Voici la suite de ma nouvelle. Enjoy! (vous pouvez lire la première partie par ICI)
Jour 3
Aujourd’hui, je ne suis pas d’humeur. Je suis arrivé en avance à la station et j’ai déjà laissé passer deux métros. J’ai raté mon examen d’entrée à l’école de paysagiste et je vais devoir trouver comment je vais occuper mon année. Je ne sais pas trop si je vais persister dans cette voie ou bien changer d’orientation. Toutes ces questions tournent dans ma tête et me tourmentent. J’aimerai bien pouvoir en parler à quelqu’un. Peut-être à la jeune fille aux yeux couleur de lune ? Je suis sûr qu’elle saurait m’écouter et trouver les mots pour me réconforter. Elle a l’air si attentive, si patiente, si douce. Un nuage de tendresse dans tout ce chaos.
Je suis entrain de broyer mes noires pensées quand elle arrive. Je me demande d’où elle vient tous les soirs à la même heure. Elle doit certainement travailler pas très loin. Sûrement comme secrétaire. En fait, je la verrais bien secrétaire médical. Car pour faire ce métier et rencontrer des gens malades, il faut être calme et attentif aux autres. Et elle a l’air d’avoir ses deux qualités. Je me demande aussi qui sont ses amis, si elle aime la littérature, la musique ou les musées. Je pourrais l’amener voir une exposition, je connais par cœur l’aile égyptienne du musée du Louvre. Je lui expliquerais la mythologie et les cultes égyptiens et lui dévoilerais le mystère des pyramides. Elle serait tellement impressionnée qu’elle finirait par tomber dans mes bras. Et je l’embrasserais…
Ma journée fut d’un soporifique ! Je me suis tellement ennuyée que j’ai eu le temps de regarder deux épisodes de Desperate Housewives. Mon patron n’était pas là et on ne peut pas dire que le téléphone se soit déchaîné. J’ai eu tout le temps de penser à lui, au jeune homme aux couleurs de l’automne. Je me suis imaginée dans ses bras, dans sa vie, dans son lit aussi. Et là, je me suis alors dit que si je voulais que cela devienne réalité, il fallait que je prenne mon courage à deux mains et que j’aille lui parler. Et ce n’est pas gagné. Mais, j’ai élaboré un plan en plusieurs étapes pour une approche en douceur. Ce soir, je m’assois près de lui. Demain, je m’assois près de lui et j’essaye d’établir un contact visuel. Et après demain, je lui dis bonjour. Et voilà le tour est joué, je le séduis en moins de trois jours. Enfin, séduire c’est un bien grand mot, on va dire plutôt faire connaissance.
A l’heure habituelle, je sors du boulot et je me motive mentalement. No stress. Je vais y arriver. Enfin, c’est ce que je pensais jusqu’à ce que j’arrive sur le quai et que je le vois en chair et en os. Mes belles résolutions s’envolent, mes jambes flageolent et j’en perds tous mes moyens. Et puis, je ne sais pas, il n’a pas l’air bien ce soir. Un petit nuage noir s’est dessiné au dessus de sa tête. Il a l’air si taciturne et tourmenté. Je sens bien qu’il y a quelque chose qui le tracasse. Viens m’en parlez si tu veux, je serais toujours là pour t’écouter. Si seulement je pouvais lui dire ça.
Jour 4
Ma mère est venue me voir sur mon lieu de travail aujourd’hui comme cela arrive tous les six mois. Ce n’est jamais bon signe. Elle avait besoin d’argent et je lui ai donné tout ce qui me restait et même plus. Elle a pleuré, m’a supplié. Elle a baragouiné les mêmes phrases que j’entends à chaque fois « je te rembourserais », « c’est la dernière fois ». Elle sait très bien que je ne peux pas résister à ses larmes. Et maintenant, je n’ai plus un sous et je ne sais pas comment je vais faire pour tenir jusqu’à ma prochaine paie la semaine prochaine.
Si seulement, j’avais des amis. Si seulement, j’avais un ami. Un beau brun aux couleurs d’automne par exemple. Peut-être qu’il aurait une solution à mon problème ? Peut-être saurait-il m’écouter et m’épauler ? Si seulement, j’arrivais à lui parler. Il faut que je trouve le courage d’aller le voir et de lui dire que je suis folle de lui. Enfin lui dire simplement bonjour se serait déjà pas mal ou juste de m’asseoir à côté de lui, pour sentir sa présence au près de moi. Si j’y arrive, j’aurais fait un grand pas.
Je suis encore arrivé en avance. J’aime bien me préparer à son arrivée et guetter ses pas dans l’escalier. Je reconnais son allure, j’hume son parfum sucré dont l’effluve m’enivre juste avant qu’elle n’apparaisse devant moi. J’aime ce rituel qui rend l’attente encore plus excitante. Et la voilà, toujours aussi belle et toujours aussi fragile. Une apparition.
Alors que je pensais la voir s’installer sur son siège habituel, elle marche d’un pas décidé et prend place deux sièges à côté de moi. Mon coeur s’est mis à battre tellement fort dans mes oreilles et dans ma poitrine que je n’ai même pas entendu le métro arrivé. Je la regarde se lever sans bouger, tout en émoi de la voir si près de moi.
J’ai réussi à m’asseoir quasiment à côté de lui mais ça ne sert à rien. A peine quelques secondes de proximité et le métro arrive déjà. Je me lève en espérant qu’il me suivra et que nous serons dans le même wagon. Pour une fois, je prie pour que la rame soit bondée et que je puisse me retrouver serrée contre lui. A sentir son parfum, frôler son corps ou esquisser une caresse du bout des doigts. Je le vois me suivre du regard et mon cœur se met à battre deux fois plus vite, si c’est possible, à l’idée de me retrouver tout près de lui. Mais, à ma grande surprise, il ne bouge pas, il reste désespérément collé à sa chaise. Je le regarde et mes yeux lui crient : Debout ! Lève-toi et suis-moi ! Viens te coller à moi et me serrer dans tes bras !
Je la regarde s’éloigner de sa démarche enfantine et entrer dans la rame. Elle me regarde dans les yeux et j’ai l’impression qu’elle me parle en silence. Le temps s’est arrêté et plus rien ne bouge autour de nous. C’est l’alarme de fermeture des portes qui me ramène à la réalité. Le temps que je me remette de mes émotions, il est déjà trop tard, les portes se referment, le métro démarre et elle s’en va loin de moi.
La suite la semaine prochaine