La pochette est tellement surréaliste que je n'ai pas reconnu le chanteur et que j'ai cru qu'il s'agissait d'un premier album.
Je l'ai aussitôt glissé dans le lecteur en ne m'intéressant qu'à la voix.
Un timbre particulier, un son plus léger qu'aigu ... et quand j'entends Home maybe just a memory for modern minds je pense au très élégant et mélancolique Chilhood Home de Ben Harper que j'avais présenté sur le blog il y a presque un an.
Les intro sont suffisamment longues pour qu'on en apprécie la beauté et la fluidité. En particulier celle de Lately (piste 8) dont les consonances analogiques me rappellent quelque chose ... Je lui trouve un air de famille avec Like a hobo, ... Je ne vais pas claironner ma "découverte". Charlie Winston est le créateur de ce titre, qui fut un grand succès en 2009, et je n'avais pas fait le rapprochement.
Pire encore, on m'a dit depuis qu'il avait longuement hésité à inclure Lately dans l'album parce qu'il craignait précisément qu'il ne se démarque pas assez du succès précédent. Il a beaucoup hésité à avoir recours aux sifflements si caractéristiques qui étaient devenus sa marque de fabrique. le CD offre deux autres versions en bonus avec piano et harmonica, mais je préfère celle qu'il a finalement retenue.
Ecoutez bien les paroles : "Lately, I've been thinking this could be another soundtrack to your life"… autrement dit : Ces derniers temps, j'ai pensé qu'il pourrait y avoir une autre bande-son, pour décrire ta vie.
Il me semble que l'artiste britannique, né dans les Cornouailles, de parents chanteurs, a réussi à aller plus loin sans se renier. De fait, cet album parle de sa vie d'aujourd'hui qui, maintenant, se passe en ville. Curio city est un album aux contours personnels, au son plus dur, plus pop, et aux ambiances urbaines électroniques plus modernes nimbées néanmoins de poésie.
Entièrement écrit, composé et réalisé par Charlie Winston lui-même, il a été enregistré dans son studio londonien au terme de deux ans de travail que l'on peut considérer comme un de ces objets si particulier d'un cabinet de curiosités.
"J'ai appelé cet album Curio City car chaque chanson explore un quartier différent, explique-t-il. J'ai dû marcher à travers beaucoup de rues et de boulevards, en aucun cas réels, mais imaginaires. J'ai gardé des morceaux de chacune de ces rues musicales pour en faire des chansons. J'ai aussi été très inspiré par les films Blade Runner et Drive pour créer une ambiance étrange et particulière."Le groove du vagabond chic au chapeau en diagonale devient plus introspectif. S'il le porte encore au moment de réinterpréter son grand tube en concert live dans toutes les émissions où il présente son album on peut considérer que le vagabond a fait de la route.
Avec A light (piste 6) sa voix s'élève avec pureté. Juste après Evening Comes laisse filtrer des sons probablement inspirés dans voyage en Inde et des interrogations personnelles que nous partageons avec lui : suis-je le seul à chercher une raison de vivre ?
Curio City, troisième album de Charlie Winston, chez Atmosphériques, dans les bacs depuis le 26 janvier 2015Photo de la pochette : Steph Dray
Photo de l'artiste pour RTL : Romain Boe / Abacapress