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Les Sept raisons pour lesquelles le Front de gauche ne peut pas profiter de la crise.

Publié le 10 février 2015 par Leunamme

Une crise financière, écologique, sociale, des élites corrompues et rejetées, en principe, tout était réuni pour que la gauche radicale, face à l'échec cuisant du PS au pouvoir, ramasse la mise au niveau politique et électorale, à l'instar de la Grèce ou de l'Espagne, mais aussi du Portugal ou de l'Irlande. Pourtant, ce n'est pas le cas. Non seulement elle ne décolle pas au niveau des élections, mais plus grave, le Front de gauche, principale incarnation de ce que l'on appellera désormais la vraie gauche, est inaudible. Pour mieux comprendre les raisons de cet échec, il faut essayer de voir pourquoi cela marche en Grèce ou en Espagne. Au final, on distinguera sept raisons principales :

1) Les alliances avec les sociaux-démocrates au pouvoir.

C'est la principale pierre d'achoppement entre le Parti de Gauche et le parti communiste. La force de Syriza ou de Podemos est d'être en rupture avec les politiques passées, pour cela, la ligne est claire : pas d'alliance avec les sociaux-démocrates, tenants du système économique libéral, que ce soit au niveau national ou au niveau local. Du coup, pour les électeurs, la ligne de lecture est simple : en votant pour Syriza ou Podemos, il vote pour une politique de rupture. Une des raisons du succès de Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle vient de là, de cette ligne politique clairement opposée à la dérive socialiste. En maintenant ça et là des alliances avec le PS lors des élections municipales, le PCF a brouillé les cartes, et permis l'identification du Front de gauche à l'échec socialiste.

2) Le Renouvellement du personnel politique.

C'est la grande force de Syriza, mais aussi celle de Podemos : des partis neufs n'ayant jamais exercé le pouvoir ni nationalement ni localement. Ils ne sont pour rien partie prenante dans l'échec des politiques actuelles. En France, le PCF a été de plusieurs gouvernements socialistes depuis 1981, il dirige avec les élus PS des dizaines d'éxecutifs locaux. La principale figure médiatique du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon est un routard de la politique, ministre, sénateur pendant 20 ans, député européen, il fait partie de ces politiques qui ont fait de leur engagement une profession, ce que rejettent désormais les Français. La gauche radicale ne s'est pas renouvelée.

3) Pas d'alliances avec les communistes.

On le voit dans les deux premiers points, l'alliance avec les communistes, si elle a dans un premier temps permis au Front de gauche d'exister pendant la présidentielle grâce à la puissance militante du PCF, constitue aujourd'hui un véritable frein. Une des caractéristiques fortes de ce qui se passe en Espagne ou en grèce, est justement que les partis communistes sont tenus à l'écart. Du coup, Syriza comme Podemos sont exonérés du liourd passé idéologique et politique (qui est loin d'être complètement à rejeter à mon sens) inhérent à ce mouvement.

4) Une politique d'austérité pas assez forte en France.

Voila qui est paradoxal : je passe mon temps à critique la politique d'austérité menée par François Hollande et son gouvernement, et pourtant, c'est probablement cette politique d'austérité ténue qui est un frein au Front de gauche. Il faut s'en réjouir, depuis 2008, les garde-fous sociaux de notre pays, en particulier les services publics, bien que largement mis à mal, ont plutôt bien fonctionné. Ils ont permis à la France dans un premier temps de résister mieux que d'autres à la crise. En 2008 et 2009, la Grèce, l'Espagne, le Portugal ou l'Irlande ont subi de façon brutale et frontale les effets de la crise. Les remèdes qu'on leur a ensuite administrés ont été radicaux, extrêmes, plongeants des milliers de personnes dans la misère et le désarroi. Rien de tel pour l'instant en France, ou alors de façon plus sourde, plus insidieuse, moins assumée. La réponse politique dans ces pays est donc à la hauteur de l'humiliation reçue.

5) Un vote populaire déjà capté par l'extrême-droite.

Quand le Front de gauche se crée, en 2009, le Front National, même s'il est dans un creux électoral à ce moment-là, a déjà 40 ans d'existence. Il est identifié et ses revendications et positions sont claires pour la population. Depuis 2011, il va en outre profité d'une notabilisation médiatique. Le Front de gauche doit alors combler des classes populaires un énorme retard, ce qui est d'autant plus difficile qu'il doit le faire contre l'ensemble de la caste politique et médiatique. Une caractéristique commune aux pays où la gauche radicale perce, Grèce, Espagne, Portugal, Irlande, notamment, c'est que justement ce terrain de la radicalité était libre, non occupé par des forces d'extrême-droite.

6) L'Arme fatale du vote utile.

Une des résultante de cette prégnance du FN sur la scène politique française, est qu'il désormais devenu une arme utilisée par le PS à chaque scrutin pour assécher tout ce qui se trouve à sa gauche. Le FN fait peur aux électeurs de gauche, le PS le sait et brandit cette menace à chaque élection, et dans une société sans repères, de plus en plus désidéologisée, cette menace fait mouche.

7) Un mode de scrutin qui favorise les grands partis.

Encore un point commun à la Grèce et l'Espagne et que n'a pas la France : dans ces deux pays, l'accession au pouvoir se fait lors d'un scrutin législatif à un tour et à la proportionnelle. En France, le scrutin majoritaire à deux tours fait la part belle aux grands partis, quasiment sûrs de se partager le pouvoir quoiqu'il arrive.

5) Une politique d'austérité pas assez forte en France.

Voila qui est paradoxal : je passe mon temps à critique la politique d'austérité menée par François Hollande et son gouvernement, et pourtant, c'est probablement cette politique d'austérité ténue qui est un frein au Front de gauche. Il faut s'en réjouir, depuis 2008, les garde-fous sociaux de notre pays, en particulier les services publics, bien que largement mis à mal, ont plutôt bien fonctionné. Ils ont permis à la France dans un premier temps de résister mieux que d'autres à la crise. En 2008 et 2009, la Grèce, l'Espagne, le Portugal ou l'Irlande ont subi de façon brutale et frontale les effets de la crise. Les remèdes qu'on leur a ensuite administrés ont été radicaux, extrêmes, plongeants des milliers de personnes dans la misère et le désarroi. Rien de tel pour l'instant en France, ou alors de façon plus sourde, plus insidieuse, moins assumée. La réponse politique dans ces pays est donc à la hauteur de l'humiliation reçue.


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