Titre original : Commando
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Mark L. Lester
Distribution : Arnold Schwarzenegger, Alyssa Milano, Rae Dawn Chong, Dan Hedaya, Vernon Wells, Bill Duke, Bill Paxton…
Genre : Action
Date de sortie : 5 février 1986
Le Pitch :
John Matrix, un ancien combattant d’élite, n’aspire qu’à couler des jours heureux dans son chalet à la montagne, avec sa fille, loin de l’agitation de la ville et de la violence qui, si longtemps, a régi sa vie. Mais le général Arius ne l’entend pas de cette oreille et compte bien forcer Matrix à assassiner le Président du Valverde, afin d’y prendre le pouvoir. Pour se faire, le dictateur déchu kidnappe la fille de John et le met du même coup dans une rage noire. La machine de guerre tourne à nouveau à plein régime ! Peu importe où, quand, comment, quelqu’un doit payer… Et plutôt deux fois qu’une…
La Critique :
Commando a vu le jour en 1986, en plein âge d’or du cinéma d’action pur et dur. Sylvester Stallone vient de dynamiter le box office avec Rambo 2, et Chuck Norris, auréolé des succès des deux premiers Portés Disparus, fait les beaux jours de la Cannon avec Invasion USA et Delta Force. Arnold Schwarzenegger quant à lui, a su s’imposer grâce notamment à Conan le Barbare et à Terminator, encore très présents dans les esprits. Aux États-Unis et dans le reste du Monde, ces « bad mother fuckers » imposent film après film, une nouvelle façon de voir l’action au cinéma. Les super-héros Marvel et DC étant encore bloqués dans les pages des comics, ce sont eux qui incarnent à l’écran une représentation ultime du sur-homme capable d’anéantir à lui tout seul toutes les armées du monde, en prenant le temps de balancer la bonne réplique, au bon moment, en guise de cerise sur un gâteau en forme de grosse tarte dans la tronche !
En 1986 donc déboule le film de Mark L. Lester, un réalisateur discret néanmoins connu pour avoir emballé une adaptation de Stephen King très moyenne (Charlie) et un petit trip d’action amené à devenir culte auprès d’un petit (mais costaud) contingent de fans (Class 1984). Pour Schwarzenegger, Commando est surtout l’occasion de bosser avec le producteur Joel Silver et d’entériner l’image du mec super baraqué capable d’annihiler tout et n’importe quoi en un clin d’œil, en profitant de l’occasion pour monter les échelons d’une hiérarchie qu’il regardera bientôt de haut.
Au final, les trois hommes vont offrir au septième-art l’expression ultime d’un genre porté sur l’outrance, en jouant sur des codes alors plutôt nouveaux, qu’ils vont sublimer.
Avec son histoire relativement bas du front, Commando annonce d’emblée la couleur : il n’a peur de rien et ne compte pas aller chercher midi à quatorze heures. C’est très simple : un mec capable de porter un arbre sur une épaule est contraint par la force de déclarer la guerre à une petite armée et non, aucune réédition ne sera acceptée.
Si Commando apparaît encore aujourd’hui comme LE film qui aura su le mieux condenser tout ce qui fait de l’action estampillée années 80, ce qu’elle est, c’est tout bonnement car il a su mêler violence et second degré, tout en tablant sur le charisme d’un acteur en pleine bourre, capable à la fois de s’imposer comme l’action man par excellence, mais aussi comme un comique pince sans rire, capable de conférer à la barbarie de ses actes un côté cartoonesque pour le coup franchement salutaire. C’est alors que les répliques cultes et hilarantes tombent à intervalles réguliers. Chaque fois ou presque que John Matrix ouvre sa grand gueule, c’est pour nous offrir une perle aujourd’hui considérée comme la punchline par excellence. Quand il bousille le mec censé le retenir prisonnier dans l’avion ou quand il balance un méchant un peu trop zélé dans le vide, rien n’arrête le comique de service aux épaules aussi larges que celles d’un mammouth. Jubilatoire, Commando sait comment s’y prendre pour ne jamais tomber dans le glauque, alors même que le compte de victimes atteint des sommets. Car le héros dézingue quand même 81 types dans Commando, sur un total de 88 victimes ! Le bouquet final, sur l’île des méchants, quand Matrix débarque avec son bazooka, étant bien évidement le passage durant lequel le plus de salopards tombent sous les assauts impétueux du char d’assaut autrichien venu récupérer son Alyssa Milano de fille. Une scène d’anthologie qui 29 ans plus tard, fait office de mètre-étalon quand on souhaite mettre en scène une telle débauche pyrotechnique décomplexée.
Alors oui, Commando est souvent considéré comme un nanar. Il regorge de faux raccords, on peut voir des silhouettes en carton (lors des explosions à la fin) et les personnages sont tous assez caricaturaux. Mais franchement… Soyons raisonnable. Le film de Mark L. Lester ne prétend jamais à autre chose qu’à envoyer du bois. Quand il est drôle, c’est volontaire, et lorsqu’il fait parler la poudre, il met la dose. On nous promet la vengeance bourrine d’un type remonté à bloc et c’est exactement ce que propose Commando. Pied au plancher, il ignore la pédale de frein. Dès lors que Schwarzie remonte sa montre pour savoir de combien de temps il dispose pour botter le cul des bad guys, le film s’apparente à un roller coaster frénétique et jouissif. Commando a tout ce qu’un tel film doit avoir, et même plus. Il représente son époque et, cerise sur le gâteau, ne possède pas le sous-propos politique de films comme Rambo 2 ou Invasion USA, qui peuvent aussi être vus comme l’expression d’un patriotisme pompier américain. Commando s’intéresse à un seul mec, qui fait tomber le dictateur d’un pays imaginaire. Ce n’est certes pas le film le plus travaillé de la filmo de Schwarzenegger, ni le mieux écrit. La réalisation n’est pas compliquée ou particulièrement inspirée et la musique répétitive. Les acteurs de leur côté font le job, tout simplement, sauf bien sûr si on tient compte du fait que Vernon Wells livre, en plus de son rôle de méchant charismatique, une brillante imitation badass de Freddie Mercury. Pourtant, Commando touche sa cible. Non… Il explose sa cible. Il est l’un des plus fiers représentants d’un style de cinéma grand public. En presque 3 décennies, son efficacité n’a pris une ride. Alors, franchement, un tel festival méritait bien 5 étoiles non ?
@ Gilles Rolland