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Le sujet revient sur la table après les évènements du 19 et 20 janvier 2015 à Kinshasa et dans d’autres villes du pays, où le pouvoir a connu une secousse sérieuse avec des manifestations allant jusqu’à appeler au départ du président Kabila pour le vote au parlement de la loi électorale qui a présumé une intention de glisser avec le mandat présidentiel au-delà de 2016.
Pour bon nombre de Congolais, il est temps que Joseph Kabila dévoile réellement ses intentions de manière officielle pour éviter d’embraser le pays. Le faite de dire qu’il va respecter la constitution et qu’en 2016 il n’y aura pas d’hécatombe ne suffisent plus. L’opposition, l'offre quant à elle un cadeau sur le plateau. Elle parle de rassurer la population et d’inscrire son nom dans les annales de l’histoire en devenant sénateur à vie en 2016. Ces propos insinuent aucunes poursuites judiciaires nationales comme internationales face aux prétendues crimes et faits jugés illégaux commis pendant son règne. Joseph Kabila devrait saisir cette opportunité et annoncer dès aujourd’hui qu’il ne sera pas candidat afin de ne pas fragilisé la jeune démocratie congolaise. Chose que Joseph Kabila ne semble pas accepter au vu de multiples tentatives amorcées depuis 2011 au lendemain des élections sérieusement controversées.
Interview de Msg Amongo de la Cenca
Le président congolais aujourd’hui en fin mandat serait un tout petit peu comme orphelin. Pendant qu’ils sont nombreux à vivre cette situation en Afrique, Joseph Kabila Kabange est presque le seul qui caresse à chaque levé du soleil le sort réservé à Blaise Compaoré dans l’ex Haute Volta, le Burkina Faso actuel. Ses paires quant à eux semblent le délaisser, Paul Kagamé du Rwanda, lui qui est reconnu comme l’un de ses mentors a coupé court aux spéculations depuis l’année dernière. Il a choisi de faire un aveu de non candidature public. Le président rwandais a donc annoncé qu'il ne sera pas candidat à sa propre succession en 2017; l’année de la fin de son second et dernier mandat constitutionnel. Cela bien que Louise Mushikiwabo son ministre des Affaires étrangères ait annoncé que le changement de la constitution émanerait du peuple rwandais lui-même qui a plébiscité Kagamé à 100%. L’Ouganda voisin a aussi vu Yoweri Kaguta Museveni l’annoncer. C’est le même son de cloche du côté de la Tanzanie où Jakaya Kikwete le président sortant, serait déjà avec le CCM (Chama cha mapinduzi) le parti au pouvoir à Dar es Salaam, en train de désigner un dauphin. D’autres leaders africains - bien que n’ayant pas annoncé officiellement leurs intentions de non-candidature à la fin de leur mandat- ne souffrent pas autant que Joseph Kabila. C’est le cas de Denis Sassou Ngueso du Congo Brazzaville, ou encore de Paul Biya du Cameroun, le Togolais Fort Gnassingbé et le Béninois Yayi Boni, pour ne citer que ceux-là.
Au-delà de ce dilemme présidentiel, il y a les cafouillages nationales. L’anecdote des pénalties de Moise Katumbi Chapwe, le richissime gouverneur du Katanga et pourtant membre influent du PPRD le parti au pouvoir, a sonné le glas du chaos dans la famille de la Kabilie. Par ailleurs, plus d’un Congolais - honnêtement ou ironiquement - pense que le jeune président serait trop mal entouré et que son entourage ne lui facilite en rien une fin de mandat apaisée. Dans ces entrefaites, l’on dirait que Monsieur Kabila serait dans une tenaille ou ses lieutenants le tiennent et personne ne pense à sa survie. Car malgré les tentatives manquées, le bureau politique de la majorité présidentielle avec à sa tête Aubin Minaku, président de l’assemblée nationale de la RDC et Évariste Boshab, l'actuel ministre de l'Intérieur (et auteur de la loi électorale de triste mémoire) multiplient des stratégies et murissent des idées pour offrir à Joseph Kabila leurs aveux d’allégeances sous forme d’un mandat présidentiel au-delà de 2016, tout en négligeant ses conséquences. Il y a lieu de croire à une épisode de sacrifice humain où Joseph Kabila en serait offert en holocauste au non du maintien le pouvoir et de la personnification du régime.
Le deuxième mandat présidentiel congolais a été plus un quinquennat auquel ses sont offerts à cœur joie les dirigeants à l’imagination des scénarios pour la suite au lieu de penser comment géré le présent. Depuis fin 2011, l’année électorale, Joseph Kabila et son gouvernement se sont mis sans attendre à penser à 2016. Du coup, des scénarios ont commencé: le livre du professeur Évariste Boshab lancera un débat autour de la révision de la constitution. Malheureusement pour la famille présidentielle, l’article 220 étant verrouillé, pas moyen de le déverrouiller. Ensuite viendra la guerre du M23 prise comme raison valable de prolonger le mandat, dans ce scénario on pensera aux concertations nationales et aux pourparlers politique de Kampala à l'instar de l'accord cadre d'Addis Abeba en Éthiopie. Ici le gouvernement voudra chuter par le partage du pouvoir en intégrant les belligérants, l’opposition et la société civile dans la gestion du pays afin d’obtenir une transition de faite qui conduirait vers un re-comptage à zéro des mandats pour Joseph Kabila. Cette idée ingénieuse sera contrainte encore une fois par le refus de l’opposition plurielle et surtout de l'église catholique à se retrouver sur la table. L’UNC de Vital Kamerhe et l’UDPS d’Étienne Tshisekedi ayant brillé par leurs absences aux concertations nationales mais aussi la non acceptation de la légitimité du cadre par les instances internationales à savoir l’ONU et l’UA qui ont exigé depuis le sommet d’Addis Abeba un dialogue franc entre leaders politiques congolais trouvent en à la convocation de ces concertations un non-lieu. Cela bloquera une fois de plus la tentative Kabiliste.
Pour plus d’un, la création de l’ONIP (l’office National de l’Identification de la Population) et la nécessité d’identifier la population comme préalable des élections de 2016 couchée dans la version votée par l’Assemblée Nationale de la loi électorale a été une énième tentative et le sénat à constituer une marche en arrière nouvelle vis-à-vis de la pression de la rue.
Dans l’opinion publique congolaise actuellement toutes les langues se déchainent sur le faite que celle-ci est une occasion à ne pas manquer par la RDC, si elle veut gagner le pari d’une démocratisation de son système politique. Les analystes sont plus que clairs: si la RDC rate cette occasion de voir un président sortant laisser le pouvoir démocratiquement, elle va à cet effet reculer de plus de cinquante ans en arrière. D’où à Kabila d’éviter le pire et de s'accrocher à la seule et ultime alternative qui lui reste, quitter le pouvoir en 2016 sans feu ni sang, tout en rassurant le peuple dès maintenant par sa déclaration de non candidature.