Le Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité vient d'émettre un avis défavorable concernant la destruction des zones humides de Notre-Dame-des-Landes par la construction d'un aéroport.Ce projet, écrit-il, aura un impact « très important » sur cet ensemble, « très original », un de ces agro-écosystèmes « en voie de disparition sur l'ensemble de l'Europe de l'Ouest, précieux par leurs fonctions écologiques et leur richesse en biodiversité ».Selon le conseil, « les possibilités de compensation apparaissent très restreintes ».Au sein du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, ce conseil est composé de 25 experts, qui émettent des avis scientifiques.Ils sont destinés à éclairer les choix politiques, à la demande du ministre, ou de sa propre initiative.http://www.ouest-france.fr/notre-dame-des-landes-avis-scientifique-negatif-3178037
Les associations France Nature Environnement, Bretagne Vivante - SEPNB, la Coordination Régionale de la LPO Pays de la Loire, FNE Pays de la Loire, Eau et Rivières de Bretagne et SOS Loire-Vivante – ERN Francesouhaitent agir contre les autorisations délivrées par le préfet de Loire-Atlantique pour mettre fin au massacre de la biodiversité auquel conduirait la réalisation du projet.
Contre le sacrifice d’une zone humide d’exceptionA l’heure de l’urgence écologique, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, s’il est construit, entraînera la destruction à la fois d’un bocage très bien préservé et d’un espace situé entièrement en zone humide.
Pour rappel, plus de deux tiers des zones humides françaises ont été détruites en un siècle ! Quant aux espaces bocagers, ils sont également rongés par l’urbanisation et l’agriculture intensive… Et pourtant ! Ces zones ont un écosystème remarquable. Pour preuve, sur les 1200 hectares promis à la destruction existent plus de 100 espèces protégées différentes et plusieurs milliers de spécimens de certaines ! C’est bien à un massacre de la biodiversité que conduirait la réalisation du projet.
La zone humide de Notre-Dame-des-Landes présente aussi la particularité d’être située en tête de 3 bassins versants et riche de ses liens naturels et corridors biologiques entre deux grands bassins fluviaux : la Loire et la Vilaine. Les fonctionnalités écologiques de la zone sont multiples : contribution à la qualité des eaux situées en aval, fonction d’éponge, limitation des inondations… La réalisation de l’aéroport conduirait à la destruction du « château d’eau » de ce secteur.
Un détournement des principes des mesures compensatoiresNotre action en justice est fondée sur le refus de laisser passer en force une méthode de compensation écologique pourtant désavouée par un collège d’experts scientifiques.
Avant de procéder à la destruction de la zone humide et des espèces qui l'habitent, les porteurs de ce projet doivent démontrer qu’ils ont les moyens de la compenser. Compenser, c'est recréer ou restaurer ailleurs ce qui sera détruit.
Dans le cas présent, non seulement les mesures compensatoires prévues sont insuffisantes, mais la démarche adoptée est purement expérimentale, ne permettant aucune traçabilité ni suivi satisfaisant. L'être humain demeure toujours incapable de reconstituer de façon équivalente un écosystème complexe dont il entreprend la destruction. Sans oublier que pour compenser de façon adaptée, il faut au préalable effectuer un état des lieux complet de l’environnement du site ce qui n’est pas le cas ici.
Le collectif des « Naturalistes en Lutte » dans lequel les militants de nos associations sont très actifs, a mis en évidence que les porteurs de projet avaient gravement sous-estimé la qualité écologique du site. Les porteurs de projet ont même « oublié » la présence de certaines espèces protégées ! Le collège des experts indépendants spécifiquement missionnés par la préfecture de Loire-Atlantique sont arrivés à la même conclusion. Le Conseil National de Protection de la Nature recommandait la réalisation d’inventaires complémentaires sur deux ans.
Aucun de ces avis n'a été pris en compte par la préfecture de Loire-Atlantique. Il a été autorisé de procéder à la destruction des milliers de spécimens de plus de cent espèces protégées différentes.
Un projet économique d’un autre temps !À l’heure de l’optimisation des infrastructures existantes et de la modération des moyens de transport énergivores, les porteurs du projet de NDDL négligent l’existence d’un aéroport suffisamment performant et grèvent inutilement le budget de la modernisation des lignes ferroviaires.
En raison de la très forte diminution des zones humides à l’échelle nationale, les porteurs d'un projet, lorsqu'ils veulent porter atteinte à ces milieux, doivent démontrer qu'il n’existe pas de meilleure solution d’un point de vue environnemental. Dans le cas présent, la possibilité d’une alternative et notamment celle d’une modernisation de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique n’a jamais été sérieusement étudiée.
Les porteurs de projet affirment de façon systématique que la capacité de l’aérogare de Nantes-Atlantique ne pourrait être portée au-delà de 4 millions de passagers par an. Selon une une étude réalisée en 2013 par la Direction Générale de l’Aviation Civile la capacité de l’aéroport pourrait être portée à 9 millions de passagers par an. Il s’agit du trafic espéré par les porteurs de projet pour… 2060 ! D’ailleurs, dans la demande officielle de permis de construire présentée par AGO, l’aérogare de Notre-Dame-des-Landes est plus petite que celle de Nantes-Atlantique : paradoxal.
Un réaménagement serait nettement moins coûteux et selon un bureau d’étude néerlandais indépendant plus générateur de richesses pour la France que la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Un projet contraire au droit de l’Union Européenne qui risque de coûter cher à la France…La mise en service du nouvel aéroport est accompagnée de la réalisation de plusieurs aménagements annexes à fort impact environnemental. Les porteurs de projet doivent dès lors analyser l’impact global de l’opération sur l’environnement ce qui n’a pas été le cas.
Une réclamation a été adressée par nos associations à la Commission des pétitions du Parlement européen en 2012. En 2013, cette commission nous a entendus à deux reprises. Après enquête, la Commission européenne a ouvert une procédure d’infraction contre la France, pour violation du droit de l’Union Européenne, et l’a mise en demeure de régulariser sa situation en reprenant l’ensemble des études environnementales. À défaut, un nouveau contentieux pourrait amener la France devant la Cour de Justice de l’Union Européenne, sanctions financières à la clé.
Nos critiques n’ont pas été entendues par les décideurs. Pour cette raison, nous avons été contraints de saisir la justice à plusieurs reprises : recours devant le tribunal administratif de Nantes contre les deux autorisations « loi sur l’eau », et les deux autorisations « espèces protégées » accordées par le préfet de la Loire-Atlantique en décembre 2013. La voie judiciaire est aujourd’hui une étape nécessaire pour contrer ce projet dévastateur.http://citizencase.org/projet/contre-nddl/