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Du rôle des enseignants d'histoire géographie dans l'éducation morale et civique

Publié le 06 février 2015 par Lommedesweppes
INDIGNATION ET COLÈRE DES PROFESSEURS D'HISTOIRE-GÉOGRAPHIE COMMUNIQUÉ DE L'APHG
 jeudi 29 janvier 2015
Paris, le 28 janvier 2015
L'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie (APHG) s'adresse aux enseignants d'Histoire-Géographie et Education civique des collèges, des lycées et de l'enseignement supérieur.
 
Indignation et colère sur le silence du Ministère de l'Education, des politiques et des médias, concernant le rôle de l'Histoire et de la Géographie dans l'enseignement de l'Education Morale et civique.
Indignation et colère - nous dit une responsable de la commission des collèges - « de voir une promesse bafouée parce qu'au Ministère on réagit sur de l'émotion. Cette semaine au Comité national, nous devrons être vigilants et nous serons virulents. Il reste à peine deux jours pour que les collègues répondent au questionnaire en ligne sur l'EMC ». [1] Nous appelons nos collègues d'Histoire-Géographie, adhérents ou non à affirmer clairement dans leurs réponses leur rôle et leur place dans cet enseignement. Rappelons (mais qui s'en soucie ?) que les professeurs d'Histoire-Géographie enseignent l'éducation civique au collège depuis 1985 en tant que discipline spécifique et sont des experts en la matière. L'Education civique est enseignée contrairement à ce que racontent nos détracteurs - Président de la principale Fédération de parents d'élèves en tête - qui méconnaît la réalité des classes (il est vrai qu'enseigner est un métier qui ne s'improvise pas) et n'est pas non plus « une matière froide qu'on fait quand on n'est pas distrait par les autres programmes » comme a pu le dire de manière désinvolte un haut responsable du CSP. [2] Donner le sens des responsabilités et de la vie en collectivité, donner le sens de la solidarité, du devoir, de la conscience professionnelle, de l'altruisme, former les jeunes à l'esprit critique ; c'est ce que nous faisons au quotidien en classe... Qui peut nier l'apport constant des enseignants d'Histoire-Géographie à ce beau programme à travers les cours d'Education civique ? Nos élèves se passionnent souvent pour les thèmes abordés, ainsi la défense des Droits de l'Homme, la lutte contre le racisme, le sexisme, la conquête des libertés, la liberté de la presse ...
Écarter les professeurs d'Histoire-Géographie de cet enseignement alors qu'ils ont une pratique vivante et fondée sur des documents les plus divers et reliées à l'actualité serait une faute. Leurs élèves participent activement et élaborent des projets concrets et collectifs. Nous avons l'habitude de travailler avec nos collègues de Français, de Langues, d'Arts plastiques, les professeurs-documentalistes des CDI... Des intervenants extérieurs apportent leur expérience - déjà depuis longtemps - (avocats d'Initia Droit , magistrats, juristes, policiers, Croix Rouge, pompiers, associations luttant contre les discriminations et pour le « vivre ensemble », journalistes, élus). Le débat organisé de manière méthodique et avec une solide préparation, cela permet des échanges avec et entre élèves, et cela existe. Mais si l'autorité du maître est bafouée, si l'établissement n'a pas un climat propice au travail, il perdra de sa force. De même que les jeux de rôle ou la pratique de simulations que nous connaissons bien et utilisons déjà aussi - et qu'un haut responsable de l'Education brandit comme la panacée - sont à manier avec précaution pour éviter les dérives.
Écarter les professeurs d'Histoire-Géographie serait une erreur gravissime et dangereuse à court et long terme.Contrairement encore une fois à nos détracteurs, à certains syndicalistes hostiles à nos disciplines souvent par ignorance de ce que nous faisons et à des hauts fonctionnaires du Ministère qui nous comptent pour quantité négligeable par principe et depuis longtemps, nous  contribuons à la formation du citoyen. Brandir les compétences sans savoir mènera à de cruelles désillusions. Est-il possible de connaître et de comprendre le christianisme ou le judaïsme sans un savoir bien maîtrisé et constamment repensé à des fins pédagogiques ! Le vivre ensemble ne doit pas être un contenu vide. Les élèves attendent de leur professeur des repères solides pour comprendre la complexité du monde. Les lumières du savoir pourront nourrir leur pensée que ce soit en Philosophie, en Histoire-Géographie, Français, Langues, Sciences, etc. De même que nous devons les former à l'étude des sources, des études critiques de documents, à l'analyse des images par le cinéma, [3] aussi par l'Histoire des arts, par la musique...
Nous enseignons l'histoire des religions au Collège et en Seconde et non les croyances, comme a pu le dire à la radio un haut responsable du Ministère. Mais nous le faisons dans un cadre laïc. De même, nous enseignons la Shoah à trois reprises, en 3e, en 1re et Terminale malgré les difficultés dans certains établissements et de manière adaptée à l'âge des enfants et des adolescents, avec les méthodes pédagogiques les plus appropriées. L'éducation aux médias permet aussi de décrypter et de montrer la fausseté et la nocivité des sites antisémites, racistes, ou véhiculant les théories du complot. La Shoah peut faire l'objet de sujets au DNB.
De même, nous participons chaque année depuis 1961 à la préparation du Concours de la Résistance et de la Déportation pour des élèves volontaires et nous avons des propositions pour en améliorer le contenu, les thèmes. [4]
En revanche l'APHG demande un horaire renforcé, en tout cas qui ne soit pas encore laminé par la nouvelle refondation. Nous avons des doutes, car la volonté d'appliquer au collège le dispositif du lycée qui a rogné les disciplines peut aboutir à une diminution fatale. Nous ne disposons au collège - étape décisive pour un élève - que d'une heure 1/4 quart d'Histoire par semaine. Va t-on encore le réduire ? Alors que l'enseignement de l'Histoire est intimement lié à l'Education civique. Qui peut parler de l'Islam sans savoir ? Et ce savoir peut être renforcé par des conférences avec des  universitaires, des chercheurs spécialistes de la question. [5] Qui peut sérieusement penser queLa Marseillaise, l'hymne national (à part il est vrai le plus haut responsable d'une grande fédération de parents d'élèves qui, dans un entretien récent, déclare de manière surprenante : « mais dans la situation actuelle où on parle sans cesse de guerre, il me semble important de faire la part des choses avec les élèves qui entendent des strophes si guerrières ») peut être enseignée hors de son contexte, celui de la levée en masse de 1792 au nom de la liberté face aux périls extérieurs ? 
Nous demandons le retour à une formation continue disciplinaire qui est complètement dévastée. L'APHG a assuré l'an passé 78 formations réunissant plus de 1500 enseignants d'Histoire et de Géographie.
Bien sûr dans notre esprit, cette éducation morale et civique ne doit pas être un catéchisme républicain. Mais elle doit s'appuyer sur l'Histoire et la Géographie pour faire comprendre et faire vivre les valeurs de la République.
Le Secrétariat général de l'APHG 
Béatrice Louâpre-Sapir, Hubert Tison
Nous envoyer un e-mail, cliquez-là
Le Secrétariat général de l'APHG. Tous droits réservés - 28 janvier 2015.
NOTES:
 [1]  Consultations en ligne Portail Eduscol jusqu'au 30 janvier 2015 - Programmes d'enseignement moral et civique,http://eduscol.education.fr/consult...
[2] Conseil Supérieur des Programmes
[3] L'historien du cinéma Marc Ferro, un membre éminent de l'APHG nous a fourni de nombreuses clés dans ce domaine
[4] Bruno BENOIT, « Le rôle de l'APHG dans l'organisation du Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD) », http://www.aphg.fr/Le-role-de-l-APH.... Cet article a été publié en 2011 dans le dossier spécial du Cinquantenaire du CNRD édité par la Fondation de la Résistance (coordination Hervé Guillemet et Frantz Malassis), p. 27.
[5] « Gouverner en Islam entre le Xe siècle et le XVe siècle / Iraq jusqu'en 1258, Syrie, Hijaz, Yémen, Egypte, Maghreb et Al-Andalous » par Cyrille Aillet, Dominique Valérian et Eric Vallet, Historiens & Géographes n°427, juillet-août 2014, p.191-280.

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