À quelques jours de la Saint-Valentin, les marques de beauté partent à la conquête des hommes. Au programme : Des voyages, des épices et le sens de la narration.
Le grand frisson à portée de flacon? Il semblerait que cette saison les labels de parfums se soient passé le mot. Issey Miyake, avec la Nuit d’Issey Austral Expédition, donne le go et met le cap vers le pôle Sud, là où la lumière ne provient que des aurores australes. Crissant du citron vert flanqué de coriandre acerbe et de gentiane amère… La claque de froid alliée aux notes de bois raconte, sur la peau, une étonnante forêt givrée. Les hommes adorent ce type d’histoires, le thème universel du héros qui voyage et dompte les éléments -eau, feu- comme les différents challenges de sa vie.
Les plus de 40 ans gardent forcément en mémoire la publicité de Ridley Scott pour Fahrenheit de Dior, un homme marchant sur un ponton entre ciel tourmenté et mer inquiétante (1988). La version parfum, sortie cet automne, ajoute à l’accord initial de violette et de cuir une note rhum nettement plus exotique et une pincée de cumin à effet «peau sale» comme une légère transpiration dans une contrée à forte température.
Quoi de mieux que les épices pour faire surgir un ailleurs lointain? Même la maison anglaise traditionnelle Penhaligon’s se fend de clou de girofle, de cardamome et de safran brûlant, emmenant son gentleman aux portes du désert quand Tom Ford saupoudre Noir Extreme, un ambré oriental, de muscade et de safran. Les épices existent depuis toujours dans la parfumerie. Mais nous avons depuis peu accès à de nouvelles provenances, comme le poivre noir de Madagascar, incroyablement animal et puissant, la cardamome verte du Guatemala, plus fraîche que l’indienne, ou le shinus mollé de Chine, à la fois poivré et résineux. De plus, certains traitements récents comme le CO2 et la distillation moléculaire apportent encore davantage de reliefà ces notes. Comme en cuisine, une pincée suffit pour changer la recette.
Matières à sensations :
Par-delà l’exotisme, les épices permettent de varier le registre des accords masculins dont le curseur oscille traditionnellement entre aromatique poli et virilité des bois. Les plus chaudes piment, cannelle, safran… confèrent de la profondeur, la coriandre, le gingembre ou la cardamome mettent en valeur le fusant des agrumes et aromates. C’est bien ce procédé que l’on retrouve dans la déclinaison Pour Homme Extrême de Bottega Veneta, renforcée en piment. Les épices sont utilisées comme des boosters: Les hommes, désormais habitués à des odeurs comme l’oud, réclament un vrai sillage, de la puissance. Les cuirés, d’ordinaire délicats, gagnent eux aussi en virilité. Exemple réussi dans Colonia Intensa d’Acqua di Parma, dont la Cologne emblématique se corse de cardamome et de piment. Les séducteurs en goguette apprécieront son vaporisateur nomade en peau souple façon cuir de Riva. Le voyage est aussi dans le flacon.
A vous de trouver la fragrance qui vous ressemble le mieux !