Cette étude sur l’animal associant plusieurs équipes françaises démontre le potentiel, pour le traitement de la myopathie de Duchenne, d’une nouvelle technique ou » chirurgie » moléculaire de l’ADN qui va permettre la synthèse de la protéine manquante. Testées chez la souris, ces molécules se révèlent cliniquement supérieures à celles en cours d’évaluation, entrainant moins d’effets indésirables. Les conclusions, publiées dans la revue Nature Medecine, montrent, chez la souris, une amélioration significative des fonctions musculaire, respiratoire et cardiaque.
La myopathie de Duchenne est une maladie neuromusculaire mortelle qui touche 1 garçon sur 3.500 naissances, soit une naissance tous les 3 jours en France, et 30.000 personnes dans le monde. Dans la maladie, des omissions ou des aberrations du code génétique, abrègent les instructions de production de la protéine dystrophine. Les cellules ne parviennent pas à fabriquer cette protéine musculaire et les patients finissent par perdre leur contrôle musculaire et leur capacité à marcher et à respirer. Cette maladie très invalidante ne bénéficie encore d’aucun traitement satisfaisant.
Les scientifiques du CNRS, de l’UVSQ et de l’Inserm en collaboration avec une équipe de l’université de Berne, ont de courts segments d’acides nucléiques ou AON (séquences d’oligonucléotides antisens) capables de s’hybrider spécifiquement avec des ARN messagers, d’agir sur ces ARN et de permettre la synthèse de la protéine manquante. Différents types d’AON sont déjà en cours d’essais cliniques, précise le communiqué de l’Inserm, mais avec des niveaux de toxicité parfois élevés et une incapacité à agir au niveau cardiaque et/ou à passer la barrière hémato-encéphalique et donc à traiter simultanément l’ensemble de la musculature squelettique, le cœur et le système nerveux central.
Une preuve de concept sur la souris : Administrés par voie intraveineuse, les nouveaux nucléotides, testés sur des souris modèles de myopathie de Duchenne sont bien distribués à l’ensemble de la musculature squelettique, atteignent atteignent le tissu cardiaque et le SNC. Ils permettent de restaurer la production de protéine dystrophine plus efficacement. Enfin, les souris traitées présentent une amélioration très significative de leurs fonctions musculaire, respiratoire et cardiaque.
Enfin, l’équipe démontre que la dystrophine est cruciale pour le bon fonctionnement de certains neurones et que les problèmes comportementaux observés en cas de déficit sont au moins partiellement réversibles chez la souris dystrophique adulte.
De plus le traitement semble persistant mais éliminable progressivement par l’organisme, et donc peu toxique.
Ces travaux ouvrent ainsi de nouvelles perspectives thérapeutiques pour la myopathie de Duchenne mais aussi pour différentes maladies génétiques. Les premiers essais chez l’homme sont prévus d’ici un à deux ans.
Source: Communiqué Inserm Première étape vers un nouvel outil pour le traitement de la myopathie (Visuel Inserm « Lésions nécrotiques de fibres musculaires constituées de myofibrilles. Coloration trichrome de Gomori. ©Inserm/Fardeau, Michel) et Nature Medicine February 2015 doi:10.1038/nm.3765 02 Functional correction in mouse models of muscular dystrophy using exon-skipping tricyclo-DNA oligomers
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