quoi chacun et chacune peut raisonnablement objecter que d’occasions, portés, sales et troués, leur valeur est réduite à une faible demande et donc à un prix quasi nul.
Disponible en replay ou via 6Ter à partir de 22h30 les Samedi et Dimanche soir!
A la question « Faut-il, à tout prix, regarder Storage Wars ? », nous répondrons simplement qu’il faut le saisir comme un divertissement à tendance culturelle. Une fin de soirée parfois amusante et très éclectique étant donné la masse considérable des domaines concernés. Avec, pour bémol assez important et dommageable d’être inexact sur le tarif voulu/souhaité/rêvé des objets acquis. En même temps que Storage Wars est une expression de la crise multiforme qui a frappé les Etats depuis quelques années, il y a aussi un malaise plus profond d’une course à l’antiquité.
Storage Wars est à consulter en Replay, si vous êtes prêt à subir 6 publicités (!) via le site de la chaine. Ou bien, si vous êtes nouvellement ou bientôt bénéficiaire des nouveaux bouquets de chaines TNT gratuites, 6Ter attend votre audience les Samedis et Dimanches à partir de 22h40 – 22h50!