Un film de Eric Rohmer (1969 - France) avec Jean-Louis Trintignant, Françoise Fabian, Marie-Christine Barrault, Antoine Vitez - en N.B.
Si beau... Si chiant...
L'histoire : Jean-Louis, la trentaine, ingénieur chez Michelin, catholique pratiquant, a repéré à la messe du dimanche une jolie jeune fille blonde, très assidue. Il se dit qu'il va l'aborder, pour mieux la connaître, puis l'épouser. Il est temps de fonder une famille, elle sera parfaite. Mais entre temps, il rencontre un vieux copain perdu de vue qui l'emmène dîner chez une amie à lui. Maud est brune, divorcée, indépendante, et athée.
Mon avis : Je n'arrive toujours pas à analyser l'insondable mystère rohmérien. Le genre de film que je déteste : intello, bavard, tranche de vie, aucune action... mais que pourtant je ne peux m'empêcher de regarder jusqu'au bout, succombant à une sorte de fascination. Pour qui, pour quoi ? Je n'en sais fichtre de rien. Ils ne pas tous terribles, mais il en est qui m'ont beaucoup marquée, et celui-là est l'un des plus beaux.
Il pourrait faire l'objet d'une pièce de théâtre. 90 % du film se passe dans l'appartement de Maud, dans UNE pièce. Et ça papote, ça papote, ça papote, à n'en plus finir. Mais c'est beau : le texte, je veux dire. Des conversations très riches, philosophiques, sur l'amour (forcément), sur la vie, sur le couple, sur la morale, sur les thèses de Pascal, sur la religion... La discussion entre Jean-Louis et son ami sur l'univers est délirante et sensationnelle. Je schématise :
Nous avons deux possibilités : hypothèse 1, Dieu n'existe pas, rien n'a de sens, tout n'est qu'illusion ; hypothèse 2, la vie a un sens, l'histoire a un sens, et c'est Dieu qui donne du sens à tout ça. Il y a beaucoup plus de chances que la première hypothèse soit la bonne... mais, malgré tout, pour vivre, les gens choisissent la 2 sinon il leur serait impossible de faire quoi que ce soit. Ils ont besoin de donner un sens à leur vie.
La conversation vaut son pesant de pop-corn, et c'est beaucoup mieux dit que ce que je vous résume ici. Evidemment. Et tout est comme ça... Le texte est sublime, tout comme Jean-Louis Trintignant, qui - loin de vous ennuyer avec son phrasé particulier et ses phrases si lourdes de philosophie - reste diablement sexy ! Le genre qu'on aurait envie de bousculer sur le canapé en lui disant "Arrête donc de parler..." !
Je m'égare.
Pour intellos seulement. Magnifique.