Exposition Rio Tinto de Katie Montanier

Publié le 05 février 2015 par Idherault.tv @ebola34
Exposition RIO TINTO de Katie MONTANIER du 7 février au 1er mars 2015 - Chapelle du Quartier Haut - Sète

L'exposition

Je suis allée à Rio Tinto / Andalousie, et je suis revenue avec une vidéo, une toile, un rouleau de papier, des photographies, des dessins, un carnet et de l'oxyde de fer. Ce lieu était lié à une mémoire familiale personnelle. Une origine. Une sorte de fantasme de lieu, rapporté par les
membres de ma famille. Si ce lieu ne m'était pas totalement étranger, j'en restais cependant très éloignée.
L'exposition " Rio Tinto ", à la Chapelle du Quartier Haut à Sète, évoque ce lieu. Il est question du lieu. A commencer par les mines à ciel ouvert de la région (las cortas). Le cratère d'Atalaya, Cerro colorado, les Mines de Rio Tinto.
Immenses mines de cuivre. Des kilomètres de diamètre. Celles-ci constituaient (car toutes ne sont plus en activité de nos jours), les plus grandes exploitations à ciel ouvert d'Europe. Un lieu dédié à l'exploitation minière depuis l'Antiquité. La végétation n'y pousse pas. Intérieur et extérieur se rencontrent. Silence. Gros plans sur le paysage creusé.
Rio Tinto, c'est aussi et littéralement le fleuve teinté, petit fleuve acide, 80 km, à forte charge sulfatée et chargé de métaux. Il prend sa source dans la région et se déverse dans l'océan, à Huelva. Des couleurs irréelles, ocre, soufre, rouge, violet, bleu, noir. Les teintes du fleuve sont attribuées aux mines que l'on trouve à sa source. Sa forte teneur en fer provenant de la désagrégation de la roche préexistante, explique en partie la coloration de l'eau par oxydation.
Site de Berrocal. Je suis là-bas. La vidéo suit mes pas. Je trempe la toile libre dans l'eau rouillée du fleuve et recueille la substance informe, liquide et teintée sur le support. Je retire la toile du fleuve, c'est un geste de prélèvement. Depuis mon retour, je cherche à travailler avec mes prélèvements, les exploiter, les utiliser, les transformer. Comme une manipulation permanente de chaque élément, d'une pièce à l'autre.
La toile est devenue le sujet de séries de dessins. Le tracé, au feutre, est linéaire, continu. Gris. Noir. Il travaille avec les épaisseurs pour trouver ses ombres, ses plis et son volume. Chaque dessin rend compte d'une disposition de la toile, différente à chaque fois. Je travaille sur des feuilles de papier de qualité et de formats différents. Leurs teintes diffèrent, dans une gamme de couleurs allant du blanc à l'ocre.
Sur l'une de ces séries, le papier est trempé, en partie immergé, dans du brou de noix diversement dilué. Ce qui donne un dégradé de la teinte, de la plus foncée à la plus claire. Une photographie montre la toile trempée, remodelée, et la compare à une pierre. Mes dessins des
mines à ciel ouvert, sont constitués de fusain, de pigment noir et du pigment naturel d'oxyde de fer prélevé sur le site.
Ils s'attachent à donner une forme au trou, au vide, puis aux bords et aux gravats laissés sur le côté. Un travail en plâtre, cherche encore une fois, à utiliser les possibilités de coloration du pigment d'oxyde de fer, par capillarité, mélange et frottage. Il renvoie à l'intervention directe sur un mur de l'exposition dans la Chapelle. Un accrochage de dessins, objets et photographies restitue les prélèvements, hiérarchise les images et les gestes, questionne les liens formels et narratifs possibles.

Katie Montanier, notes de carnets, 2015.

La démarche artistique

Le dessin est au cœur de toute ma production artistique. J'en fais un outil de questionnement du regard, lié à mon attention au monde, à mes déplacements.
La démarche s'élabore en plusieurs temps, et la première étape est celle du déplacement à l'extérieur. Ma mobilité physique s'inscrit dans le territoire immédiat, quotidien ou de circonstance, autant que dans les voyages effectués à l'étranger. Ce sont des expériences nécessaires qui me permettent de m'insérer dans le monde. M'isoler dans le monde, me concentrer et ressentir. Et, convoquant le regard, dans une attitude de réceptivité, me rendre à nouveau disponible à l'espace-temps traversé.
Vient ensuite le temps de dessin et de traitement des prélèvements, en atelier.
Des sujets reviennent de manière récurrente, les lieux et les architectures vides. C'est ainsi que les dessins récents de mines à ciels ouvert, dialoguent avec ceux des chantiers, routes et carrières réalisés il y a 10 ans. Je prends la matière du monde, les éléments de l'autour, voire du quotidien et du vernaculaire, pour les rejouer.

Il y a une volonté de figuration très forte dans mon travail de dessin, c'est véritablement la question du " re-présenter ". Traits, lignes, tracés, estompes révèlent une gamme colorée où le noir et blanc, prédomine sur une production où la couleur est convoquée à titre
occasionnel. Lignes souples et fugaces, estompes précises et tactiles, saccades nerveuses des gouges sont autant d'expériences du dessin. Voire expériences physiques du dessin.
Je développe une variété de techniques et un questionnement des supports et des rendus. C'est ainsi qu'apparaissent des travaux autonomes, quand d'autres sont réalisés en série. Certains sont rejoués en ensembles. D'autres creusent la question du multiple, par la
gravure, l'impression, la notion du reproductible. De façon associative, intervient alors le lien du texte, de la littérature et de l'image. C'est là qu'intervient la narration. Des liens à reconstituer, faits de morceaux énigmatiques, personnels ou inventés, réalisés sur supports imprimés ou exprimés sur des murs d'exposition.
L'étape d'accrochage fait partie intégrante du travail, et plus spécifiquement dans la création de compositions murales, ensembles de pièces, ensembles de dessins. Si la distance entre les éléments est visuellement importante, elle révèle aussi un jeu de liens formels ou narratifs possibles.
Le dessin, les lieux, la narration, en relation.

Katie Montanier, 2015.

La Chapelle du Quartier Haut

La Chapelle du Quartier Haut était à l'origine, le couvent des religieuses de Saint-Maur ou sœurs noires venues à Sète en 1728 pour s'occuper de l'enseignement de nombreuses filles pauvres du quartier. Désacralisée, elle est devenue au début du XXe siècle, l'École Pratique de Commerce et d'Industrie, puis le Collège Technique.
Avant sa fermeture, l'ancienne chapelle du Collège Technique servait de salle de cours aux élèves du collège. Propriété de la Ville de Sète, cette imposante construction du XVIIIe siècle a été récemment réaménagée pour accueillir les expositions.

Infos Pratiques

Exposition du 7 février au 1er mars 2015
Horaires 12h/19h
Entrée Libre

Vernissage le 6 février 2015 à 18h30

Expositions à venir :
* Du 21 au 26 mars - Hors Situ IV - Résidence Ecole des Beaux Arts de la Ville de Sète