Maintenant que je commence à avoir un nombre significatifs d'abonnés sur Twitter (surtout depuis ces dernières semaines où mon nombre de followers a augmenté de façon exponentielle, j'en profite pour remercier les tout juste 3000 qui me suivent j'en profite pour faire la pub et vous donner le lien tant qu'à faire), je dois encore plus que jamais faire attention à ce que j'y dis, surtout lorsque je poste un commentaire à chaud d'un film que je viens de voir.
Ainsi, après avoir rattrapé en DVD "Le procès de Viviane Amsalem", le dernier film en date du duo frère soeur de cinéaste isralién Ronit et Somit Elkabetz ( qui est sorti en DVD en décembre dernier chez Blaq Out) , j'ai twitté un peu trop à chaud que le film était "un reflet particulièrement déprimant de la condition de la femme en Israël".
Quasiment dans la foulée de ce tweet, plusieurs personnes m'ont immédiatement- gentiment- repris de volée en me disant que cette interprétation du film n'était pas vraiment exacte et que Ronit et Slomi Elkabetz ne dénonçaient pas le coté rétrograde de la société israelienne dans son ensemble, mais qu'une infime partie.
Pour eux, ce n'est que dans les mariages régis par le droit orthodoxe que les rabbins peuvent y prononcer la dissolution d’une union, et ce avec le plein consentement de l’époux, et aucunement dans la grande majorité des mariages qui se déroulent dans le pays, vu que la société israélienne, est, selon eux, plus matriarcale que la moyenne..
Si une grande majorité d'articles que j'ai pu lire sur le film et sur le sujet ne sont pas aussi péremptoires définitifs que mes twittos sur cette question, il est normal de ne pas être approximatif sur ce sujet (sur aucun sujet bien sûr, mais peut-être ce genre de sujet en particulier) et j'admets donc que le film n'est pas le reflet de toute la société israélienne mais seulement lorsque le divorce est géré devant les tribunaux rabbiniques qui privilégient systématiquement les intérêts du mari au détriment de la volonté de son épouse.
Cela étant, et comme c'est souvent le cas avec une bonne partie du cinéma israélien , "le Procès de Viviane Ansellem" apporte un éclairage assez difficile à comprendre pour les laïcs que nous sommes en majorité, tant les facettes d'une société tiraillée entre modernisme et tradition séculaire sont encore souvent présentes. Car qu'on le veuille ou non, ces sociétés où la religion est un passage obligé complique sérieusement la place de la femme et les droits qu'ils lui sont dévolus.
Car qu'on le veuille ou non, et les bonus du DVD qui voient les cinéastes expliquer le projet le montre bien, à travers ce huis clos se tenant dans une salle d’audience où une femme tente, durant cinq ans, d’obtenir le divorce, c’est quand même une société dans laquelle la femme n’a que peu de droits qui est dans le viseur des cinéastes .
Après Prendre femme (2005) et Les Sept Jours (2008), les frère et soeur Ronit et Shlomi Elkabetz poursuivent l'examen du même couple, composée de Ronit elle même et de l'excellent Simon Abkarian, et en choisissant le huis clos total pour raconter son histoire, le réalisateur donne une impression d’enfermement à l’image justement de cette société incontestablement archaïque.
Si le film met un tout petit peu de temps à se mettre en place, au fur à mesure que les témoignages de proches affluent, le film devient passionnant et jubilatoire, tant cette galerie de personnages en dit long sur la société israélienne vue de l’intérieur, le poids de la religion , et les subtiles différences de classe qui en découlent...
Petit à petit, plus que le procès du couple, on assiste à un formidable exercice d'introspection des différents protagonistes venus témoigner et finalement poussés dans leurs retranchements par l’avocat de Viviane.
Au plus près des visages et des âmes, on est fasciné par la beauté proche du picturale de Ronit Elkabetz qui parvient nous captiver en étant quasiment silencieuse d’un bout à l’autre, pas loin d'une Gena Rowland à qui on pense énormément. Savoir que ces deux personnages assistent quasi impuissants à leur destinée est une des très belles idées de ce huis-clos absurde et passionnant film à la fois filmé comme un thriller ou une tragédie.
Et même si j'en remets une couche par rapport à mon début d'article, le film plaide mieux que toutes les revendications féministes possibles et imaginables en faveur d'un reconnaissance urgente de la place qui doit être laisse aux femmes dans les sociétés, quelqu'elles soient.
GETT, LE PROCES DE VIVIANE AMSALEM - Bande annonce
Date de sortie en DVD : 02/12/2014.