« Changez le monde sans changer la planète ».
Si si !
Faut croire qu’on ne se refait pas… Certains lecteurs aiment bien quand je cogne, quand je fais le chevalier blanc, le chercheur de petites bêtes. Moi ca me gêne parce que je sais que l’exercice du bashing peut-être blessant.
Après il y a deux cas de figures.
1) Taper sur Jancovici, Claude Allègre, Hervé Juvin, Dop, le panga, etc ne me turlupine pas trop.
2) Taper sur des « bonnes
volontés » me confine forcément au statut de donneur de leçon, de cuistre pédant, d’aliboron trollesque. Ce dont je me défends bien sûr !
Des contradictions en veux-tu en voilà
Si j’ai épinglé Yann Arthus-Bertrand, Pur Projet, l’ADEME, Consoglobe, le magazine Debout, eco-emballages, et d’autres c’est plus pour voir comment ces personnes ou initiatives assument leur contradictions.
C’est bien simple, des contradictions on en a tous… et heureusement. Maintenant il y a deux types de contradiction.
Les contradictions d’inertie. Par exemple : « je sais que manger de la viande c’est pas top mais que voulez-vous, j’ai grandi ainsi et j’essaie de m’améliorer ».
Et il y a les « contradictions de guépard* ». Par exemple : ah tiens je sais que c’est pas top de manger de la viande mais peut-être que pourrais trouver un système où je peux continuer à manger de la viande, mais ca financerait la recherche sur le végétarisme et hop ca s’équilibre.
Les dents de sa mère
On peut pardonner les premières, surtout si elles sont conscientisées (et en plus cela permet d’avancer dans la vie). On se doit d’alerter sur les secondes.
Hors donc il y a les moteurs de recherche solidaire. Autant le préciser tout de suite, j’ai l’impression de revivre un mauvais film diffusé en 2007. Veosearch, Hooseek, Doona, Ecosia, Goodsearch, Ecogine, Zutopi, Gootzy etc etc ?
Jamais entendu parler ? Alors soit vous n’avez pas vu passer les annonces à l’époque, soit c’est normal, ces initiatives fort sympathiques ne se sont pas massivement diffusées pour la simple et bonne raison qu’elles n’apportent aucun bénéfice à l’utilisateur !
Le dernier né s’appelle Lilo. J’en ai eu vent par deux médias (Kaizen et Newamnity) qui évidemment sont plus dans le relai que dans l’analyse. Chacun son job. Voici donc mon analyse.
Vroom ! Qu’y a t-il dans le moteur ?
D’abord ce ne sont pas des moteurs de recherche, ce sont des meta-moteurs. Le moteur, c’est Google, Yahoo ou Bing. Notre gentil meta-moteur Lilo va donc vous afficher les résultats de recherche que vous auriez eus avec Google (90% des requêtes en France).
Ceci est un manchot. Pas un pingouin, bordel !
Maintenant, il nous faut expliquer quelques principes du web. Peu de gens le savent mais le leader de la publicité en France s’appelle Google. On estime à plus de 1,5 milliards les revenus annuels en France…
Concrètement, à chaque requête, Google vous propose des liens « naturels » (son fameux algorithme sémantique) et des liens « commerciaux » (basé sur un système de vente aux enchères selon le mot-clé). Quand vous, internaute, cliquez sur un lien naturel, Google ne gagne pas d’argent? Quand vous cliquez sur un lien commercial (généralement sur fond bleuâtre, en haut ou à droite des résultats), vous rémunérez Google.
Les annonceurs paient Google pour apparaître dans ces liens commerciaux.
En parallèles, Google propose à n’importe qui (les diffuseurs) de se rémunérer en affichant des liens commerciaux sur son blog par exemple. Donc pour faire simple, Lilo utilise vous montre les résultats naturels et commerciaux de Google ; mais Google reverse quelques centimes par clic commercial à Lilo pour avoir diffusé ces annonces.
Il n’y a plus qu’à dire que les millions de clics goutte d’eau seront en partie reversées aux bonnes actions et hop vous pouvez vous dire « start-up innovante et solidaire ».
Pour qui cogite depuis des années sur Internet, la publicité et l’écologie il y a de quoi fulminer.
S’il y a bien une chose que nous apprend l’histoire, c’est qu’elle ne nous apprend rien..
Veosearch en 2008
En 2008 « Google c’est fini, place à Veosearch » et autres titres guillerets pullulaient.
Aujourd’hui Veosearch c’est une page blanche.
Comme il y a prescription je peux raconter que j’étais allé voir les deux fondateurs leur dire deux mots de ce que je pensais. Ils m’avaient répondu un truc formidable genre « Si on peut accompagner McDo pour leur changement écologique, c’est déjà ca« .
Le jeunesse est un naufrage…**
Quel Internet ? Quel modèle économique ?
A titre perso j’utilise ce que l’on appelle des bloqueurs de publicité (Adblock et Ghostery).
A vrai dire, si Google me proposait que je fasse un don (disons 30 €/an) je le ferai les yeux fermés car j’utilise Google tous les jours. Pareil pour Facebook. Par contre en échange je ne veux pas de sa pub.
Ah aussi : je déteste Criteo ! Je déteste les pubs pour toutes ces choses que vraiment je n’achèterais jamais (des voitures, des parfums, des montres…)
Tout ceci alourdit le web, est souvent peu pertinent (génial le tracking ! une pub pour le produit que je viens d’acheter !)
Alors il paraît que les Français ne joueraient pas le jeu, que la publicité permet de faire vivre tout cet eco-système. Mais alors comment expliquer les exemples sus-cités, qui d’ailleurs se portent plutôt bien économiquement ?
De la Homepage à l’extension
Un dernier mot un peu plus technique et qui complète le billet précédent à propos d’Amazon Killer. Comme je le laisse entendre, je travaille en parallèle pour une start-up qui va proposer une extension radicale (etym. qui revient à la racine). Du coup, le concept d’extension navigateur me tient à coeur. Car quand vous choisissez d’installer une extension, vous laissez entrer un programme qui peut se permettre pas mal de choses pendant votre navigation.
Un plug-in qui change votre page d’accueil je trouve cela insupportable. Combien d’internautes français sont victimes de ces procédés, les condamnant à une homepage www.orange.fr ?
J’attends d’un outil qu’il soit utile ! Si je veux donner de l’argent à une cause, je sais faire. Si je télécharge une extension c’est pour que cela m’aide dans ma navigation.
Bref, je n’ai pas besoin que l’on me demande de ne rien changer alors qu’en fait… il faut que ça change !
—
* Référence au film Le Guepard de Visconti dans lequel le prince de Lampedusa déclare « Il faut tout changer pour que rien ne change »
** Oh et puis comme il y a prescription encore, je vous expliquerai volontiers en MP les techniques illégales et immorales utilisées par Veosearch à l’époque pour doper leur trafic et leurs utilisateurs.