Il y a comme cela des initiatives discrètes de quelques passionnés qui méritent d'être mises en avant.
Mathieu Dibon, bordelais de naissance - personne n'est parfait - ayant fait ses armes dans le grand monde des châteaux grâce à la cave d'un Père comme on en fait plus, a créé un Club informel qui se réunit régulièrement autour de dégustations "demi-aveugle" suivies d'un bon déjeuner sans aucune prétention. Nom de ce Club : PETIT VERDOT.
On ne se refait pas… :-) , quand bien même ses membres sont également familiers - si, si - avec des pinot, chenin, riesling et autres nebbiolo. Ouf !
On s'est trouvé ainsi, hier samedi, dans un paquebot impressionnant totalement dédié au vin de bordeaux, la Brasserie Bordelaise, une maison reprise par un ancien de La Tupina qui a tout compris de ce que demande l'honnête et économe citoyen aquitain, soucieux de bonne viande mise en maturation, de prix acceptables par sa douce moitié, et de vins solidement ancrés à deux chiffres. Bon, il y a aussi des classés à trois chiffres. Mais ils ne sont pas majoritaires, loin de là.
L'établissement (plus de 220 places) a l'extrême gentillesse de facturer des prix plus doux en mode "épicerie"… avec droit de consommation sur place si c'est un cadeau pour la table. Je sais, c'est subtil comme approche mais c'est du réel !
Quelques topettes du jour Arrivé en retard, en pleine phase studieuse de quelques blancs d'origines diverses, on est impressionné par le sentiment de respect de chacun pour autrui, un sens de l'écoute, une certaine humilité dans les propos, bref, une harmonie véritablement palpable. Impressionnant. Si loin des chapelles guerrières qui se lisent ici ou là.On s'est fait tout petit dans un coin, on a dit bonjour avec sourire aux dames dont une jouvencelle qui apprend beaucoup avec Jean-Pierre Giraud et une dame m'ayant reconnu qui était l'assistante de Monsieur Luxey, du temps des grandes heures ! Emotion. Il y avait même une dame venue de Belgique et quelques parisiens habitués à ces réunions régulières du Club. Quelques vins dégustés : Le cru du redoutable Jean-Michel, Deiss pour les intimes, était l'évidence même des finesses alsaciennes là où d'autres crus de Chablis (Dauvissat bien trop jeune) ou de Meursault (peut mieux faire) étaient moins capables de susciter un enthousiasme de même calibre (dernière bouteille à droite). Pour le casse-croûte, belle surprise avec le Frank Phélan 2008 des frères Gardinier, tout en rondeur délicate, sans surcharge de quelque nature, et sans maigritude asséchante comme il y en a encore trop en bordelais. Et deux crus simplement superbes ce jour là : Haut-Carles 2005, avec une puissance majestueuse, classieux comme pas deux, et un Clos Puy Arnaud 2005 (pas sur la photo) éblouissant d'équilibre, de belle longueur, de plénitude sereine. Le type même de vins où le commentaire est inutile. Il n'est que temps pour l'amateur de prendre RV dans ses deux propriétés et faire quelques emplettes, fan de zou ! Ni chez l'un ni chez l'autre, on ne vous dira que c'est le négoce qui achète tout et donc qu'on ne vend pas au quidam amateur faisant l'effort de se déplacer. Négociez poliment, discrètement, et associez à vos achats propres ceux de quelques amis pour que la commande soit conséquente, et le tour est joué ! Enfin, sans faire sa chochotte, Mathieu avait prévu un Roilette totalement en phase avec sa réputation d'un vin qui se siffle la bouche en coeur, l'oeil pétillant de bonheur, et avec ce discret claquement du palais pour montrer sa totale satisfaction. Bon, ce que j'en dis, hein… A chacun ses goûts :-)