Parler du rôle direct d’Israël dans l’agression menée contre la Syrie
n’est plus chose marginale. Au stade où nous en sommes, son rôle est
fortement remarquable et se situe au cœur même de la bataille.
Alors que l’on constate une certaine baisse d’énergie chez les
Saoudiens et les Qataris, lesquels continuent à parrainer et à financer
le terrorisme ; les forces les plus agressives se situent désormais en
Turquie et en Israël, tandis que Aman, Doha et Riad, assument leurs
rôles dans les domaines du renseignement et de la logistique, au service
de l’alliance ottomano-sioniste. D’où l’exacte définition de la
fonction des Arabes des USA : ce sont les domestiques d’Israël.
Premièrement :
Le projet de « la ceinture de sécurité des collabos » à la frontière
sud de la Syrie, que nous avons si souvent évoqué, est devenu évident et
en cours d’exécution sous les auspices des États-Unis qui ont garanti à
Israël une large assistance jordanienne, ont rassemblé, entraîné et
financé, les mercenaires répartis entre le Qatar, la Jordanie, l’Arabie
saoudite et la Turquie, pendant que Aman confiait l’ensemble de ses
« diplômés » à la garde du Mossad, se chargeant de leur faire franchir
la zone de séparation établie aux termes de l’Accord de désengagement
des forces israéliennes et syriennes de 1974, [1][2][3].
Un accord rompu par Israël du fait de ses incursions en Syrie [4],
de la même façon qu’il a rompu la Convention d’armistice avec le Liban
dans les années soixante-dix, au profit d’un même projet de ceinture de
sécurité garantie par des collabos.
C’est en 1978 qu’Israël a lancé son idée d’occuper une bande
frontalière en territoire libanais, fondée sur le principe d’une zone de
sécurité destinée à protéger celle de l’entité sioniste. Les forces
ennemies qui avaient alors avancé jusqu’au pont Qasimiyah sur le fleuve
Litani ont dû battre en retraite devant la résistance libanaise et
palestinienne, reculant jusqu’au pont Khardali sur ce même fleuve et
jusqu’au sud de Nabatiyé, dans le but de préserver la dite « ceinture de
sécurité » censée protéger les profondeurs de la Palestine occupée
contre ces deux résistances.
Mais au cours de la bataille de 1981, lorsqu’est apparue une capacité
de dissuasion par les missiles ayant ciblé des colonies sionistes et
que, pour la première fois, s’est créé « un équilibre de dissuasion »
entre les Arabes et Israël, clairement évoqué lors de la médiation
américaine de Philippe Habib [5][6] ;
les sionistes ont poursuivi leur projet en cherchant à élargir leur
bande de sécurité par une nouvelle guerre expansionniste au Liban, qui
serait à la mesure de la portée des missiles soviétiques reçus par la
Syrie, puis transférés aux factions de la Résistance palestinienne de
l’époque.
D’où la rumeur publique concernant une opération « accordéon »,
préparée par Israël, laquelle s’étendrait de la ville de Damour au nord
de Saïda sur la côte libanaise, jusqu’aux profondeurs du Chouf, puis
vers l’ouest de la Bekaa.
Deuxièmement :
Par conséquent, la conception israélienne d’une telle bande
frontalière combinait une intervention guerrière directe d’Israël contre
le Liban et la création d’une force de collabos, qui dominerait une
sorte de zone tampon, en territoire libanais, pour l’éloigner du danger
et recevoir les coups à sa place.
Et c’est cette même conception qui régit aujourd’hui la zone tampon
escomptée à la frontière sud de la Syrie, là où Israël travaille à
former une force de collabos parmi les groupes takfiristes et autres
groupes de terroristes mercenaires armés sévissant en Syrie [7][8].
Ainsi, il apparaît très clairement que les considérations doctrinales
de ceux qui prétendaient qu’il était impossible que des groupes
extrémistes islamistes s’engagent aux côtés d’Israël, sont caduques. Car
c’est bel et bien arrivé, et c’est un fait qui prouve que c’est l’idée
de la Patrie et de la Nation qui constitue l’immunité contre l’incursion
sioniste, non l’idéologie des adeptes de telle ou telle religion. Les
collabos sont toujours prêts à se vendre, quelle que soit leur doctrine
et il est désormais évident que les recruteurs des « qaïdistes » [terme
dérivé d’Al-Qaïda] des Pays du Golfe, de la Turquie et des États-Unis,
utilisent ce que leur commande leur aveuglement doctrinaire pour les
mettre au service de l’entité sioniste, moyennant fatwas et monnaies
sonnantes et trébuchantes.
D’ailleurs, parmi les collabos d’Israël, en Syrie, certains portent
des étendards islamiques ; d’autres, portent des étendards libéraux.
Peut-être que, si Michel Kilo et son redoutable compère, Burhan
Ghalioun, avaient disposé de leur propre milice, nous les aurions vu
lever un étendard mêlant l’étoile rouge et l’étoile de David, sans que
cela ne nous étonne.
Troisièmement :
La Syrie qui se redresse et qui gagne sous la direction du Président
Bachar al-Assad constitue, dans les calculs sionistes, un changement
sérieux et décisif des équations du conflit. Mais, perturber cette voie,
ouvre les portes à d’énormes défis, suite au rassemblement des
résistances régionales en un seul système qui englobe, en particulier,
l’Armée arabe syrienne, les forces populaires syriennes qui la
soutiennent, le Hezbollah, l’Iran dont le rôle de soutien pourrait
tourner à la participation d’unités combattantes. Ceci, alors que
s’annonce la naissance d’une résistance populaire syrienne pour la
libération du plateau du Golan.
C’est dans ce contexte qu’Israël cherche à accélérer son projet de
bande frontalière, en territoire syrien, par tous les moyens. Il
intervient avec toutes ses forces, maintenant que son opération dans le
Golan [Raid israélien sur Quneitra le dimanche 18 Janvier 2015, NdT] lui
a donné un aperçu des changements à venir et des défis qui l’attendent
face à un front uni allant des frontières jordano-syriennes jusque
Naqoura, dans toute guerre future.
Ceci, tandis que la terre palestinienne occupée, depuis 1948,
deviendra un champ de bataille et non exclusivement une arène destinée
aux bombardements israéliens, comme l’a annoncé Sayed Hassan Nasrallah,
disant que « la Résistance ne sera plus tenue par les règles
d’engagement, ni par les frontières, ni par les divisions
territoriales » [9].
La mobilisation du peuple syrien pour empêcher l’établissement de
cette ceinture de collabos, par tous les moyens disponibles, est
désormais une tâche centrale qui nécessite un effort politique et
médiatique exceptionnel, car c’est l’avenir de la Syrie en tant que
citadelle de l’arabité et de la résistance qui est en cause.
Tous les masques sont tombés, et le projet sioniste est à nu, ainsi
que tous ceux de toutes les oppositions futiles qui ruminent des
discours obsolètes et sans valeur, alors que le sud syrien a dévoilé
tous les mensonges colportés dans le seul but d’attiser une guerre
d’agression contre la Syrie, l’état national central de la région
qu’Israël craint de voir renaître et récupérer.
Nasser Kandil
Source : Mondialisation.ca