© DR
Soirée atypique hier aux Bouffes du Nord dans le cadre de la nouvelle et prometteuse « Belle Saison ».
Sur la scène du théâtre nord-parisien deux pianos mais quatre pianistes. Quatre œuvres également au programme dont des « tubes » (La Valse de Maurice Ravel ou Le Sacre du printemps de Stravinski) et une création française (Amériques d’Edgar Varèse) mais quatre œuvre vous l’aurez peut-être compris qui sont des transcriptions pour deux pianos ou quatre pianistes. Un jeu de chiffre, un jeu de réinterprétation, bref une soirée ludique et intéressante sur le papier.
Composé à la toute fin du XIXème siècle Nuages de Claude Debussy et le premier des trois Nocturnes du compositeur, inspiré des tableaux souvent crépusculaires du peintre James Whistler. Fait amusant, Claude Debussy fut présent lors de la générale du Sacre du printemps d’Igor Stravinski, ainsi que Maurice Ravel, dont la Valse fait également partie du programme. Le Sacre du printemps reste une œuvre célèbre pour le scandale qu’elle provoqua lors de sa première à Paris avec les Ballets russes en raison de sa nature trop avant-gardiste pour l’époque. On file l’anecdote puisque le programme se poursuit avec La Valse de Maurice Ravel également composée, à la base, pour les Ballets russes. Sauf que ces derniers n’en voulurent pas. La Valse est aujourd’hui un des incontournables de la musique française du XXème siècle et est jouée partout dans le monde. Quant à Amériques du compositeur français Edgar Varèse, la transcription du compositeur lui-même, fut donnée en création française hier soir. L’œuvre aurait des accointances avec Debussy et Stravinski. La boucle est bouclée.
Aux claviers, quatre jeunes pianistes français dont Vanessa Wagner et Cédric Tiberghien que nous avons déjà pu entendre avec l’Orchestre Colonne et l’Orchestre national d’Île-de-France et dont nous avons donc déjà pu parler sur ce blog. La cadette de ce quatuor inédit, Marie Vermeulin, est une pianiste française dont la discographie consacrée à Olivier Messiaen en dit long sur l’attirance de la jeune femme pour la musique contemporaine et les expériences musicales. Soucis de parité ou non, Wilhem Latchoumia est le deuxième homme de cette soirée. Lui-aussi ne peut cacher son goût pour la musique contemporaine avec des albums tels que « Piano & electronics sounds » et des prestations en tant que soliste autour de Berg, Messiaen et Stravinski entre autres.
Résultat ? Très mitigé.
De manière générale on peut même dire que nous n’avons pas passé une très bonne soirée. Il ne se dégage pas grand chose de tous ses talents présentés sur scène alors que pourtant tous les ingrédients sont là. C’est avec Le Sacre du printemps que cela nous semble le plus frappant. L’œuvre est imposante, puissante, impressionnante. Et pourtant Cedric Tiberghien et surtout Vanessa Wagner, ne nous offrent pas grand chose au-delà de la grande mais froide maîtrise technique de Vanessa Wagner et des quelques tentatives de Cédric Tiberghien de rendre à la pièce ses couleurs. On est tout autant hermétiques à Debussy même si Wilhem Latchoumia nous plaît, présentant une certaine délicatesse de jeu. La Valse de Ravel nous permet de découvrir Marie Vermeulin et c’est ce que nous retiendrons de la soirée. La jeune pianiste est intéressante et pertinente.
La dernière pièce est sûrement la plus intéressante du programme puisque c’est la seule qui permet aux quatre pianistes de jouer ensemble et là l’alchimie prend un peu plus. D’un côté Vanessa Wagner et Cédric Tiberghien et de l’autre Marie Vermeulin et Wilhem Latchoumia, ça fonctionne. La pièce d’Edgar Varèse est compliquée et riche et donne l’occasion aux quatre solistes d’enfin se libérer un peu et de nous montrer leur univers.
Pour poursuivre avec le piano, notre dernier article était consacré à Aldo Ciccolini, à retrouver ici.