Le 11 janvier, date ambivalente. Il suffit juste de voir qui était en tête du défilé des politiques que ce n'était sans doute pas une manif pour la liberté d'expression. Il suffit de voir également ces mouvements de frilosité qui ont vu interdire des films, pièces de théâtre, expos après cette date. Il suffit de se rendre compte du nombre de gens qui peu à peu n'étaient plus Charlie, enfin, plus tout à fait. Il suffit d'écouter les gens qui commençaient par dire "Je ne cautionnerai pas de crime effroyable", mais...
Ce jour-là fut à mon sens la marque d'un basculement. Quelque chose montré du doigt et déjà plus là, comme le début d'une longue période de deuil et d'obscurantisme. La folle naïveté issue des années 68 s'est dissoute ici dans la montée moralisante des religieux, des idéologues, des éditorialistes. Le 11 janvier marque l'avènement d'une nouvelle époque victorienne où plus rien ne sera innocent, où tout geste humoristique ou artistique se trouvera face au mur de la censure collective, sans doute la pire.
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