Les expositions monographiques ont souvent pour but de nous convaincre du génie de tel ou tel personnage. Mais il est difficile de montrer à quel point le talent et le travail peuvent rendre quelqu’un hors du commun, en le comparant aux performances de tout un chacun. Les pérégrinatrices savent aussi donner de leur personne, et j’ai eu l’occasion récemment de visiter deux expositions très différentes dans lesquelles un dispositif était mis en place pour se comparer aux « maîtres », à savoir Viollet-le-Duc et Eddy Merckx !Se mesurer à Viollet-le-Duc…La première, intitulée « Viollet-le-Duc, les visions d’un architecte », est présentée du 20 novembre 2014 jusqu’au 9 mars 2015 à la Cité de l’architecture et du patrimoine. L’exposition ne s’attarde pas sur les débats qui entourent aujourd’hui ses réalisations, mais cherche à mettre en valeur ses talents d’architecte et de dessinateur.A la fin de l’exposition, une petite enclave nous propose une expérience originale. Viollet-le-Duc avait paraît-il perfectionné sa technique de dessin en s’entraînant dans le noir. Le visiteur est donc invité à faire la même chose. Le recoin est plongé dans la pénombre. Il faut choisir sa place parmi les 5 disponibles (chacune avec un dessin différent), puis mettre un casque audio sur ses oreilles, qui nous guide dans la marche à suivre : passer les mains sur le modèle en relief en cherchant tout d’abord les limites du dessin, puis essayer de cerner les détails.On reproduit ce que l’on pense « voir » avec un stylet sur une feuille de type papier calque, posée sur une plaque de caoutchouc. Une fois le dessin terminé, on découvre la plupart du temps qu’il nous manque beaucoup d’entraînement !Une fiche, disponible à l’entrée de la pièce, montre les modèles. Normalement, on arrive quand même à retrouver lequel était le nôtre.L’expérience est originale, accessible à tous, et tout à fait en lien avec le sujet de l’exposition.… Ou se comparer à Eddy MerckxSe comparer à Eddy Merckx est une épreuve un peu plus extrême… A l’occasion des 70 ans du grand champion cycliste belge, et de son compatriote, le pilote automobile Jacky Ickx, une très belle «double exposition» leur est consacrée au Trad Mart de Bruxelles, à deux pas de l’Atomium.Une partie de l’exposition montre des images, des objets et des témoignages ayant trait au record de l’heure, battu par Eddy Merckx en 1972, qui parcourut 49,431 km en une heure sur le vélodrome de Mexico et qui n’aura été battu ensuite qu’en 2000. Pour prendre la mesure de cet exploit, le visiteur est invité à faire un peu d’exercice. 3 vélos de piste, fixés sur des home trainers, font face à un écran. Le principe est simple : essayer de parcourir en une minute la même distance que celle parcourue par Merckx en moyenne ce jour-là, soit plus de 800 mètres.
On enlève sa veste, on s’échauffe un peu, et on se donne à fond avec les encouragements des autres visiteurs. La minute paraît une éternité, et l’on finit en sueur, bien loin du petit avatar de Merckx (personnellement, j’ai parcouru 620 mètres). Et dire qu’il a tenu une heure comme ça !
Là aussi, la démonstration est claire et on prend vraiment conscience du talent du champion cycliste. L’exercice est un peu moins accessible à tous les publics, un avertissement précise que l’exercice n’est pas à la portée de tout le monde et qu’il ne faut pas hésiter à s’arrêter si on commence à se sentir mal !
Rendre le visiteur acteur…
Voilà deux manières de rendre le visiteur acteur dans l’exposition et de lui montrer, de manière concrète, le
génie des grands personnages.
Et vous, avez-vous testé une approche similaire dans une exposition ?
N’hésitez pas à nous faire part de vos propres expériences !
Pour plus d’informations sur ces deux expositions :
http://www.citechaillot.fr/fr/expositions/expositions_temporaires/25622-viollet-le-duc_les_visions_dun_architecte.html
http://www.merckx-ickx.be/fr/
Par Catherine