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Quel est ton prénom

Publié le 22 janvier 2015 par Gaylussac

De nos jours il est nettement plus facile à un parent de conférer un patronyme à son enfant. Le patrimoine culturel de chaque tribu est riche de plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de noms qui ne vieillissent jamais. En revanche quand il s’agit de conférer un prénom, il importe de réfléchir un tout petit peu…
Quand j’ai choisi d’aborder ce sujet, il m’est d’abord venu à l’idée de faire un hit parade des prénoms à Lubumbashi. Mais je me suis méfié du côté aléatoire de cette démarche. À la place, j’ai préféré rendre compte de mes observations au sujet de certains critères qui président à l’attribution d’un prénom dans ma ville.
Disons d’abord que depuis toujours on a cherché à conférer un prénom le plus joli et le plus moderne qui soit. Le qualificatif « moderne » traduit la volonté d’éviter des prénoms considérés comme démodés. Ainsi en 2015 vous aurez moins de chance de croiser un enfant de 8 ans prénommé Louis ou Catherine.

Statut de l'Apôtre Pierre-romapedia.blogpost.org

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À l’origine, quand les premiers missionnaires arrivaient sur nos terres, les gens se faisaient attribuer des prénoms strictement chrétiens ( en mémoire des disciples de Jésus-Christ ou des saints de l’église Catholique). En sorte que l’on connaissait qui était baptisé et qui ne l’était pas rien que du point de vue du prénom.
Au lendemain des indépendances les gens portaient des prénoms chrétiens mais n’étaient forcement des catholiques pratiquants. Il s’agissait pour eux d’être à la page afin d’intégrer l’élite qui devait prendre la place de l’Européen.
La décennie 70 fut celle de la confiscation de toutes les libertés par la dictature mobutienne. Une époque où il était interdit de porter des noms ou des prénoms considérés comme occidentaux par essence fussent-ils chrétiens ou pas. On n’avait plus le droit de s’appeler David, François, Jeanne, Tharcisse, Madeleine ou Augustine. Comme pour faire montre d’exemple, le « roi léopard » a effacé son prénom chrétien de sa carte d’identité. On ne l’appelait plus Joseph Désiré Mobutu. Il s’appelait désormais Mobutu Seseko.

Michael Jackson-wikipedia.org

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Puis, au début des années 80, la chape de plomb sur les libertés individuelles a légèrement été levée. On avait à nouveau le droit de porter le prénom de son choix. Le Congo en général et la ville de Lubumbashi en particulier découvrait véritablement le monde. On découvrait le cinéma et la musique américaine. Le football mondial et ses stars planétaires. Émerveillés, les gens ont commencé à conférer à leurs enfants des prénoms ou des noms de leurs idoles. Et il n’était plus question de regarder uniquement du côté de la France et de la Belgique. les prénoms avaient des origines diverses. Les enfants de l’époque pouvaient s’appeler Jackson, Michel, Giress, Platini, Marilyn, Paola, Kennedy, Pablo, Alain, Jean-Paul, James, Mitterrand, Gary, Mohamed, Fernando, Reagan et pourquoi pas Adolf.
La décennie 90 fut celle de la prise de conscience que toutes ces personnalités ultra médiatisées et idolâtrées ne sont pas forcément des bons modèles. C’est aussi l’époque  du renouveau de la chrétienté à travers les églises évangéliques. On se remettait à conférer des prénoms chrétiens. La préférence allait vers les prophètes de l’Ancien Testament comme Joël, Zacharie, Osée et Élie. Sans oublier les premières femmes leaders en Israël comme Ruth, Esther, Rachel et Judith.
Et depuis les années 2000 les critères dans l’attribution du prénom se sont élargis. Ce qui accroît d’autant plus les difficultés des parents dans cet exercice. Comme la plupart des jolis prénoms de la bible ont été « épuisés » par le passé, on doit voir ailleurs. Mais ailleurs ne veut pas dire hors du cadre de la chrétienté. Alors il y a ceux qui vont choisir de mettre en valeur des vertus et des qualités exaltées par la bible et prénommer leurs enfants La paix, La joie, Merveille, Bénédiction, Miracle, Patience ou Gentil. L’autre recette à la mode est celle qui consiste à conférer des prénoms-acronymes: Ditoupui (=Dieu tout puissant), Jeco (=Jésus consolateur) ou Diaré (=Dieu a répondu).
La caractéristiques principale des prénoms d’aujourd’hui est qu’ils peuvent être porté aussi bien par les filles que les garçons. Ce qui a un certain avantage.


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