Dernièrement, je me suis attablé dans une terrasse de café sur l’avenue Mohamed V à Marrakech avec un ami propriétaire d’un Riad dans la médina et acteur du tourisme depuis plusieurs décennies opérant sur le terrain et très proche de la clientèle touristique.
L’atmosphère qui se dégageait de cette avenue mythique du Guéliz, était empreinte de quiétude avec le déambulement incessant de touristes nationaux et étrangers que ne semble pas troubler outre mesure, le passage régulier des trois éléments du groupe HADAR.
Le centre commercial voisin ne désemplit pas en cette période de soldes et la clientèle, très hétéroclite encore une fois autochtones et touristes, s’affaire dans les magasins.
Devant un bazar nouvellement ouvert, un va et vient d’autocars qui déversent des groupes de touristes retraités. Des allemands pour la plus part qui ont choisi de faire le circuit des villes impériales avec un Tour Opérateur spécialisé.
Des scènes bien ordinaires pour une ville touristique, un jour de semaine.
Mais il y a un bémol!
Nous sommes loin des chiffres réalisés les années précédentes aux mêmes dates. Une baisse très sensible notamment des marchés traditionnels et plus particulièrement le marché Français. Et on s’accorde tous à dire, que cela est dû principalement aux actes terroristes commis en Algérie, en France et en Belgique qui ont créé une sorte de paranoïas et surtout un amalgame qui s’est traduit par une méfiance vis à vis des destinations musulmanes( Turquie, Egypte, Tunisie et Maroc).
Oui, il faut se rendre à l’évidence, nous sommes victimes de notre obédience et valeur aujourd’hui, nous restons suspects aux yeux d’une population qui pour le moment ne veut prendre aucun risque. C’est hélas la triste vérité.
La question que l’on doit se poser aujourd’hui, c’est quelle attitude adopter pour changer leur perception? Personnellement, je ne pense pas qu’en bradant les prix ou en faisant de la publicité institutionnelle on puisse rétablir la confiance. La situation actuelle n’a rien avoir avec le prix de nos prestations ou la beauté de nos paysages, elle a avoir avec l’image que se font de nous les touristes de l’autre rive de la méditerranée.
De même que je ne pense pas qu’en faisant des déclarations sur la baisse des arrivées et des nuitées, nous puissions redresser cette situation.
Je ne pense pas non plus que cela soit le fait de l’état des relations entre le Maroc et la France, la majorité des touristes potentiels n’en font pas cas, et les médias français n’en font pas leur une.
Il reste que nous avons une carte à jouer, celle de communiquer sur des scènes ordinaires qui mettent en avant le vivre ensemble de tous les jours. Il y a aujourd’hui au Maroc une grande population d’expatriés qui ont choisis de faire leur vie ici. On les trouve dans toutes les activités et plus particulièrement dans le tourisme. Sur les 1455 riads ou maison d’hôtes que compte le parc hôtelier national, plus de 90% appartiennent à des expatriés qui croisent tous les jours des musulmans, vivent prés des mosquées, s’approvisionnent dans les souks et ne sont nullement dérangés par le muezzin à l’aube.
Pour ceux d’entre eux qui ont la foi, ils fréquentent assidûment l’église, qui est juste devant une mosquée, mangent du porc, boivent du vin et s’habillent comme bon leur semble sans que cela ne dérange qui que ce soit. Leurs enfants fréquentent des marocains de leur âge et n’ont aucun problème d’assimilation.
Nous devrions nous employer à communiquer sur cette réalité marocaine pour éclairer l’opinion publique européenne sur le vivre ensemble. Le tourisme n’a pas de frontières et nous n’avons pas à nous justifier sur nos croyances.
Nous continuerons à souhaiter la bienvenue à nos visiteurs, qu’il soient nos ambassadeurs pour dissiper les craintes n’en déplaise aux Zemmour, Houellebecq et autre Finkielkraut.