Sperme sacré, le documentaire d’Ori Gruder actuellement projeté dans les cinémathèques de Jérusalem, de Tel-Aviv, ainsi qu’à Londres et aux Etats-Unis suscite de grandes discussions dans le monde juif; il brise le tabou de la masturbation chez les juifs ultra-orthodoxes.
Le réalisateur Ori Gruder, 44 ans et père de six enfants, n’est devenu religieux qu’à 30 ans. Grâce à sa connaissance des deux mondes – laïc et religieux – il présente de façon accessible au grand public les tactiques développées par le judaïsme orthodoxe pour que les hommes résistent à leurs pulsions (le film n’évoque pas la question pour les femmes).
Tu ne répandras pas ta semence en vain
dit la Halacha (loi juive). Oui mais comment? A l’origine du film Sperme sacré, les inquiétudes d’un père, le réalisateur lui-même, qui ne sait pas aborder ce sujet, et la sexualité en général, avec son fils de 10 ans.
Le film est tourné principalement en Israël, et partiellement en Ukraine. Ori Gruder offre une rare plongée dans leur monde, filmant dans des endroits habituellement inaccessibles aux non-religieux: mikvé (bains rituels), salles d’études de yeshivas (écoles religieuses).
Dépassant le seul sujet de la masturbation, il dévoile la profonde ignorance de la sexualité chez les jeunes religieux.
Lors d’une récente séance à Jérusalem, la salle était remplie de spectateurs laïcs. Les ultra-orthodoxes ne vont pas au cinéma, ne regardent pas la télévision ou ne surfent pas sur Internet. Cependant, assure Ori Gruder dans le journal Haaretz, nombre d’entre eux ont téléchargé son film et il circule aussi sur les téléphones portables d’étudiants de yeshivas.