Les couvreurs ont généralement bonne presse et les livres spécialisés en couverture ne manquent pas : faîtages, toits de Paris, toits végétalisés, pose de l’ardoise… Ici ce sont les particularités régionales françaises à travers le compagnonnage et sa spécificité du voyage qui sont présentées et copieusement illustrées. Encore de nos jours, le tour de France proposé par les compagnons offre un intérêt certain pour les couvreurs, dits aussi les « coucous », qui, selon les identités régionales, posent de l’ardoises bretonne, du zinc parisien, de la tuile alsacienne ou encore de la lauze aveyronnaise. Les compagnons couvreurs du Devoir font la démonstration d’un métier riche et diversifié en publiant aux Éditions de Monza un ouvrage intitulé Compagnon couvreur – Le Tour de France des toits.
Une vingtaine de matériaux, dont l’usage est géographiquement limité pour certains, sont présentés suivant les régions, autour du métal, de la pierre, du bois, de la terre cuite et des végétaux. Cette liste s’est récemment augmentée des bardeaux bitumés, de la fibre ciment, du plastique et du composite. Car il est également question de l’évolution du métier de couvreur, dont les enjeux sont au sommet des préoccupations énergétiques (plus de 35 % des déperditions se font par la toiture). Cette profession n’est donc plus exclusivement tournée vers l’extérieur (pluie, vent) mais aussi focalisée sur l’intérieur (bruit, chaleur, isolation).
Si la sécurité liée à la pente peut sembler une contraire pour le couvreur, celle-ci est compensée par les enjeux de performances et d’architecture innovante exemplifiés par des chantiers impressionnants sur lesquels des compagnons de notre début de XXIe siècle ont travaillé : ancienne gare sud de Nice, immeubles d’habitation, restauration d’une collégiale, couverture des haras de Strasbourg, gare de télécabine, hôtel de ville, salle des fêtes, etc.
C’est aussi le savoir-faire d’hommes de métier créatifs que montrent les photos réalisées pour le livre par Paul Kozlowski, un photographe architecte, qui a dû monter sur les toits et voyager la France pour contribuer à cette édition.
Les portraits de certains de ces hommes de métier – dont une femme – pourraient susciter des vocations chez les jeunes. Car là est l’objectif poursuivit par les compagnons couvreurs dans ce très beau livre : partager leur métier qu’ils revendiquent comme un métier d’avenir, qui « ne connait pas la crise » et qui ouvre de multiples perspectives.
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)