Fréjus, Villers-Côteret, Beaucaire, Mantes-la-ville - des vitrines de ce que pourrait être le Front national une fois au pouvoir ? -, comme pour une dizaine d'autres villes qui ont basculé dans le giron frontiste le 30 mars dernier lors des élections municipales, on assiste, impuissants à la diminution des subventions pour le bus scolaire, la cantine, pour les associations municipales des sports, pour les centres sociaux, et plus encore lorsqu’ils sont situés dans des quartiers populaires à forte présence d’immigrés ou de Français issus de l’immigration.
Ces baisses de subventions vont de – 20% à la quasi-totalité des sommes allouées : au Pontet, la cantine qui était gratuite pour les familles pauvres, ne l'est plus ; à Villers-Cotterêts, le prix a été largement augmenté pour les familles les plus modestes.
Certes, la remise en question des subventions aux associations figure en toutes lettres dans le guide de l'élu municipal FN ; c’est le b.a.-ba de la gestion municipale d’une équipe frontiste : asphyxier lentement celui qui manque d’air, à petit feu, jusqu’à ne plus vider ses poubelles dans son quartier. Après une ségrégation imputable à de graves manquements républicains, c’est l’Apartheid (1) que l'on impose en toute conscience, ici et là, au rythme des victoires des candidats FN qui, une fois élus, n’oublient jamais de recruter de nouveaux policiers municipaux, de renforcer les dispositifs de vidéosurveillance, les maires et leurs équipes municipales s’octroyant au passage une augmentation de leurs indemnités car, s’il n’y a pas de petites économies, il n’y a pas non plus de petits profits.
Si historiquement le FN et ses idéologues nous renverront toujours au pétainisme, au colonialisme, à l’intégrisme catholique, à l’anti-parlementarisme, au nationalisme discriminatoire, à l'anti-syndicalisme, au monarchisme revanchard, à l'homophobie ; et plus près de nous dans l'actualité, à l'islamophobie et au racisme, sans oublier les vieilles lunes du racialisme et de l’eugénisme social, sa gestion des villes ne laisse plus aucun doute : le FN c’est bien la haine de la redistribution, la haine des solidarités, la haine du faible, la haine de celui qui a besoin d’être socialement soutenu, la haine de l’indigent qui n’a que ce qu’il mérite, c'est-à-dire rien, et moins encore, si celui qui décidera de son sort est du FN.
Détruire le tissu associatif de la ville, isoler les plus démunis souvent associés à une France de l’immigration, en s’attaquant au financement d’associations qui permettent seules d’offrir encore un peu de respiration à des quartiers en grandes difficultés - des associations qui maintiennent quelques unes des dernières protections contre les conséquences dévastatrices des choix politiques et économiques nationaux, européens et mondiaux endossés par les deux partis dits "de gouvernement", UMP et PS, depuis trente ans -, telle est la finalité de la gestion municipale d’un maire FN : « On ne peut pas virer, vous les pauvres, vous les parasites, vous les étrangers… qu’à cela ne tienne ! Au moins peut-on vous reléguer et vous faire vivre comme des chiens ! »
Nous sommes donc encore libres mais prévenus.
Dont acte.
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Si, comme on a pu le voir, le FN c’est la haine du pauvre, qu’en est-il du PS, cette autre face de la même pièce ?
Le PS ce n’est pas la haine, c’est l’amour… l’amour de la carrière, de la « réussite personnelle », l'amour de l'avancement et de l’auto-promotion : grosses berlines allemandes avec chauffeur, costumes bien coupés, salaires ronflants sur le dos du monde du travail - mais fallait-il le préciser ?
Aux bras de concubines, de maîtresses ou d’épouses qui pourraient être leur fille, parfois même à peine sorties de l’adolescence, tous occupent des postes dits prestigieux - Lamy, DSK, Moscovici -, en larbins d’un exécutif mondialisé sans visage et sans responsabilité ni légitimité ; d’autres encore sont au service d’une politique étrangère entièrement sous influence atlantiste - Fabius ; Védrine et son cabinet international de conseil. Toujours entre deux avions, ils négocient sans sourciller, avenants, la reddition de notre contrat social - tous les acquis du CNR, socle de notre pacte républicain depuis la fin de la seconde guerre mondiale - et l’abandon de l’indépendance de la France en matière de politique étrangère ; abandon qui nous vaut aujourd’hui dans le monde d’être méprisés - dans le meilleur des cas ! -, et dans le pire, d'être l'objet d'actions de terrorisme politique certes ciblées mais qui ne sont sûrement pas faites pour nous rassurer tous autant que nous sommes.
Tous sont membres du PS ! Et tous se croient mèches alors qu’ils ne sont que suif après une fumée aux desseins noires !
Pour toute consolation : le RSA. Merci Monsieur Michel Rocard ! Aumône que le PS ne nous contestera certes pas, contrairement aux maires FN à propos des aides allouées aux cantines scolaires, et pour cause : au sujet du chômage de masse de longue durée aux 14 000 morts par an selon une étude de l'Inserm,comme variable d’ajustement de l’économie et de la masse salariale, c’est bien aussi et surtout du côté du PS qu’il faut aller chercher les responsabilités.
Si le FN ne doit encore rien à personne, ne pouvant être tenu responsable de la débâcle sociale et politique de ces 20 dernières années à l'exception de quelques fiascos de gestion municipale dans les années 90 (Toulon, Marignane, Vitrolles) qui se sont terminés au tribunal correctionnel, et si le FN peut dans ses analyses donner l’illusion de rejoindre une partie de la gauche à propos de la condamnation du mondialisme ou de ce qu’on appelle à tort « la mondialisation » (2), ne soyons pas dupes : ce qui gêne le FN dans ce mondialisme ce n’est pas la mise au pas des salariés et la guerre faite à l'Etat providence mais bien plutôt le caractère apatride de ce mondialisme servi par des hommes sans frontières, sans nationalité, sans identité autre que le poste qu’ils occupent, sans oublier tous ces milliards de profits insaisissables, évanescents et instables, parfois dans la minute même, un jour là, un jour ailleurs, car ne nous trompons pas d'analyse et de diagnostic : le FN n’aime rien tant que le patron maître chez lui, dans sa PME privée de syndicats et d’instances représentatives des salariés ; une PME livrée à elle-même à l’abri des inspecteurs du travail, aux chefs d’ateliers trousseurs d’ouvrières et de jeunes stagiaires à peine pubères car pour un militant FN, tout comme un ponte du PS, là où il y a de la gêne - morale, éthique -, il n’y a pas de plaisir ! Plaisir de contraindre, d’humilier, decontrôler et de posséder la volonté de l’autre livrée à l’arbitraire d'un environnement dans lequel le droit est réduit à sa plus simple expression : tout pour moi, rien pour vous.
Qui peut bien s'en étonner : la politique ça sert aussi et surtout à prendre du plaisir, non ?
Le FN en campagne, c’est lecoup de pied sur l’homme qui gît à terre juste avant l’arrivée du SAMU, le temps de déguerpir. Mais quand le FN ratonne et rackette les pauvres, les exclus, les précaires dans les municipalités ou bien lorsque la (pseudo)-menace de le faire à l’échelon national se précise à grand renfort de campagnes orchestrées par des pompiers-pyromanes hilares, c’est le PS qui rafle la mise.
C'est sûr, depuis les années 80 et la volte-face de la présidence Mitterrand et de ses sbires qui, aujourd'hui encore, lui doivent tout, le PS a l'oreille du FN ; il est son oxygène, sa respiration ; et leur sort à tous deux est inextricablement lié car le FN est l’enfant du PS et il mourra avec lui.
Pour cette raison, débarrassez-vous du PS en oeuvrant à la re-construction d’une vraie gauche appuyée par des souverainistes prêts à en découdre avec la construction européenne, le mondialisme et le monopole de la force et de l’intimidation de l’Otan ; une gauche déterminée à sortir la France de l’étau anglo-allemand : ultra-libéralisme et paupérisation de l’Etat providence ; une gauche disposée à nouer des alliances susceptibles de contrer l’hégémonie chaotique (crise financière, déferlement militaire) des USA qui n’a plus d’alliés, même vassalisés, mais des complices d'une organisation criminelle ; alliances constituées dans le but de partager le monde avec d’autres acteurs à l’identité forte (Russie, Chine, Afrique, Amérique du Sud)...
Construisez cette gauche-là, et d’une pierre deux coups, vous vous débarrasserez et du PS et du FN.
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Le croirez vous ?
Déjà, on dit que Hollande ne considère plus la lutte contre le chômage et la pauvreté comme prioritaire, après sa remontée en flèche dans les sondages.
Déjà, Hollande se prépare et nous prépare à un second tour contre le FN à la prochaine élection présidentielle car les classes moyennes dépolitisées et pusillanimes par voie de conséquence, volontairement amnésiques, serrant les fesses, la peur au ventre face à un endettement qui demeure quoi que l’on dise, le meilleur outil de contrôle social, une garantie de soumission et de docilité à toute épreuve... même des faits ! Ces classes moyennes sauront alors regarder ailleurs quand le moment sera venu de faire le bilan social des politiques de ces 20 dernières années : chômeurs et pauvres par millions ; des jeunes désoeuvrés ou bien stagiaires sur-exploités, là aussi par millions.
Et déjà, Hollande et le PS savent qu’ils gagneront car il suffira simplement d’être présent au second tour. Même si…abstention record, dépit, écoeurement… cette ré-élection de Hollande, et le maintien du PS au pouvoir représenteront le dernier coup de poignard porté à la démocratie comme système de représentation et de délibération : le dernier clou dans son cercueil aussi.
On dit que le poisson pourrit par la tête ; l’odeur sera alors irrespirable, et le FN au zénith. Aussi, en ce qui concerne ce parti, il est vraiment tant que l’on s’attaque à son sponsor, à sa tête pensante, à la fois maître d’ouvrage et maître d’œuvre : le PS, cette entreprise de sabotage de tout ce qui est beau et noble, et de tout ce vers quoi on serait tous tentés de lever les yeux, à la fois forts, admiratifs et fiers de nous et de tous les autres avec nous.
1 - A ce sujet, on pourra se reporter à ceci : FN et sionsime, une alliance imminente ?
2 - La mondialisation, c'est de la technique. Si la mondialisation (la technique) a permis le mondialisme... le mondialisme c'est une idéologie... une idéologie de guerre : la guerre faite aux salaires, aux droits sociaux, à l'Etat providence et in fine, à la démocratie par la mise en concurrence de tous contre tous.
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