Monstres (Récit complet)

Chronique « Monstres »

«Et celle de la sardine qui bouche le port, tu la connais ?»

Scénario et dessin de Gustavo Duarte,

Tout public

Style : attaque de monstres mutants
Références : Godzilla, Uderzo, occultisme, SF, etc.
Paru chez Paquet, le 11 février 2015, 80 pages couleurs, 17.00 euros

L’histoire

Santos, ville balnéaire du Brésil, semble être devenue le dernier lieu à la mode chez les monstres mutants : trois d’entre eux débarquent simultanément, bien décidés à transformer la cité en champ de ruine. Mais le vieux Pinô, un sacré pêcheur, ne le voit pas de cet œil.
Enfin, c’est ce qu’on raconte…

Ce que j’en pense

Monstrueux. Tout est dit : ce gars est monstrueux. Parce que non content de maîtriser un dessin qui ne nécessite pas une parole pour s’exprimer à plein, insatisfait de son humour décapant surfant sur des raz-de-marée générés par des titans cracheurs de feu ou gobeurs de bateaux, il ponctue chacune de ses planches de références ahurissantes ! Je vous mets au défi de toutes les trouver ! De Mister Magoo à la légende Arthurienne, de Lovecraft aux Blues Brothers, de Uderzo à The Police, toute sa culture y passe. Je le soupçonne même d’avoir un disque dur Hitachi.

Pour tout vous dire, j’ai compulsé cet album trois fois.
La première fois tranquillement, dans mon canapé, instant de détente sans trop de réflexion. Bah oui, il ne fallait pas lire.
La seconde, relecture approfondie, analyse de la structure de l’image, titillé par des détails, retour à la page de fin qui renvoie aux précédentes, nouveaux détails « titillants ». Le mal de tête me guettait.
Et la troisième, encyclopédie et tablette sous la main, pour vérifier, creuser, décrypter, apprendre, et finalement comprendre que point besoin n’est de mots pour exprimer son savoir. Cet album est une mine de références, une porte vers des écrits, du son, des images, l’identité de Duarte.

Le plus étonnant, c’est que cette histoire de monstres dévastant une ville ne fera pas couler une goutte de sang : les foules fuient dans l’ombre d’une patte colossale, les véhicules (vides ?) volent, balayés par un tentacule, les ponts et bâtiments sont rasés, mais pas un cadavre. L’apocalypse bon-enfant.

Tout comme la solution, apportée par un Panoramix à la Munuera, pêcheur émérite au vaste tableau de chasse, versé dans l’occulte autant que dans le Kahlúa-lait. Détendu du cure-dent le sauveur de Santos, même quand il joue les kamikazes.
Si quelqu’un peut me dire qui sont ces sept grenouilles, peut-être que mon mal de tête passera.