La toile est en effervescence. Netflix, le géant américain de la SVOD, a annoncé via le Wall Street Journal, la mise en chantier d’une série exclusive Netflix adaptée de la franchise The Legend Of Zelda. Oui, vous avez bien lu. Geek Tonic se penche sur l’information et vous livre son analyse.
Nintendo, ses licences et les adaptations
The Legend of Zelda, que j’abrégerai désormais en LoZ pour écrire plus vite, est l’une des licences phares de Nintendo. A l’image des aventures de Mario et de sa clique, les péripéties de Link (le héros de LoZ, Zelda c’est la princesse, duh) font partie du panthéon des grands jeux made in Nintendo et l’opus sur Nintendo 64, l’inénarrable Ocarina Of Time, est encore considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands jeux vidéo de tous les temps.
Chez Nintendo, on a l’habitude de chouchouter ses licences et de les garder jalousement. La preuve, Mario n’a pas vécu d’aventures en dehors des consoles Nintendo. Il en va de même pour Link (si on oublie le malencontreux et non-euclidien désastre de The Wand Of Gamelon sur CD-I). Bref, Nintendo aime ses licences.
A deux reprises, Big N s’est départi de sa mainmise sur ses personnages et deux désastres s’en sont suivis.
Well, excuuuuuuuuuse me, princess
En 1989, Nintendo vend les droits de la licence LoZ pour la réalisation d’une série adaptée du fameux jeu. C’est un désastre sans nom. Il n’y aura que 13 épisodes. Si vous en avez le courage, vous pouvez voir le premier épisode en VO ci-dessous.
Cette série fut diffusée en même temps que le dessin animé Super Marios Bros dont on peut « profiter » de la superbe chanson en générique de cet épisode. Profitez.
Voilà, donc c’est de la merde. De cette série, ne survivra réellement que le mème créé par la fameuse catchphrase de Link « Well, excuuuse me princess ! ».
De grands moments d’animation donc.
Super Mario Bros : Le Film
En 1993, Nintendo récidive et produit l’adaptation des aventures de Mario. En film. Oui… Côté pitch, je vous la fais courte. Mario et Luigi sont deux frères plombiers new-yorkais. Un jour, ils se retrouvent dans des égouts qui les conduisent au Royaume des Koopas. Sauf que là, pas de tortues ailées, ni de champignons à l’air agressif mais des créatures affreuses sortis du pire univers cyberpunk jamais né dans les années 90. Je vous laisse vous mettre dans l’ambiance avec la bande-annonce.
Ce qui devait arriver, arriva. Le film est un échec. Notez tout de même qu’il s’agit de la première adaptation d’un jeu vidéo au cinéma. Ce qui a probablement donné naissance à une longue lignée de films merdiques (Doom, Resident Evil…) ou au mieux de films de série B regardables en deuxième partie de soirée un dimanche soir (Tomb Raider, Prince Of Persia…).
Une série TV The Legend Of Zelda
Vous comprendrez donc ma surprise quand j’ai lu que Netflix allait produire une série TV LoZ. J’imaginais que les pontes de Nintendo avaient été refroidis par les échecs successifs des précédentes adaptations. Bien sûr, certaines adaptations de jeux Nintendo fonctionnent bien et durent encore (coucou Pokémon, même si techniquement c’est une licence qui appartient à Game Freaks).
Rentrons donc dans le vif du sujet. Est-ce qu’une série TV LoZ est une bonne idée ?
Une idée de merde pour un échec programmé ?
- Un héros muet : Rappelons-le, Link, le gentil garçon avec ses oreilles pointus et sa tunique verte, est MUET. Il ne parle jamais dans les jeux (à part dans Wand Of Gamelon mais cette daube infâme ne compte pas). Bien sûr, le héros n’est pas muet, littéralement. Mais pour faciliter l’immersion du joueur dans le personnage, Link n’a pas de personnalités. Il est défini par ses actes, qui sont contrôlés par le joueur, et non pas par ses traits d’esprits ou discours enflammés. J’ai donc du mal à voir un acteur se faire recruter pour joueur un héros, certes classe, mais qui ne pipe mot.
- Une timeline bordélique : LoZ c’est toujours le même jeu, mais en différent. Voilà grosso merdo comment résumer cette saga. LoZ c’est un ensemble de codes, d’ambiances et d’aventures qui se répètent à l’infini dans des univers constamment réinventés (et sublimés comme on dirait dans Top Chef). Et puis franchement, la saga compte 16 opus. La question qui se pose est donc : quel univers choisir ? La Plaine d’Hyrule d’Ocarina Of Time ? La même mais en version dark dans Twilight Princess ? Le monde marin de Wind Waker ? Le monde parallèle de Termina dans Majora’s Mask ? Dans tous les cas, une partie des fans serait déçu.
- De l’action mais pas de scénar : Dans LoZ, on a l’archétype du jeu type « Porte-monstre-trésor ». On se voit confier une suite de quêtes qui vont nous conduire dans des donjons, grottes et autres cavernes pour aller défoncer sa sale gueule à un boss. Pour ce faire, on devra déjouer des pièges, résoudre des énigmes, s’emparer d’un ou plusieurs objets et zigouiller quelques sous-fifres à grand renfort de flèches, bombes et autres coups de boomerang. Il y a bien une intrigue globale mais qui consiste généralement à récupérer un certain nombre d’artefacts de type Médaillons, Joyaux ou Orbes pour maraver sa tronche au Big Boss qui est souvent ce bon vieux Ganon. On ne peut pas dire que LoZ brille par son écriture.
Là c’était la partie où j’exposais mes réactions à chaud. Mais si on y réfléchit un peu…
Le potentiel de faire une série épique qui fait rêver dans les chaumières
(oui ce titre est long mais c’est mon blog, je fais ce que je veux)
- Des personnages mémorables : Si on s’éloigne donc de la coquille vide que représente Link, on ne peut pas nier que LoZ a su créer des personnages mémorables (pour le meilleur et pour le pire). D’abord la princesse Zelda. De demoiselle en détresse, elle est devenue une alliée incontournable de Link ne serait qu’en incarnant Sheik dans Ocarina Of Time. Dans Wind Waker, elle le guide à travers toute l’aventure et plus ça, plus son rôle est actif. Zelda ferait une excellente héroïne de sa propre légende. Netflix pourrait choisir de ne pas faire de Link le héros et ce ne serait pas plus mal. Ganon ou Ganondorf est le méchant par excellence. Ténébreux, maléfique, machiavélique, charismatique, il est classe, puissant et retors. Un méchant idéal pour une série TV. Les compagnons d’aventure de Link ont plus de personnalité que lui et feraient d’excellents personnages de séries TV : Tingle (oui bon, il faut un ressort comique), Navi, Midna, Lion Rouge… Tous ont un caractère qui leur appartient. Sérieusement, même la jument Epona est plus intéressante que Link !
« Ouhou, je suis un débile habillé en lutin »
- Un univers riche : Je disais plus haut que la timeline était bordélique. Elle l’est, ce n’est pas la question. Mais elle est extrêmement riche. Libre à Netflix de se forger sa propre époque de la Légende de Zelda en récupérant ce qui lui plaît : Gorons, Zoras, aventures marines, chemin de fer, îles volantes… tout est possible !
L’univers de LoZ exploite régulièrement le voyage dans le temps, voilà déjà un bel axe pour débuter une série (et je ne vous parle pas du potentiel avec les masques qui permettent de se transformer…)
- Des intrigues politiques : Eh bien oui ! Comme on se concentre dans les jeux sur les aventures de Link, on ne goûte pas aux intrigues de cours et aux complots que fomentent Ganon et ses sbires contre Zelda et son père de Roi. Il y a ici aussi un potentiel tout à fait intéressant pour développer un « Game Of Thrones familial » (comme l’explique Netflix dans son communiqué)
« Bonjour, je suis méchant et roux. »
En bref
Je ne sais pas si mes arguments vous ont convaincu. En tout cas, cette histoire me fait assez envie. Si Netflix tire son épingle du jeu avec une adaptation suffisamment libre pour être intéressante et que le rôle de Link est supprimé ou remanié (en gros, il dégage ou il apprend à parler), il y a fort à parier que cette série devienne une réussite.
Et puis, Netflix ne nous pas vraiment déçu avec ses séries maisons. Je ne sais pas pour vous, mais je suis un grand dans d’Orange Is The New Black et on me dit grand bien d’House Of Cards, deux productions Made In Netflix…
Affaire à suivre donc ! Et vous ? Vous en pensez quoi ? Des idées pour le casting ?