[Critique] THE SIGNAL

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : The Signal

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : William Eubank
Distribution : Brenton Thwaites, Beau Knapp, Olivia Cooke, Laurence Fishburne, Lin Shaye, Sarah Clarke…
Genre : Science-Fiction
Date de sortie : 4 février 2014 (DTV)

Le Pitch :
Génies de l’informatique étudiants au MIT, Nick et Jonas entreprennent un road trip à travers le sud-ouest des États-Unis, accompagnés par Hailey, la petite amie de Nick. En route, ils perçoivent le signal d’un cyber pirate qui tente d’attirer leur attention. Entraînés dans une zone absente des cartes, les trois amis sont alors victimes d’un traquenard et tombent entre les mains de mystérieux individus…

La Critique :
The Signal débute comme n’importe quel drame adolescent estampillé cinéma indépendant américain. Le film a d’ailleurs été présenté au Festival de Sundance l’année dernière, comme pour bien confirmer qu’il ne s’agissait pas là d’un énième trip bas du front destiné seulement à un public étudiant. Le problème, c’est que le réalisateur, William Eubank, insiste par contre beaucoup trop sur l’originalité présumée de son film, sans pour autant chercher à se limiter à autre chose qu’à appliquer studieusement des codes bien connus des amateurs.
Cela dit, le début du long-métrage intrigue. L’image est pastel et mélancolique et répond très bien au spleen qui semble habiter les trois protagonistes. Les deux gars sont de bons vieux geeks, l’un d’entre eux est malade et la copine de ce dernier est certes jolie, mais ne correspond par pour autant aux stéréotypes de la cheerleader typique. Comme tout bon drame qui se respecte, The Signal introduit d’abord les problèmes et les préoccupations de ses personnages, sans trop se préoccuper du corps même de son pitch, avant de les plonger dans un univers déformé, et ainsi d’introduire enfin la science-fiction dans l’équation.
Classique, prévisible, mais plutôt efficace, la première partie a au moins le mérite de préparer convenablement le terrain à la seconde, à défaut de traduire une quelconque audace. Dommage alors que ce manque d’audace caractérise finalement l’ensemble du projet…

Qui a vu District 9 ne manquera pas de faire le lien avec The Signal. Eubank a bien bossé et semble admirer le boulot de Neill Blomkamp, auquel il pique le principal ressort narratif autour duquel tourne toute la seconde partie de son long-métrage. Sans vouloir dévoiler justement cet espèce de twist, disons que la filiation est évidente, et que jamais Eubank ne parvient simplement à cligner de l’œil en direction de Blomkamp. Son boulot, bien que tout à fait honorable et respectueux, sonne plutôt comme une réappropriation un peu trop opportuniste.

Pour autant, The Signal ne pille pas Blomkamp et d’autres cadors de la science-fiction, sans tenter d’explorer ses propres voies. Il n’y arrive pas toujours, mais il essaye. L’histoire paranoïaque, très old school dans l’âme, de The Signal, distille une ambiance relativement bien travaillée, si on tient compte du maigre budget. Privé de sortie en salle, le métrage fait office de Direct-To-Video de luxe et malgré ses nombreuses références, ne cherche pas non plus à péter plus haut que son cul. À tel point que l’on se prend parfois à penser que le projet aurait gagné en puissance via un format court-métrage, qui aurait décuplé la force évocatrice et la puissance du propos. En l’état néanmoins, ce trip tournant vaguement autour des aliens, rappelant un peu La Quatrième Dimension ou même The X-Files, fait office d’agréable divertissement. Les effets-spéciaux, discrets, sonnent juste, et les acteurs font le job en incarnant avec conviction des personnages simples mais crédibles. On retrouve notamment, et si on s’en tient aux têtes connues, Laurence Fishburne dans un rôle monolithique mais suffisamment inquiétant et pertinent, ou encore Olivia Cooke, une transfuge de la série Bates Motel, en pleine (modeste) conquête du septième-art.
The Signal va jusqu’au bout, sans trop forcer, en démontrant du savoir-faire d’un réalisateur appliqué mais un peu trop sage. La dernière séquence démontrant justement, un peu tard peut-être, ce savoir-faire, avec une flamboyance que l’on aurait aimé voir plus tôt, même si au fond, il n’est jamais trop tard.
Les ficelles sont certes voyantes, mais rien n’interdit de croire à ce road movie fantastique moins atypique qu’il ne veut bien le prétendre, mais bien emballé et incarné.

@ Gilles Rolland

Créditis photos : Wild Side

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