Edith, reine des Saxons
Regine Sondermann
Édition Amazon, 2014
Traduit par Karine Voigt
212 pages
Genre(s) : Historique
Résumé : « Vous voulez m'aimer, mais vous ne me connaissez pas ». C'est par ces mots que la Reine Édith commence son récit, qu'elle nous adresse aujourd'hui la parole, à plus de mille ans de distance. L'auteur magdebourgeoise, Regine Sondermann transporte le lecteur dans un Moyen-Âge encore jeune, aux côtés d'une femme, dont on ne connaissait jusqu'à présent que peu de choses. Elle mourut à trente-six ans et fut enterrée dans la cathédrale de Magdebourg où ses ossements ont été retrouvés dans un petit cercueil de plomb, en l'an 2010. L'auteur a trouvé dans les sources historiques, les livres d'histoire et ses entretiens avec archéologues et historiens de petits morceaux de cette courte vie, qu'elle a patiemment assemblés et remis en place, comme un bol ancien brisé il y a très longtemps. Lire l'histoire d'Édith et de sa famille, c'est voyager dans des contrées inconnues, qui nous paraissent si proches, et se trouvent pourtant infiniment loin, c'est découvrir des moeurs tantôt archaïques, tantôt cruelles et la croyance profonde guidant et réconfortant nos ancêtres, livrés impuissants aux guerres, famines et maladies.
Mon avis :
Il y a quelques semaines, Karine Voigt (la traductrice de ce roman) m'a contactée pour me proposer d'en faire une chronique, appréciant plutôt les livres historiques j'ai accepté sans hésiter, et malgré un ou deux bémols cela a été une bonne découverte.
Durant un peu plus de 200 pages nous suivons Edith, de sa naissance jusqu'à sa mort. Née en Angleterre au Xème siècle, éduquée et cultivée, elle est envoyée en Germanie pour se marier avec Otton, le futur roi, si les premiers instants ensemble semblent prometteurs, la suite du mariage ne va pas se révéler idyllique. Edith devra régner en jonglant entre un mari rustre, un entourage très peu digne de confiance et même dangereux, et un pays aux traditions très éloignées de ce qu'elle connaissait jusqu’alors...
Ne m'y connaissant pas des masses en histoire allemande, l'histoire d'Edith m'était complètement inconnue, même son nom ou celui de son mari ne m'évoquait rien et cela a été l'occasion d'en apprendre pas mal sur la vie de ces deux souverains sans tomber dans la leçon d'histoire bien pompeuse, Edith a eu une vie plutôt courte (elle n'a vécut que 36 ans) mais bien remplie, même lorsque l'intrigue se concentre sur les affaires d'Otton, Edith n'est pas laissée en retrait et y prend sérieusement part, malgré la différence de traitement à l’égard des femmes entre son pays d'origine et son pays d'adoption, Edith n'a pas eu peur de s'imposer et de jouer son rôle dans les affaires politiques du pays.
J'ai aussi apprécié de voir "l'après Edith", notamment les hommages qui lui sont rendus, où on se rend compte qu'elle était aimée et où on apprend ce que devient sa famille une fois qu'elle n'est plus là, c'est plutôt court mais c'est un plus qui a son utilité...
Pour parler un peu des protagonistes; Edith est une figure très intéressante à suivre et très touchante, de jeune fille innocente pleine d'espoir elle devient une reine malheureuse inquiète en permanence pour sa survie et il y a de quoi, entre son mari qui la menace de temps à autre et sa belle famille qui se déchire pour s'emparer du trône, elle n'est pas sure de ne pas finir avec une dague dans le cou, pourtant elle reste forte sans devenir froide.
Et le récit étant à le première personne, on peut vraiment ressentir ce qu'elle ressent et l'attachement envers elle est renforcé.
On ne peut pas en dire autant pour son entourage, Edith était entourée par une sacrée bande de fumiers, les personnages sympathiques ne sont pas très nombreux dans ce livre et on a un peu tendance à vouloir tous les voir crever !
Mais finalement la seule chose m'ayant vraiment chagrinée est la brièveté du récit, on ne s'attarde pas tellement sur les évènements et il y un certain nombre d'ellipses, cela laisse un peu un goût d'inachevé et c'est dommage, je n'aurais pas craché sur une centaine de pages supplémentaires pour développer un peu plus tout cela; cela-dit c'est peut-être voulu par manque d'informations sur Edith et pour éviter de broder autour et dans ce cas je comprendrai ce choix !
Bref, une jolie lecture, très intéressante, et si j'ai l'occasion je ne manquerai pas de lire autre chose sur cette reine. Merci encore à Karine Voigt et à Regine Sondermann pour cette découverte !
Ma note :