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Rencontre croisée : Lewis Trondheim et la team LastMan #FIBD2015

Par Emidreamsup @Emidreamsup

LastMan / TrondheimLe Festival d’Angoulême réserve de belles surprises du côté des rencontres croisées. Celle entre Lewis Trondheim et le trio de LastMan a été l’une des plus sympa de ces 4 jours. Entre francs éclats de rires et leçon de BD, l’heure et demi est passée beaucoup trop rapidement à mon goût.

Président du 34ème FIBD, Trondheim est un habitué du Festival. C’est sa 26ème participation à l’événement et il ne faut pas oublier que la petite mascotte du Fauve est de lui. Pour les 3 jeunes auteurs, leur histoire avec Angoulême est plus récente. Si Bastien Vivès écume les rues pavés de la ville depuis plus longtemps vu qu’une de ses ex-copines y résidait, ce n’est que la 3ème fois qu’il fait le voyage avec ses deux acolytes. Et autant dire qu’ils n’ont pas fait le déplacement pour rien vu que LastMan est reparti avec le Prix de la Meilleure Série.

Trondheim revient sur ses débuts. S’il trouve son énergie dans ses névroses mais surtout dans son envie de garder son âme d’enfant et de s’amuser, il s’est mis au dessin un peu par défaut. Personne ne voulait dessiner ses scénarios. N’étant jamais mieux servi que par soi-même, il s’est prêté au jeu. Il a ainsi découvert qu’il n’était pas nécessaire d’être un grand dessinateur tant que le scénario derrière est béton.

Avec la fin du premier cycle de LastMan, ils reviennent sur le fait de boucler une série. Pour Trondheim, c’est quelque chose de positif, car il est important de savoir s’arrêter avant de faire n’importe quoi avec l’histoire. Il faut savoir où on veut aller et stopper une fois l’objectif atteint. Bastien Vivès précise que terminer un album n’est pas compliqué, ce qu’il l’est c’est le chemin parcouru pour arriver à cette conclusion. Selon lui, c’est comme dans les films, il faut éviter de tomber dans le piège des 20 minutes inutiles qui prennent place avant la résolution finale. Il précise qu’il envie la manière décomplexée dont les mangakas envisagent leur travail, sans penser à la fin de leur série, en allant où ils veulent.

Balak revient sur le fait qu’il est important pour un dessinateur de se faire plaisir. C’est unLastMan / Trondheim acte masturbatoire. Le fait de travailler à trois pour LastMan, leur permet de stimuler leur création en permanence, mais aussi à les canaliser. Ils ont une perpétuelle double position de créateur/lecteur. Ce qui leur permet de ne pas se lasser ou de partir dans tous les sens.

Garder l’énergie du début est toujours quelque chose de difficile précise Trondheim. Il faut arriver à prendre conscience du moment où l’on devient moins bon. Ce qui est d’autant plus compliqué quand on travaille seul et que personne dans notre entourage ne le dit.

C’est pourquoi pour LastMan la dynamique fonctionne si bien. Il y en a toujours un qui a plus de recul que les autres. Par exemple, quand Bastien Vivès veut faire une scène de « chiale avec une nana », les deux autres sont là pour lui rappeler qu’il n’y a pas eu de baston depuis 50 pages et qu’il serait temps de s’y remettre.

Pour Trondheim, le problème en France vient du fait que l’on n’ai pas, comme aux USA ou Angleterre, de pôle d’écriture. Ici, l’Auteur est au centre de tout et a tendance a être un poil trop mégalo par rapport à son boulot. Pour lui travailler à plusieurs pourrait donner quelque chose d’incroyable.

C’est en lisant des auteurs comme Cipis ou Larcenet, qui mettent en avant la narration plutôt que le dessin, que Bastien Vivès a eu envie de faire de la BD. Ce-dernier a eu envie de faire une BD autour de la religion, mais y a renoncé car il sentait que c’était un sujet un peu trop chaud. N’aimant pas la religion, il était donc difficile pour lui d’en parler au travers d’un discours constructif. Il est en effet plus facile de rire sur une chose que l’on aime.

LastMan est né d’une envie de faire un « truc de cul » pour Balak et Bastien Vivès. En grands fans de culs et d’hentaï (manga érotique), il voulait réaliser un ouvrage dans le genre manga d’aventure à la fois populaire et dynamique. Quand l’éditeur, Casterman, s’est dit partant pour faire un manga à la française mais dans le genre des mangakas japonais, ils ont décidé de profiter de cette ouverture pour faire quelque chose destiné à un plus large lectorat. Le cul n’était donc plus le point essentiel. Sanlaville a rejoint l’aventure à la demande de Vivès.

Si la série est bourrée de références en tout genre, ils sont très attachés leurs personnages et ne veulent pas faire de chaque page un cliché. Les références doivent passer inaperçue et ne pas déranger la lecture. Ils fonctionnent beaucoup avec le premier jet. Si ça ne marche pas du premier coup, c’est que ce n’est pas bon. Il faut que les choses soient efficaces, percutantes immédiatement.

LastMan / TrondheimTrondheim insiste sur le fait, qu’en BD, il faut savoir raconter des histoires mais aussi faire des dessins, des cadrages, des dialogues. Si on n’est pas capable de faire tout cela, il faut mieux changer de voie. Sanlaville conclue sur le fait qu’avec la reconnaissance des blogs aujourd’hui, il y a de plus en plus de dessinateurs émergeant qui ont beaucoup de mal à se remettre en question quand on leur dit qu’ils ne savent pas raconter d’histoire. Ce qui est problématique vu qu’ils refusent souvent de se remettre en question.

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