Cette étude américaine constate que les enseignants qui présentent plus de symptômes de dépression (auto-déclarés) ont également des classes de moins bon niveau dans de nombreuses matières. Leurs élèves ont des résultats scolaires inférieurs, en particulier en mathématiques. Les conclusions, présentées dans la revue Child Development, appellent à mieux former les enseignants aux situations difficiles et à mieux surveiller leur santé mentale, via les services de santé scolaire.
Les enseignants font partie des professions les plus exposées au stress au travail, et ce stress peut entraîner une plus vulnérabilité à la dépression. Cette étude menée par Carol Connor, professeur de psychologie à l’Université d’Etat d’Arizona, a regardé la relation entre les symptômes de dépression de 27.523 enseignants d’écoles élémentaires et le niveau et l’apprentissage de leurs élèves de 3ème année (8-9 ans). Les enseignants ont rapporté la fréquence de leurs symptômes de dépression clinique, et les compétences des élèves en lecture et en mathématiques ont été évaluées tout au long de l’année. Des observateurs ont également évalué avec l’aide de la vidéo, la qualité de l’apprentissage de la classe.
Certains élèves apparaissent particulièrement impactés par les symptômes de dépression de leurs professeurs, il s’agit de ceux qui sont déjà en difficulté en mathématiques. Ce constat suggère que justement ceux qui ont le plus besoin de progresser ont le moins de chance d’y parvenir, lorsque leur enseignant est déprimé. Ces mêmes élèves en difficulté en mathématiques sont ceux qui en revanche font les progrès les plus significatifs avec un enseignant non déprimé.
La surveillance de la santé mentale des enseignants, dans les établissements, via les services de santé scolaire est donc la question posée. Une autre étude américaine –citée par les auteurs- avait en effet évalué qu’un enseignant (américain) sur 4 était, au cours de sa carrière, diagnostiqué avec une dépression, à comparer avec un risque à vie de 18% en population générale. Les auteurs notent aussi que ces aspects de prévention et de soutien à la santé mentale sont encore absents des programmes actuels de développement professionnel dont bénéficient les professeurs.
La nécessité de nouvelles formations pour les enseignants : Si l’étude adopte ici le point de vue des conséquences de la santé mentale des professeurs sur les résultats des élèves, la relation, dans la réalité est bilatérale. Il est clair qu’une classe dissipée, de faible niveau et réfractaire à l’apprentissage met aussi la santé mentale de ses professeurs à dure épreuve. L’étude met donc en évidence la nécessité de former les enseignants à ce type de situations, non seulement pour leur propre bénéfice mais aussi pour le bénéfice de leurs étudiants. Les auteurs suggèrent, en pratique, d’engager des professionnels de la santé mentale pour aider les enseignants aux prises avec le stress et la dépression et de développer des programmes de perfectionnement professionnel qui aident les enseignants à gérer les situations difficiles et stressantes. Bref, le problème est identique, quel que soit le pays.
Source: Child Development 11 FEB 2015 DOI: 10.1111/cdev.12344 Depressive Symptoms in Third-Grade Teachers: Relations to Classroom Quality and Student Achievement (Visuel © Woodapple – Fotolia.com)
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