Bain de lune de Yanick Lahens,
Publié aux éditions Sabine Wespieser, 2014, 273 pages. Après trois jours de tempête, un pêcheur découvre, échouée sur la grève, une jeune fille qui semble avoir réchappé à une grande violence. La voix de la naufragée s'élève, qui en appelle à tous les dieux du vaudou et à ses ancêtres, pour tenter de comprendre comment et pourquoi elle s'est retrouvée là. Cette voix expirante viendra scander l'ample roman familial que déploie Yanick Lahens, convoquant les trois générations qui ont précédé la jeune femme afin d'élucider le double mystère de son agression et de son identité.Les Lafleur ont toujours vécu à Anse Bleue, un village d'Haïti où la terre et les eaux se confondent. Entre eux et les Mésidor, devenus les seigneurs des lieux, les liens sont anciens, et le ressentiment aussi. Il date du temps où les Mésidor ont fait main basse sur toutes les bonnes terres de la région.
Quand, au marché, Tertulien Mésidor s'arrête comme foudroyé devant l'étal d'Olmène (une Lafleur), l'attirance est réciproque. L'histoire de ces deux-là va s'écrire à rebours des idées reçues sur les femmes soumises et les hommes prédateurs.
Ce roman de Yanick Lahens a reçu le prix Femina 2014. C'était une surprise pour moi de le découvrir au pied du sapin et comme j'aime toujours faire des découvertes et que les critiques dans la presse étaient bonnes, je me suis lancée sans aucune hésitation dans cette lecture. J'en ressors plutôt mitigée. Je ne peux pas dire que je n'ai pas apprécié ma lecture mais elle ne me laissera pas un souvenir impérissable. Je n'ai pas retrouvé l'engouement que ce roman a suscité dans les médias. Mon avis sera donc assez court.
Le roman se déroule à Haïti. C'est une île dont je ne connais pas grand chose à part le terrible tremblement de terre survenu il y a peu. L'auteur retrace la vie d'une famille, les Lafleur, sur plusieurs générations. On suit la vie des uns et des autres au gré des changements de gouvernement, des coups d'état. Comme à chaque fois que je me lance dans une lecture et que je me retrouve perdue " historiquement ", je me renseigne sur Internet pour en savoir un peu plus sur l'Histoire politique et économique de cette île et j'apprends toujours beaucoup de choses. L'auteur tisse en toile de fond l'Histoire de son pays et la mêle très étroitement à l'histoire de ses personnages.
Justement, ses personnages sont assez nombreux même si au final, l'intrigue se concentre sur deux ou trois d'entre eux. Le lecteur fait d'abord la connaissance des Lafleur, famille de cultivateurs sans histoire. Puis la menace de la famille Mésidor se fait vite sentir. Les Mésidor sont les maîtres d'une partie de l'île, Anse bleue. Ils font régner leurs lois par l'intimidation et la violence. Un jour, Tertulien Mésidor tombe amoureux d'Olmène Lafleur. Enfin, " amoureux " est un bien grand mot. Il la désire et veut la posséder. Olmène cède aux sirènes du pouvoir et devient une de ses concubines. Ainsi les Lafleur et les Mésidor se retrouvent liés par le mariage.
A partir de cette union, l'auteur raconte la descendance et la destinée des Lafleur, une famille prise entre un désir de progrès et une volonté de se plier aux traditions ancestrales et conservatrices. A travers cette famille, elle dresse le portrait de jeunes gens qui ne souhaitent qu'une chose: s'exiler sur le continent américain pour y vivre une vie meilleure. Le sort semble s'acharner: quand on naît haïtien, on le reste. L'histoire semble se répéter indéfiniment et finalement rien ne change vraiment dans la vie de ces pauvres cultivateurs. Les gouvernements se succèdent, la violence fait office de loi et tout semble figé. Bref, rien de bien réjouissant.
J'ai aimé découvrir Haïti à travers le récit de cette saga familiale mais je n'ai pas été transportée. Je garderai un souvenir confus de cette intrigue qui mêle l'Histoire avec un grand H à la petite.