Chronique « Le Roy des Ribauds (T1) »
Scénario de Vincent Brugeas, dessin de Ronan Toulhoat,
Public conseillé : Adultes/Adolescents
Aventure médiévale
Paru chez Akileos, le 5 février 2015, 160 pages couleurs, 19.00 euros
L’histoire
Paris, 24 Janvier 1194. Tristan, surnommé “Triste Sire”, est l’espion qui garantit la sécurité du Roy de France. En rentrant à son domicile, il découvre que sa fille chérie, Sybille, a échappé à la surveillance de ses chaperons. Pendant sa sortie, elle a été violenté par un homme, que le “Roy des Ribauds” se jure de faire payer de sa vie.
Avec ces deux meilleurs hommes, Michel et Saïf, il se rend chez Martin. Avec un peu de dissuasion, de menaces et de violence, le marchant crache le morceau. L’homme à abattre se nomme Guilhem Pudevignes, un commerçant de vin en provenance d’Aquitaine. Un passage chez Jacob, dit “l’hébreux”, détenteur de toutes les informations de la ville, et l’homme est cerné.
Pendant ce temps, le Roy Philippe confie ses craintes à Tristan, son loyal chien de garde. Pendant la venue des émissaires de l’empereur, la sécurité doit être renforcée au maximum…
Ce que j’en pense
Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, les auteurs des séries “Chaos Team” et “Block 109”, reviennent avec “Roy des Ribauds”, un polar médiéval de haute volée.
Surfant sur un contexte historique bien présent (les luttes de pouvoirs entre Philippe Auguste et Aliénor d’Aquitaine), Vincent Brugeas a imaginé une pure fiction, dans un moyen-âge romancé, qui se joue gentiment de l’histoire.
1200, Le “Roy des Ribauds” est l’homme tout puisant, chargé des basses oeuvres du Roy. Usant de tous les moyens en sa possession, il contrôle les bas-fonds de Paris. Un tel homme aurait pu faire un bien mauvais personnage principal, tant il est omnipotent et inattaquable, mais Vincent Brugeas le joue finement. Dès le début de l’intrigue, Ce “Triste Sire” commet une faute par amour, aux conséquences politiques désastreuses. Commence alors une course contre-la-montre, où Tristan et ses hommes n’auront de cesse de défaire ce qu’il ont fait.
Attachant et charismatique, cet anti-héros est particulièrement réussi. Il est entouré de seconds couteaux variés et hauts en couleur, ses deux hommes de main pour commencer. Michel, le chevalier au look d’Archange et Saïf, le maure raffiné s’attaquent, le sourire aux lèvres, aux vilains de l’histoire. Le monstrueux “Glaber” s’impose en super-vilain, à la sale trogne. Mis en image par Ronan Toulhoat en grande forme, cette galerie d’affreux est impressionnante de virtuosité et de charisme.
Très rapidement, j’ai plongé dans cette histoire historique et policière. Un peu complexe au début, l’intrigue à plusieurs niveaux (petit peuple et monarques) dans les bas-fonds de Paris se fait très musclée (ça bastone sec), mais subtile à la fois…
Coté ambiance, Rien à redire ! les fonds “crades” et violents du Paris interlopes inspirent les deux auteurs. C’est dur, viril et sombre !
Seul bémol, les personnages féminins sont inexistants et relégués à des rôles de putains ou de belles plantes. Espérons qu’avec le prochain tome (et l’arrivée d’Aliénor) la situation change.
Le dessin
J’ai suivi avec beaucoup de plaisir les “Warm-up” (les échauffements) de Ronan Toulhoat sur sa page Facebook. Travaillé en pur numérique, “Le Roy des ribauds”, est servi par un “encrage” et une gestion des masses noires superbes ! Le dessin expressif et dynamique à la fois, s’exprime particulièrement bien sur les “sales gueules”. La composition dynamique s’intègre dans le petit format d’impression, avec en moyenne cinq cases par page.
Osant la mise-en-couleur, Ronan Toulhoat joue sur les camaïeux froids (bleux glacés en extérieur) et chauds (ocres jaunes et rouges, en intérieurs).
Enfin, avec des compositions et des cadrages qui dynamisent la narration, l’équilibre scénario/dessin est excellent.
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », cette semaine chez Noukette.