Cinquante Nuances de Grey // De Sam Taylor-Johnson. Avec Jamie Dornan, Dakota Johnson et Jennifer Ehle.
Attendu comme le loup blanc, Cinquante Nuances de Grey est l’adaptation cinématographique du bestseller de E.L. James, un roman ridicule et puéril écrit avec les mots d’une adolescente en manque. Sam Taylor-Johnson à la mise en scène et Kelly Marcel (créatrice de Terry Nova, Dans l’ombre de Mary) au scénario avaient la lourde tâche de démontrer que ce roman pouvait donner un bon film et j’avais une motivation supplémentaire pour découvrir ce film : les fans de la fiction d’E.J. James ont détesté ce film. Le film se décoince très rapidement au travers d’un humour assez bien dosé et d’un érotisme qui ne veut jamais faire la scène de trop. Le but est de nous initié nous aussi à la découverte que fait Ana. C’est pourquoi Sam Taylor-Johnson tente de mettre tout cela en scène avec un esprit clinique, sain mais chaleureux à la fois. Car le résultat a beau être très pluvieux comme Seattle, morose comme le gris de ses buildings, il y a une chaleur humain que l’on va petit à petit éclore entre Jamie Dornan et Dakota Johnson. Le casting de ce film a été long et difficile, en grande partie car les acteurs ne voulaient pas du rôle et Jamie Dornan est arrivé pour sauver tout le monde.
L'histoire d'une romance passionnelle, et sexuelle, entre un jeune homme riche amateur de femmes, et une étudiante vierge de 22 ans.
Cinquante Nuances de Grey n’a cependant pas la prétention d’être du grand art ou du grand cinéma, mais simplement un film à l’érotisme maîtrisé. Alors que le roman est bourré d’érotisme à l’indigestion, le film nous prépare petit à petit à l’éveil sexuel de notre héroïne. L’alchimie entre les deux acteurs se créée au fil du film, avec d’un côté une jeune femme intimidée et de l’autre un homme au charisme de glace. Jamie Dornan se devait de jouer le rôle de cette façon, sans jamais trop en faire sur les bords. Je suis cependant d’accord pour dire que les personnages sont parfois hésitants et ne savent pas forcément dans quelle direction aller, probablement un manque de directeur d’acteur de la part de Sam Taylor-Johnson. Cette réalisatrice, à qui l’on doit Nowhere Boy (2009) ne manque pas d’envie de nous donner envie. En tout cas, elle parvient à nous démontrer à quel point Cinquante Nuances de Grey n’est pas une coquille vide. C’est pourquoi l’esthétisme est léché, ce que l’on doit à Seamus McGarvey qui s’est occupé de la photographie de Godzilla ou encore de We Need to Talk About Kevin, deux films d’un genre très différents. Il y a donc un charme enlevé derrière ce voile gris et sobre.
Les décors sont très grands, très minimalistes avec pour seul lieu dédié à la couleur : la salle de jeux de Christian Grey. Le scénario tente aussi de donner un peu de profondeur à la relation amoureuse qui naît entre les deux héros. C’est mignon et touchant à la fois, comme une première fois. Je pense que c’est aussi ce que voulait être ce film, une expérience de première fois avec toute l’innocence que cela pouvait engager. On peut généralement dire qu’avec un mauvais livre ou ne peut faire qu’un mauvais film sauf que Cinquante Nuances de Grey prouve le contraire. Bien évidemment ce n’est pas un film brillant mais il ne perd pas de son charme du début à la fin. En somme, Cinquante Nuances de Grey a transformé une mauvaise idée en une bonne idée. A mi-chemin entre la romance propre et basique, et le film légèrement sulfureux mais uniquement ce qu’il faut de sulfureux rien de plus, nous avons ici une surprise. Sans compter sur la bande originale, savamment sélectionnée d’artistes du moment, de Beyoncé reprenant Crazy in Love en version sensuelle pour un premier orgasme à Ellie Goulding pour une balade en hélicoptère, que demander de mieux.
Note : 6/10. En bref, Cinquante Nuances de Grey aurait pu être catastrophique et finalement c’est une assez bonne surprise.