Depuis l'entrée en vigueur des premiers textes officialisant le statut de la finance participative en France, les plates-formes se multiplient à grande allure tandis que les approches se diversifient, à la recherche des recettes du succès. Une tendance qui prend de l'importance et esquisse peut-être ce que seront les leaders de demain est représentée par des solutions hybrides, dont Finsquare constitue l'un des exemples les plus récents.
Le modèle retenu par la jeune pousse hexagonale – dont les portes (virtuelles) ont ouvert en décembre dernier – repose sur le principe du crédit P2P (de « pair à pair »). Classiquement, les particuliers peuvent donc y prêter leur argent aux petites entreprises qui – via la présentation de leurs besoins et de leurs projets – parviennent à les séduire. La proposition de valeur est tout aussi habituelle, entre financement de l'économie locale et rendement attractif pour les uns et accès simplifié au crédit pour les autres.
Finsquare ne s'en tient cependant pas à cette vision désormais presque banale. Dès l'origine, son actionnaire de référence, H2O Participations, lui a inspiré une deuxième orientation. Ce spécialiste du développement d'entreprises dans le secteur financier, et plus particulièrement dans la gestion d'actifs, a ainsi une ferme volonté d'introduire le crowdfunding au cœur de ses métiers. Plusieurs initiatives, dont la création d'un fonds de 150 millions d'euros, viennent confirmer cette ouverture.
C'est par l'intermédiaire de la structure H2O Asset Management que l'opération sera (prochainement) mise en place. Elle consistera en une titrisation d'une partie des créances de la startup, complétant son catalogue de fonds d'investissement avec une offre de placement – à court terme – originale, aux performances supérieures à celles des produits traditionnels. Pour Finsquare, il s'agit d'une opportunité extraordinaire de développer ses capacités de financement et attirer de la sorte les emprunteurs potentiels.
En parallèle, une autre filiale du groupe H2O Participations, Maupassant Partenaires, a déjà intégré un accès direct aux prêts P2P au sein de sa plate-forme de distribution, utilisée aujourd'hui par 650 professionnels du conseil financier (CGPI). La totalité du spectre de l'investissement est donc couverte, depuis la gestion individuelle de l'épargne, autonome ou accompagnée, jusqu'à la gestion collective. Ce positionnement large fait indiscutablement de Finsquare un acteur qui devrait compter, à l'avenir.
Le crowdfunding en est encore à ses balbutiements mais il devient évident que l'équation économique des solutions est pour le moins incertaine. Il semble donc probable que le marché bascule de plus en plus vers des modèles hybrides, à l'image de celui qui fait le succès de Lending Club aux États-Unis. Ce virage représente une opportunité pour des acteurs historiques d'aborder un secteur émergent prometteur. Après la banque (cf. Groupama), la gestion d'actifs est une candidate naturelle à ce genre de diversification…