Il est vraiment question de la blonde d’un entrepreneur en construction. J’imagine qu’elle aurait pu être la blonde d’un facteur ou d’un soudeur, qu’importe, l’important à retenir étant qu’elle se définisse par rapport à celui qu’elle aime. Sa propre vie ne semble pas beaucoup l’intéresser. Elle travaille aux archives d’un hôpital où elle fait office de clown de service dans ce petit département. Elle a deux manies prépondérantes : jouer des tours au travail et voler dans les magasins. Elle aborde ces deux activités avec autant de légèreté une que l'autre, c’est une forme de jeu inoffensif.
Son chum, elle l’a à l’œil. Il ne lui accorde pas suffisamment d’attention à son goût, et ça ne passe pas, ça ne passe plus. Pourtant, plusieurs femmes, je crois, se contenteraient de ce bon diable qui aime tout donner à son travail, qui se tient en forme et qui aime la vie. C’est sûr qu’il consacre plus de temps à son travail qu’à sa blonde, mais il me semble qu’il y aurait moyen, pour plusieurs conjointes, de tirer leur épingle du jeu.
Elle découvre qu’il l’a trompé une fois, et à partir de ce moment on entre dans la deuxième partie du roman où elle n’est plus la victime, celle qu'on délaisse, mais deviens le bourreau qui fait payer une frasque à son entrepreneur. La deuxième partie se passe au Mexique où ils partent ensemble pour solidifier leur couple et où elle se mettra les deux pieds dans les plats. De l’épice, ils en auront pleinement à saupoudrer sur leur routine de couple.
À mes yeux, il y a deux romans en un. La première partie déborde de questions quotidiennes et de réflexions pertinentes sur le couple.. Celle-ci m’est apparue plus plausible que la deuxième où l’auteure nous fait partir en voyage dans tous les sens du terme. Elle nous sort complètement de la routine de couple et la situation qui se présente, si jamais elle se peut, a quelque chose de rarissime. L’amour prend un aspect inusité et plutôt exotique. C’est une occasion pour notre B.E.C. d’évoluer, de sortir de ces concepts étroits de couple banlieusard. Elle s’ouvrira à la différence et ça lui plaira.
Ce qui unifie le récit est certes le style enjoué de Suzanne Myre. Sa dérision de tout, tous et elle-même ne se perd pas en cours de route, et c’est apprécié.
Je dois avouer que je trouve remarquable le changement chez cette auteure, de passer aisément de nouvelliste, c'est-à-dire spécialiste d’une histoire intense et abrégée à une histoire longue et plutôt bavarde. Nous savons que le genre "nouvelle" offre des fins surprenantes, des chutes qui se doivent d’être retentissantes et l'on constate dans B.E.C. que l’auteure a conservé ce réflexe. Aussi, pourrait-on retrouver, deux fins à cette histoire. Une première situé à l’avant-dernier chapitre et une deuxième au dernier chapitre. J’ai nettement préféré la première fin, à un point tel que j’aurais éliminé la deuxième (vraie !) fin. J'ai discuté avec deux lectrices qui étaient du même avis que moi. Cela m'a rassurée !
Quelle couverture attrayante n'est-ce pas ? Et ce titre si astucieux, si rigolo de faire résonner le mot "BEC", quand il est question à ce point d'amour dans le couple !
Tenterez-vous l’expérience, allant vérifier si vous partagez les mêmes impressions ?