Nous sommes faits de ce dont on fait tous les rêves,Et les rêves ouvrent grands soudain les yeuxComme des petits enfants sous les cerisiers,Où la pleine lune vient commencer dans le feuillageSa course d'or pâli à travers la grande nuit. ... Nos rêves ne surgissent pas autrement.Ils sont là et ils vivent comme un enfant qui rit,guère moins grands dans leur tenue et leur départQu'une pleine lune éveillée du haut des arbres.Le plus intime est grand ouvert à leur tissage:Comme des mains d'esprits dans un espace enclosIls sont en nous et y ont toujours vie.Et trois font un: un homme, une chose, et un rêve.
Hugo von Hofmannsthal, Tercets sur la mortalité - Anthologie bilingue de la poésie allemande (Bibl. de la Pléiade/Gallimard, 1995)