Lundi 26 janvier 2015.
Le samsah La Racine de la rue d'Oran en danger.
L'équipe du SAMSAH tient à témoigner et alerter sur les événements que nous sommes en train de vivre. Nous allons tenter de formaliser ce qui se passe et expliquer ensuite notre fonctionnement actuel que nous tenons à défendre.
La direction nous annonce que l'équipe va déménager, elle va louer des locaux plus loin, mais dans le quartier. Le conseil général a donné son aval. Il s'agit notamment de rendre accessible les locaux aux personnes handicapées (ce qui n'est certes pas le cas actuellement).
La Sauvegarde 13 ne louera donc plus de locaux au sein de l'immeuble où habitent les bénéficiaires. Dans une logique de partage du territoire, il est aussi question que ce SAMSAH prenne en suivi les personnes du 4eme arrondissement. Il serait aussi question d'arrêter de suivre les personnes résidant dans le 1er.
La disparition de la salle commune, notre outil de travail principal pour créer de la rencontre et pouvoir accéder à l'intérieur des appartements sans être trop persécutant, et la fin de notre présence quotidienne, nous inquiète quant au devenir des locataires de cet immeuble. Avec l'expérience, nous pouvons témoigner que les moments d'absence de l'équipe (les weekends, les vacances, le manque de personnel…) ont des effets délétères et rapides sur l'état des locataires, les gens ne sortent plus de chez eux ou se font envahir, le risque de squat existe en raison de la vulnérabilité des personnes, l'immeuble l'a pu l'être dans les périodes où nous avons été absents, les intervenants divers (infirmiers libéraux, livreurs de repas, agent de ménage..) ne peuvent plus entrer pour assurer leur travail. Les locataires décompensent, ils sont pour certains en état d'incurie, en état d'agitation ou de repli, en rupture de soins.
Tout aussi alarmant, la direction nous annonce que les prises en charge au long cours, sur plusieurs années, ne sont pas (plus) notre mission. Le décret d'application de la Loi 2005 prévoit pourtant cette accompagnement sur du très long terme. Il faudrait maintenant travailler avec des mesures MDPH courtes et non renouvelables, puis mettre fin à l'accompagnement. Nous savons bien que cela ne correspond pas au temps nécessaire pour les patients psychotiques, pour créer du lien et accepter notre présence auprès d'eux. La notion de handicap psychique est suffisamment floue pour permettre aux services médico-sociaux d'accompagner des publics très différents : personnes souffrant de maladie mentale sévère, personnes souffrant de déficience légère ou grave. Et nous voyons bien les différences qu'implique l'accompagnement de publics n'ayant pas du tout les mêmes besoins. La direction de La Sauvegarde 13 souhaite-t elle ne plus accompagner des personnes souffrant de pathologies psychotiques sévères ? Ce service renvoie les malades à l'hôpital psychiatrique et l'hôpital renvoie vers le médico-social. Nous tirons la sonnette d'alarme sur la prise en charge quotidienne de ces patients.
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