Lorsque les sud-coréens donnent
dans le Kaiju trempé dans du kimchi, ça donne : Yongary, Monstre des Abysses / Taekoesu Yonggary (1967), un ersatz foireux-foiré de Godzilla. Ce véritable rip-off du monstre japonais est surtout
un nanar qui se savoure comme un Réal-Barça, avec pack de bières à portée de
main et pizza XXL à savourer entre potes, le derche creusé dans le canapé. Ce
film est propice à une moquerie aux postillons quatre fromages. Lorsque ce
n’est pas un retour en enfance où l’on guerroyait, seul aux petits soldats. Cet
essai est signé par Kim Ki-duk (?!), pas moins de 66 films au compteur et à ne
pas confondre avec « l’autre » qui utilise du poisson surgelé pour
trouer des bides. Dès lors, notre bonhomme enfante un film pour petits et grands,
surtout petits. Yongary, Monstre des
Abysses narre l’histoire de coréens d’exceptions.
Un cosmonaute est rappelé
d’urgence par ses supérieurs alors qu’il est en lune de miel. Ces derniers
veulent l’envoyer toucher les étoiles pour observer la Terre. Après un séisme,
les autorités s’interrogent sur de possible essai nucléaire qui viendrait de la
RPC. Ils en profitent également pour envoyer un observateur, armé de son
appareil photo dans la région située à la verticale de l’épicentre du
tremblement de terre. Il émerge alors des profondeurs un énorme monstre
préhistorique : Yongary ! s’exclament ici et là quelques figurants durant
le métrage. Minute ! Comment connaissez-vous son blaze ? Une question
qui n’aura, bien entendu pas de réponse.
Aux côtés de Kim Soo-yong et LeeMan-hee, le réalisateur a fait partie des leaders de cette vague de jeunes
cinéastes qui a émergé dans les années 60. Il a co-écrit le scénario avec son
acolyte Seo Yun-sung (scénariste prolifique des années 60 et 70). Les deux
hommes ont collaboré à de nombreuses reprises. Ils livrent donc un scénario à
l’esprit enfantin où l’intrigue se résume à Yongary-qui-détruit-tout-sur-son-passage.
Brave bête va. Accessoirement, les coréens qui combattent le monstre reptilien
tentent de trouver un moyen pour en venir à bout. C’est peine perdue tant leurs
efforts sont réduits à néant face à la puissance de ce monstre, cracheur de feu
et usant d’un laser jaillissant de sa corne qui s’apparenterait à un fil à
couper le beurre (voir la déroute des forces armées). Autant vous dire que les
actions montrées à l’écran sont une grosse poilade qui se savoure autant que
l’on s’ennuie. On n’échappe malheureusement pas à des moments creux et sans saveurs,
où les acteurs se regardent jouer. Qu’importe ! On s’amuse du chaos que la
bête engendre comme de cette population affolée sous le coup de la loi
martiale. Une chose intéressante se produit alors. D’un côté, une partie de la
population fuit, c’est l’exode. De l’autre, il y a celle qui fait le choix de
rester. Non pas pour combattre la bête à queue, plus haute que les immeubles en
carton, loin de là. Mais ils préfèrent rester pour manger à s’en crever la
panse, boire comme des trous et danser à s’en perforer les poumons. Intéressant…
(et réactions à méditer).
Yongary, Monstre des Abysses se montre alors à nous comme ces
productions périmées d’un autre temps. Et pourtant, à l’époque, le film de Kim
Ki-duk pouvait se targuer d’être un film à gros budget. Des techniciens
japonais (on ne nous dit pas s’ils étaient bons ou mauvais) avaient fait le
déplacement pour réaliser les effets spéciaux. Ces mêmes effets spéciaux qui aujourd’hui
participent grandement aux ricanements avec son acteur (l’inconnu Cho
Kyoung-min) endossant la combinaison en caoutchouc, avec ses maquettes à ras du
sol et ses pétards pour les explosions. Jusqu’alors sans précédent dans
l’industrie cinématographique sud-coréenne, ce Yongary, Monstre des Abysses faisait figure de modernisme et
d’audace. A tel point que cette co-production Kuk Dong (pour la Corée) et Toei
Company (pour le Japon) fut acheté à
l’étranger par l’American International Pictures. Une première et du « new » donc qui comme souvent avec les prototypes ont du mal à
convaincre, et ce, même avec tout le capital sympathie qu’on s’efforcerait
d’insuffler. Tout y est grossier. De ces cravatés tentant de trouver une
solution pour venir à bout du monstre à cette petite bande composé d’un jeune
scientifique, de deux nanas et d’un gosse qui trouve le point faible de
Yongary, point faible qu’on taira ici, mais qui est sujet à une raillerie
pleine de consternation.
Concluons. Le spectacle qu’offre Yongary, Monstre des Abysses est
affligeant. On peine à rester éveillé. Les acteurs semblent réciter leur texte.
Les actions qu’ils entreprennent semblent toutes fausses. Oui c’est de toi dont
je parle dans le fond et qui fait mine de bidouiller ses deux boutons en
plastocs devant lui. L’intrigue est un vide intersidéral et ils sont deux pour
la pondre ! Mais ! Mais d’un point de vue nanardesque, le bousin vaut
son pesant de cacahouètes. Allez, je m’en fiche, je SPOILE sans état d’âme.
Faut le voir l’observateur finir dans un accident de la route des plus ridicules
qui soit pour se rendre compte que non ! Il est toujours vivant, il a
survécu et parvient, avant de crever pour de bon à livrer des clichés qui
révèlent l’évidence. Il faut le voir le gamin avec sa lampe-torche chelou
éclairer le couple de jeunes mariés qui prend peur. Le même gosse, avec la même
lampe-torche chelou qui éclaire et réveille, du même coup Yongary qui en
profite pour danser (Okaaayyy) sur une musique pop rock, genre The
Beach Boys ! Mais WTF ?! Où est-ce qu’on est ? Et ces
pilotes d’hélicoptère faisant les fiers parce que faisant joujou avec notre
monstre préféré dont les flammes leurs lèches les hélices. Je pense qu’on
ferait tous une tout autre tête dans ces moments-là. Flammes qui d’ailleurs sortent
d’un tuyau que l’on voit dans la gueule du reptilien, etc… etc… etc… FIN DU
SPOILE.
I.D.